Aah
Des gouttes salées
Ont déchiré,
L'étrange pâleur d'un secret.
Aah
Pourquoi ces mots
Si forts, si chauds
Qu'ils gémissaient sur ta peau
Te font l'effet d'un couteau
Et tu recherches dans le vague,
Une ombre,
Un sourire qui soulage.
Une voix sans image.
Un refrain qui voudrait crier
Toute première fois
Toute toute première fois
D'un côté, il y a la chanson de Jeanne Mas, avec son extraordinaire montée en puissance, les mots et les rythme et sa respiration qui font ressentir le trouble et la sueur.
De l'autre côté, il y a moi qui m'engueule avec mon pote B. pour une sombre histoire que je ne veux pas l'attendre 5 minutes de plus avant un déjeuner. 5 minutes refusées parce que j'avais envie de rentrer pour écrire, 5 minutes qui s'ajoutent à plusieurs années d'incompréhension. Je me dis que je m'en fous de notre brouille, pourtant je rêve de lui une nuit sur deux.
Notre besoin de drama est impossible à combler - mais avec "la maturité", "les années", les disputes qui auraient pu être évitées avec un silence ou un peu de patience, ou avec la sagesse de peser ce qui vraiment est le plus important à mes yeux. Avec la maturité je comprends que ce drama, je n'en veux pas dans ma vie, car il peut casser ou abimer non seulement des amitiés patiemment construites, mais aussi les liens avec d'autres personnes qui ne partiront pas de moi, comme mes parents ou mes enfants. Ils ne partiront pas mais s'éloigneront, notre confiance sera ébréchée.
Je n'en veux pas... et une partie de moi appelle ce drame, comme la peau de Jeanne Mas appelle la main de l'homme désiré dans son extraordinaire Toute première fois. Ma partie crocodile a besoin que je lui donne des petits poussins vivants à croquer tout crus. Que faire, hmm, comment nourrir ce monstre mi-crocodile mi-femme qui habite au fond de ma taverne et qui réclame son dû de poussins et aussi d'enfants juteux, oui comme le loup d'hier dans Guillou et le loup, et il ne se contente pas du 2ème choix sinon il sort et dévore tout sur son passage.
Hé bien. Ce crocrodile. Je pourrais lui donner à manger. Des drames. Dans mes histoires. Tu veux du cul ? voilà du cul. Tu veux des morts ? mange tes morts. Tu veux de la jalousie et de l'impatience et des mots cruels ? tiens, en voilà. A foison. Autant que tu en voudras. Je pense à "mon" John Irving, qui fait mourir mes personnages préférés d'un instant à l'autre dans ses romans. Ou à GG Martin, qui fait mourir... mes personnages préférés et détestés (mais lui parfois on le voit venir) dans sa saga Games of Thrones. A chaque fois je pense How dare they ? Et à chaque fois je pense que toutes ces saloperies qui arrivent à leurs personnages, ce sont peut-être des saloperies en moins qu'ils font subir à leurs aimés. Et puis, je vois aussi que ça fait avancer l'histoire.
Alors voilà. Le plan, c'est d'être plus douce dans ma vie personnelle, et de mettre toute cette cruauté et compagnie inutilisée, dans mes textes, dans mes dessins, là où elle ne fera pas de mal aux autres mais tu sais, comme un massage bien senti sur une épaule douloureuse, It will hurt good.
Y'a encore du boulot.
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