(Par ce texte, je réponds à une commande que tu m'as faite, Anne-So, en réponse à ce billet J'aimerais t'entendre. Si vous aimeriez m'entendre sur un sujet, n'hésitez pas à m'en faire la demande. Tu me demandes aussi de parler de l'intimité. J'ai l'impression ne faire que cela. Mais j'ai aussi écrit un livre sur le sujet, un livre commandé et payé par Marie, mon éditrice de Rue Fromentin - et finalement elle ne l'a pas pris. Je l'offre donc (en version PDF) à tous ceux qui m'en font la demande ; si vous le voulez, mon livre Comment vivre avec soi, alias Babalou, n'hésitez pas à me le demander, par mail, je vous l'enverrai avec plaisir !)
Revenir à l'écriture, comme à une ancre, après le show d'hier soir - j'animais, bénédiction des bénédictions, une conférence devant une large audience (40 personnes) à l'asso des Alumni d'HEC, à propos de mon gingko biloba d'Ikigai ; après les errands du matin, mes filles, mon chien, mon homme, les pages, en buvant à petites gorgées mon thé avec la goutte de cannelle (hyyyyper efficace pour tuer le virus dans le ventre et donner une énooooorme patate) (je dilue la cannelle dans une cuiller de miel) ; métaboliser la mauvaise nouvelle de ma copine de bureau, celle pour qui j'ai fabriqué le parfum l'autre soir, qui m'annonce qu'elle quitte la boîte ; elle part pour du meilleur, et sa présence, ses câlins, sa bienveillance, notre compréhension à demi-mots, comme ils vont me manquer !
Petite fille, et adolescente, et adulte jusqu'à 35 ans environ, j'étais victime de crises d'angoisse telle que je songeais très souvent à me jeter du haut d'un pont (j'adore les ponts). Tout plutôt que vivre avec ces sueurs froides, ce resserrement intérieur, ce sentiment d'effondrement. Alors pour supporter de vivre - le suicide n'était pas une option, il y a déjà deux suicidés du côté de ma mère et j'ai vu la peine que ça cause, et puis un fond de moi aime la vie - je me suis mise à inventer des machins et des trucs. Dessiner des princesses, fabriquer des parchemins, inventer des jeux à la con avec mon frère et notre voisin Axel, écrire des poèmes.... J'ai toujours créé pour me consoler, pour faire quelque chose du monde étouffant à l'intérieur de moi.
Je vivais avec mon anxiété comme avec une deuxième peau, jusqu'au jour où ma psy (de l'époque, Catherine Henry-Plessier, un génie, une fantastique sorcière) m'a dit Mais non ! l'anxiété ne fait partie de toi ! Moi, je ne te vois pas du tout anxieuse ! Je lui ai ri au nez mais je lui fais super confiance, alors j'ai commencé à réfléchir. (Le travail avec Catherine HP a porté ses fruits immédiatement par l'apaisement, la tendresse pour moi et les miens notamment mes parents à qui elle m'a aidé à pardonner, le retour à une vie plus joyeuse ; et aussi, dans le long terme, vous allez voir). Bref un beau jour, quelques mois plus tard, elle me dit Notre travail ensemble est terminé, je ne peux plus rien pour toi. J'étais à la fois vexée et reconnaissante de son honnêteté. C'est elle qui m'a encouragée à aller au premier déjeuner de Chine... où j'ai rencontré Anna... qui m'a amenée à Julia... et aux pages du matin.
Et voilà que dans ces pages j'ai pu déposer toute ma tristesse. Ça a pris un an, ou deux. J'avais des années et des années de tristesse à écouler. Mais quand y'en a plus eu... quand j'ai eu tout chougné... au départ ça m'a effrayé de voir toute cette tristesse sur le papier, mais elle avait un fond. Une fin. Et oui, petit à petit j'ai commencé à me sentir moins dépendante des autres, moins anxieuse d'être abandonnée. Quelques mois après Julia, j'ai aussi découvert, via Leo Babauta, le moine Thich Nhat Hahn. Son approche modeste et simple, quotidienne de la méditation, ont immédiatement parlé à mon âme. J'ai essayé plusieurs de ses propositions, et la plupart ont fait tomber mon niveau d'anxiété très très bas. I am arrived... I am home. Quelle beauté ! quelle sagesse ! Quelle vérité ! Plus besoin de courir, plus besoin de m'inquiéter, je suis déjà arrivée et je suffis. Mon amour, mon ami, tu es là et je t'aime. Ta présence me comble. Je suis là pour toi.
