Enfant, j'étais très attachée à Xavier, le petit frère chéri de ma mère (son frère 6 ans plus jeune qu'elle, 19 ans plus vieux que moi). Nous le voyions rarement, par exemple à Noël ou pour des sorties culturelles qu'il organisait pour mes cousines et pour moi. Une fois il voulait nous emmener au Louvre et au salon de thé Angelina. J'avais dans les 8 ans. J'ai attendu cette sortie avec impatience, je comptais les jours, je me suis faite le plus belle possible. Et le jour venu y'avait en plus de Xavier et moi, mes deux cousines. Et on n'avait que deux heures. Et tout du long j'ai voulu accaparer son attention, je lui ai posé des questions sur sa fiancée du moment, qui n'était pas la même que sa fiancée de 6 mois auparavant. Bref le contact ne s'est pas créé, Xavier s'est tourné vers mes cousines, j'ai fini par bouder tout le reste de l'après-midi. Quand Maman m'a récupérée j'étais fort triste, fort dépitée et j'ai déclaré que je faisais une croix sur Xavier. Sur mon affection pour Xavier.
33 ans plus tard. C'est la 7ème année nous venons chaque été à Keroyan. Nous louons la maison voisine de Xavier et Clara. Plus que voisine, mitoyenne. Chaque jour on se passe les carottes, les pâtes, le moule à cake, on prend l'apéro, on boit leur café pas bon, on va à la plage, on échange des idées de lecture, on se fait marrer, ils nous prêtent des vélos. La première année, l'été 2014, j'ai été agressive avec Xavier. Et puis. Nous nous sommes réapprivoisés. 33 ans plus tard, je m'aperçois que dans mes relations, j'ai besoin de temps. De temps pour qu'elles se développent, pour que la confiance naisse, pour être bien certaine que derrière la taquinerie se cachent respect et affection. Donc mon Xavier, oui, je le chambre, mais quelle joie, quelle joie de le trouver enfin, de me laisser rencontrer, et de donner du temps à notre histoire d'oncle et de nièce qui s'aiment.
Et je termine pas cette phrase de Montaigne, que j'ai déjà citée plusieurs fois ici et que j'aime tellement. "Qui me demanderait la première partie en l’amour, je répondrais que c’est savoir prendre le temps; la seconde de même et encore la tierce: c’est un point qui peut tout.»
Bonne journée, ma chérie-chéri !
(Photo prise hier par Clara, en descendant à la plage de Baluden avec son ombrelle).
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