En ce moment, depuis plusieurs mois, je n'ai pas de nouvelles de mon éditeur (mon éditrice). Je pourrais en demander, en redemander... et je vais le faire.
En tout cas, le fait de ne pas être en lien me rend les choses un peu difficiles pour continuer le projet de livre qui m'enthousiasmait tant en juin et juillet. Nous parlions hier de gratuité - je me suis habituée à être payée pour écrire, et c'est une bonne habitude, mais pas uniquement car ce projet qui me tient à coeur, je voudrais l'écrire quand même, je veux dire, l'écrire qu'il y ait de l'argent à la clé ou pas. L'écrire et BIEN l'écrire, c'est-à-dire, pas parfaitement mais avec tous les détails nécessaires à la compréhension et au plaisir.
Je me souviens de la première fois qu'un éditeur m'a dit oui pour un livre. C'était d'ailleurs la même maison, mais cette fois-ci j'ai eu affaire à Serge, le patron (qui a vendu la maison depuis, à un gros groupe). J'aidais à l'époque un jeune manager à écrire son livre, c'était mon premier client dans la partie et nous étions lui et moi très investis dans cette mission, écrire le meilleur livre possible pour aider d'autres managers à recruter et motiver ses collaborateurs (c'est devenu le titre du livre).
J. mon client et moi avions fait la tournée des popotes, des éditeurs de management parisiens, tous nous avaient dit non sauf lui, Serge, qui avait dit peut-être. Lorsque finalement il m'avait rappelée pour me dire que son peut-être était finalement un non, j'ai explosé et lui ai répondu Ah mais c'est pas possible. Il n'y a plus que vous. Vous devez prendre notre livre.
L'audace de la jeunesse, ouais, j'avais 26 ans. Ben il a ri, le Serge, et il a dit J'aime votre audace. OK. Je le prends.
J. et moi avons sabré le champagne. Ce moment, le oui de Serge, a été le moment le plus heureux de l'écriture de ce livre.
Et depuis, le OUI de chaque éditeur, pour chacun de mes livres, est le moment le plus heureux pour moi. Ce oui me dit Ton livre (ou ton projet) a une maison. Il va sortir dans le monde. Il est voulu par toi et pas uniquement par toi - il est voulu par nous aussi. Je me sens, tu vois, comme si l'ovule que je portais était fécondé. Je suis la mère du petit, et voilà que je viens de trouver un père - et ensemble nous allons porter l'enfant livre dans le monde.
Et donc c'est cette annonce, ce oui, cette possibilité qui s'incarne, qui me rend le plus heureuse - bien plus que lorsque je reçois le livre dans mes bras pour la première fois. La promesse me rend alors plus heureuse que la concrétisation. (Et c'est là, ma lectrice chérie, que l'analogie avec la grossesse s'arrête. Parce que rencontrer son enfant de chair pour la première fois... y'a pas grand chose de plus fort !!)
Mais lorsque l'éditeur me dit oui alors j'ai une date de sortie. Alors, j'ai un cadre qui se définit, la table des matières bon elle ne se fige pas mais elle se stabilise ; éventuellement (ce n'était pas vrai cette fois-ci ni les suivantes, mais les dernières années oui) j'ai une somme à mettre en regard, un à-valoir que me donne la maison d'édition et sur laquelle je peux compter. Oui voilà, mon projet ne dépend plus que de mes seules ailes, de mon seul désir, mais il est à la fois encadré et attendu, bref il prend de la charpente. Et alors ainsi j'écris comme une flêche. Les difficultés s'aplanissent. Le doute, s'il reste un doute, est un doute sur le comment je fais, quel détail je mets, etc etc mais pas sur le si, est-ce que mon petit va exister ?
Et en vra,i il arrive des fois où le livre commandé n'est pas finalement publié, ça m'est arrivé une fois. Mais le livre était écrit. Et j'ai bien compris les raisons (économiques) qui ont conduit l'éditeur à finalement ne pas prendre le risque d'éditer le manuscrit. Le livre était écrit - j'avais eu la joie de l'écrire, de l'écrire et de le polir de mon mieux, aidée par une structure, aidée par la foi que le monde l'attendait à l'autre bout de mon tunnel de création (et de fait, même s'il n'a pas été édité, il m'a été payé, et j'ai eu la joie de l'envoyer à certaines d'entre vous, d'ailleurs si vous le voulez c'est mon petit Babalou Comment vivre avec soi, je peux vous envoyer le manuscrit par e-mail).
Tout ça pour dire qu'aujourd'hui, je ne n'ai pas encore de berceau ni de papa pour le petit qui demande à naître. Et c'est à moi de décider si j'y vais seule, ou si j'attends d'être accompagnée.
Et je vais y aller parce que, argent ou pas argent, mendiante ou pas mendiante, qu'ai-je à faire de mieux sur cette terre, qu'écrire ?
Bonne journée, ma chérie-chéri !
Et bien voilà : en route !
Et à bientôt...
Rédigé par : Marie-Valérie | mercredi 14 octobre 2020 à 19:37
J'aime ta conclusion :-)
Rédigé par : Milky/Bree | jeudi 15 octobre 2020 à 10:50
Héééé ! faut être réaliste !!
Merci Marie-Valérie pour vos encouragements !
Rédigé par : Christie | jeudi 15 octobre 2020 à 10:54