Bonjour ma chérie-chéri,
Je t’écris, les jambes étendues sur mon lit, Hush abandonné contre ma cuisse droite.
Depuis notre emménagement à Malakoff en mars 2014, il y a plusieurs lumières dans ma ville. La paroisse. Mon cours de yoga. La boulangerie au bout de la rue et Fanny, « ma boulangère ». Elle m’accueille depuis 9 ans, un matin sur deux, avec son sourire son petit mot sympa et sa baguette chaude. Ou le far aux pruneaux. Ou le pain Baltik qu’aiment mes filles. Ou le pain au chocolat et aux amandes.
Je viens pour le pain mais aussi pour Fanny.
Fanny m’a annoncé il y a un mois qu’elle et son mari avaient vendu la boulangerie. Avec la covid puis le télétravail puis la hausse du prix des matières premières et cet hiver, de l'énergie... C'est devenu trop dur.
Jeudi, c’était leur dernière journée.
Aujourd’hui, en passant de l’autre côté du trottoir, j’ai vu une silhouette inconnue dans « ma boulangerie ». Brune, élancée, queue de cheval, alors que Fanny est blonde, cheveux courts, elle a mon âge. La disposition des pains et viennoiseries a changé. Leur nature aussi, probablement.
Où vais-je aller acheter mon pain à présent ?
J’ai envie de donner leur chance aux nouveaux arrivants. On ne peut pas acheter son pain dans les boulangeries bonnes à perpete, ou au supermarché - en tout cas pas trop souvent ; on a besoin de boulangers au coin de la rue ! Et je pressens, enfin, je sais, ce ne sera pas le pain ni l’accueil de Fanny et Dominique.
Après 22 ans à faire du pain et à tenir leur boulangerie, comment vont-ils employer leurs journées de liberté ? Sans doute ont-ils eu le temps d’y penser !
Une lumière s’est éteinte dans ma vie.
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