On me demande Pourquoi tu ne pars pas en avril mai juin juillet août septembre octobre ?
Je pars marcher en février, et parfois en mars, et parfois fin janvier, parce que c'est l'époque de l'année, souvent, où je ne vois rien. C'est ce moment où je suis encombrée, obstruée, ennivernée, que j'ai besoin de voir les premiers signes d'une renaissance. (Bon, et puis je n'aime pas avoir trop chaud).
Partir marcher quelques jours est une expérience qui se rapproche, pas dans sa nature mais dans sa fonction, de la semaine sans lire (et sans séries et sans podcasts) : j'enlève pour voir ce qui surgit, je regarde et peux voir ce qui est nécessaire.
Pendant la semaine sans lire, j'ai fabriqué une flopée de savons et repris la guitare, et j'en ai encore le goût à présent.
Pendant ma petite aventure, c'est autre chose. En partant dans l'inconnu, j'ai retrouvé confiance dans mes capacités : à m'orienter, à me porter et me supporter, à rencontrer, à me protéger, à me mettre en relation. J'ai aussi été en contact très fort avec la nature qui renait. L'eau partout, dans les fleuves (la Loire), les rivières (le Cher, l'Allier aussi je crois bien), les canaux (le canal du Berry notamment) et les ruisseaux, les fossés remplis d'eau, les flaques, les mini ruisseaux de chemin, les champs inondés. Les fleurs, coucous, perce neiges, violettes.
Et les animaux, un festival d'animaux, chevaux, chiens, chats courant dans les prés, moutons et agneaux, des oies, des poules ; j'ai vu aussi au loin deux ânes du Berry (noirs) et deux biches sauter par dessus les haies... Et des oiseaux, des milliers d'oiseaux, et la présence des batraciens dans les fameuses mares, flaques, eaux des fossés.
Chargée de tout cela, emplie de ces visions fraiches, me revoilà. Et hier je retrouve un vieux fichier Excel, mon carnet des petits bonheurs dans lequel je notais tous les feedbacks qui me faisaient du bien. Commencé en 2009 par un mot de ma grand-mère, Tu es douée en affection, la dernière entrée était de 2014, Je rends grâce que tu existes. Puis j'ai copié collé ce que tu m'as écrit, Emmanuelle.
Imprimer et relire ces mots que l'on m'a dits et que j'ai choisis de garder, agit sur moi comme une carte géographique : ces mots me montrent la direction à prendre, me disent Voilà ce qu'il faut que tu fasses. Me le disent très clairement. A présent, non seulement je vois à quoi je suis appelée, mais je sais dans quel ordre prendre les choses ; et j'ai retrouvé une conviction nouvelle. Mais l'aurais-je vue cette direction, l'aurais-je retrouvé cet élan, si je ne m'étais pas allégée, éloignée, et emplie pendant ce début de février d'hiver qui décline, de printemps qui renait ?
Hello Ma Christie, si tu recommences à acheter des livres (c'est une copine qui l'a écrit donc je ne te prête pas le mien, il faut que tu lui achètes un exemplaire tout neuf), tu peux lire "la vie dans les bois", de Jennifer Murzeau.
Citadine assumée, Jennifer Murzeau est partie vivre une semaine dans les bois, sans eau ni nourriture, pour renouer avec la nature.
" La crise écologique est aujourd'hui au cœur de nos préoccupations. Mais nous échouons à en prendre la pleine mesure, à la ressentir. Car nos modes de vie n'ont jamais été aussi déconnectés de la nature.
Alors, j'ai décidé de partir plusieurs jours m'immerger en son sein avec un hamac, un couteau et François, un guide de survie.
J'ai descendu la Charente en canoë et dormi sur ses rives. J'ai appris à faire du feu avec du bois humide, à me nourrir de plantes bouillies, j'ai renoncé à tuer un ragondin, j'ai vécu au rythme lent de la vie sauvage. Puis, j'ai poursuivi l'aventure, seule, dans les Pyrénées, où j'ai découvert l'immensité et la peur, connu l'orage, la beauté... et l'humilité. J'en suis revenue avec une seule envie : repartir. " J. M.
Rédigé par : vio | mercredi 12 février 2020 à 14:24
Coucou Vio ! Hmm, j'ai recommencé il y a 6 mois / j'ai tenu 6 mois.
Merci pour la reco, ça a l'air génial l'expérience de ton amie...
Le livre auquel moi j'ai pensé en marchant et que j'ai envie de lire à présent, évidemment c'est un qu'on n'a pas de lui, c'est Sur les chemins noirs, de Sylvain Tesson...
Rédigé par : Christie | mercredi 12 février 2020 à 17:49
Quelle jolie analyse! S 'alléger pour mieux se trouver, la présence de l'eau, du vert merci Christie
Rédigé par : Sylvie | mercredi 12 février 2020 à 19:54
Ah c'est magnifique les Chemins Noirs ! tu vas te régaler :) je t'embrasse
Rédigé par : vio | jeudi 13 février 2020 à 09:51