Je vois autour de moi, des jeunes filles de 15 ans, et de 16 ans, et de 17 ans, confrontées à leurs choix d'études et de future carrière.
Et ces jeunes filles, l'une d'entre elles je la connais vraiment bien, enfin, j'en suis très proche puisque nous vivons ensemble depuis un paquet d'années et qu'on se parle beaucoup, et qu'on se regarde vivre, et qu'on s'agace, et qu'on se fait confiance, cette jeune fille particulière donc je la vois lovée sur le canapé, autour du chien, heureusement qu'il est là lui, je la sens pétrie d'anxiété et de peur de l'avenir et submergée par tout ce qu'elle a besoin de faire, rien que cette semaine où supposément elle est en vacances, tout le travail pour l'école qui l'attend et qu'elle a peur de ne pas réussir à accomplir.
En m'asseyant près d'elle, en lui caressant les cheveux, en captant avec ma main et mes yeux et mon coeur, et ma mémoire, une partie de son anxiété, je me souviens d'une autre jeune fille, qui avait 16 ans elle aussi et qui désirait mourir tellement la vague devant elle paraissait haute, oh oui la mort semblait plus simple que d'affronter cette vague, juste en finir plutôt qu'être emportée par les remous de la vague et du courant, plutôt que cette solitude face à la vague.
Blottie sur le canapé, contre son père, elle s'était confiée à cet homme stable et confiant, et il avait eu ces mots surprenants : A ton âge, j'étais très anxieux moi aussi. Et puis tu vois, avec le temps, et avec l'action, je me suis tranquillisé. Tu vas voir, ça s'arrange.
Ces paroles lui avaient fait bien, et pourtant, elle ne l'avait pas cru. Comment un homme aussi calme avait pu rencontrer, traverser, revenir des affres dont elle souffrait aujourd'hui ? Ni sur le fait que pour elle, les choses allaient s'arranger.
Elle aurait dû, pourtant, le croire.
It gets better.
Aujourd'hui, assise sur le canapé contre cette belle, drôle, douée jeune fille, je pense aux paroles de ce père de chair et de sang, et aux paroles de cet autre père, ce père spirituel, le moine Thich Nath Hahn. Il dit aux adolescents "Ne vous suicidez pas. Quel dommage d'apporter une solution définitive à nos gouffres émotionnels, qui passent." (Je cite de mémoire, c'est moche. Il a écrit aussi "Because you are alive, everything is possible" et "No death, no fear" ).
Bonne journée, ma chérie-chéri.
Ce qui m'aide parfois quand je me sens au fond du trou, c'est ce poème transmis par une amie à une période très douloureuse de ma vie. For Don M. – Banned
It is a dry white season
dark leaves don’t last, their brief lives dry out
and with a broken heart they dive down gently headed for the earth,
not even bleeding.
it is a dry white season brother,
only the trees know the pain as they stand still erect
dry like steel, their branches dry like wire
indeed it is a dry white season
but seasons come to pass.”
For Don M. – Banned is a poem by South African writer, Mongane Wally Serote. The poem was written in response to the ‘banning’ of fellow poet, Don Mattera. Mattera was ‘banned’ by the South African apartheid government between 1973 and 1982, which meant that he was not permitted to appear or speak at public functions, and was restricted to certain places.
Rédigé par : Emilie | jeudi 25 février 2021 à 17:00
c'est beau ce texte... merci Emilie ! Je me demande s'il n'a pas inspiré le titre de ce livre que j'avais adoré, Une saison blanche et sèche, d'André Brinks..
Rédigé par : Christie | lundi 01 mars 2021 à 16:25
ah ben si ! https://en.wikipedia.org/wiki/A_Dry_White_Season_(novel)
Rédigé par : Christie | lundi 01 mars 2021 à 16:27
Oui, tu as raison, il est bien à l'origine du titre de ce roman ! Contente qu'il t'ait touchée. Les poèmes se transmettent et parfois nous mettent un peu de baume au coeur. Des bises !
Rédigé par : Emilie | mardi 02 mars 2021 à 14:13