Lui, avec Catherine, ont prononcé les mots que j'attendais depuis toujours. Alors, je continue à me les dire. Et je guéris. Même si mes yeux, dans les miroirs, me disent que l'anxiété, un petit fond, est toujours là, tapie. Et je la prends dans mes bras et je l'accueille.
Bonne journée mes chéris-chéries. Ceux, celles qui veulent commencer avec Thich Nath Hahn, j'ai adoré Le miracle de la pleine conscience.
Moi non plus je ne te vois pas anxieuse ; du coup depuis dimanche, je comprends que l’anxiété peut prendre plusieurs formes et engendrer des comportements différents. Pour ma part, il y a peu de tristesse mais beaucoup de peurs. Pour palier à certaines, j’anticipe, je prépare encore et encore, le perfectionnisme me renvoyant mon anxiété... bref le sujet est infini... ah une lueur d’espoir au bout d’un à deux ans de morning pages - pourvu que je m’y tienne cette fois ! - Merci !!!!! Tes mots mis sur ce sujet me touchent particulièrement. Merci
Rédigé par : Gridou | mardi 05 février 2019 à 17:49
Good luck Ingrid. ça vaut le coup. Le jour où j'ai vu que ma tristesse était partie.. quelle surprise. Quelle joie. Et l'anxiété, je m'en suis aperçue un autre jour, à un Bootcamp, alors que je parlais des pages du matin, j'ai pensé, Ah tiens, je ne suis plus si anxieuse ! Tu sais, c'était comme la fin d'une relation, on pense un peu à l'autre, mais il ne prend plus toute la place comme précédemment.
Rédigé par : Christie | mardi 05 février 2019 à 18:19
Oulala je me reconnais dans l'anxieuse à qui on dit "on dirait pas que tu es anxieuse" alors que je crève d'angoisse. Je sors tout juste d'un gros épisode d'angoisse d'un niveau assez inédit. J'ai toujours eu des soucis d'adaptation (le 1er trimestre à l'école, un nouveau boulot, un déménagement). Je crois que cette fois c'est en partie la meditation qui m'en a sorti).
Pour les pages du matin, il faudrait que Je m'y remette. Je l'ai fait pendant 3 mois tous les matins en 2011 je crois (suite à votre témoignage enthousiaste ici) avant d'arrêter pendant des vacances en itinérance où je trouvais ça assez incompatible. Le + : ça m'avait réconcilié avec moi même sur le fait que je pouvais avoir de la persévérance et de la volonté quand je voulais (le réveil tous les matins 1/2h en avance). Le - : l'impression de rabâcher et de chougner tout le temps.
En tout cas merci encore pour ce blog depuis toutes ces années (je ne commente pas souvent !)
Rédigé par : Marion | mardi 05 février 2019 à 22:16
ah ben oui c'est vrai ça se répète les pages du matin ! moi aussi ça m'énerve. Et... faut pas chercher, si ça se répète c'est sans doute qu'il y a quelque chose (mais quoi ? la réponse viendra en son temps) à faire. Les pages du matin sont un appel à l'action, l'action à votre rythme. Merci Marion pour votre fidélité et votre petit mot, ça me fait super plaisir !
Rédigé par : Christie | mercredi 06 février 2019 à 10:38
Oh que ça me parle ! Je suis plus nerveuse qu'anxieuse. Quoique... Je dis en tout cas beaucoup trop "Je n'y arrive pas", "Je ne vais pas y arriver", alors la fin de ton texte me touche et m'inspire.
Te savoir si anxieuse m'aurait beaucoup inquiétée pour toi - mais je suis heureuse et sereine de savoir que tu as trouvé de bons outils pour t'aider. Et grâce à toi (et Julia, via Anna, Chine et Catherine ;-)), moi aussi, je me soutiens des pages du matin et de la méditation.
Merci, Christie ! Heureuse d'être passée là pour la douceur et l'inspiration avant de "retourner bosser"... (sans bouger d'un pouce !!)
Pensée pour Anne-So et tous/tes les anxieux/ses.
Bisous de Lyon tout gris,
AL
Rédigé par : Anne-Liesse | jeudi 07 février 2019 à 17:47
Ici il faisait beauuuu ! et j'ai mes nouvelles bottes ! et une angine..... gros baisers de loin. Et merci les pages.... et les copines....
Rédigé par : Christie | jeudi 07 février 2019 à 18:03