Hier autour de 17 heures, j'étais au téléphone avec mon ami, puis l'une de mes clientes, tous les deux à l'autre bout du monde, enfin, eux deux qui ne se connaissent pas, à un bout, et à moi, à un autre bout.
Je marchais dans la rue, le 13ème, puis le 14ème arrondissement de Paris, tandis que je m'ouvrais à mon ami de ma propre tristesse, puis tandis que ma cliente s'ouvrait à moi de ses douleurs et de leurs répercussions.
Au même moment que les paroles de difficulté de vivre sortaient de ma bouche, entraient dans mes oreilles, tout en transitant par mon coeur, je marchais dans des rues ensoleillées, des rues que pour la plupart je foulais pour la première fois. (J'avais décidé de ne pas emprunter mes circuits habituels, "naturels" ; j'avais décidé de me dénaturer, de me déconforter. Bien m'en a pris). Je longeais des maisons somptueuses, des cours adorables, devinais derrière les grilles, des allées allèchantes. Cette marche était belle et charmante, inédite, enthousiasmante. La tristesse et la douleur étaient toujours présentes, et elles étaient à leur manière éclairées par la lueur du soleil ; la surprise de ces rues inconnues et tellement jolies ; le charme des courbes des rues ; l'inventivité des maisons et des immeubles ; et l'être ensemble, chacun tenant son bout de l'écharpe, d'un bout à l'autre du monde.
J'ai toujours été surprise d'observer que les périodes de tristesse sont zébrées de joies - joies multiples surprenantes protéiformes et d'autant plus remarquables qu'elles surgissent en terrain douloureux.
Ces zèbrures me chantonnent, Y'a d'l'espoir ma cocotte, y'a d'l'espoir !
Bonjour Christie, ce que tu racontes me fait aussitôt penser au moment où mon père est mort. Ma mère, mes sœurs et moi nous sommes aussitôt rassemblées. Autour de ma mère d'abord, qui perdait son amour, et autour de nous ses filles aussi bien sûr. Quand je repense à cette période, je me rappelle de l'immense tristesse de la perte, mais il me semble que nous y avons également gagné quelque chose : la preuve que malgré les tensions et les chamailleries, quand ça chauffait, on était là les unes pour les autres, de manière évidente et tellement réconfortante. Cette période m'évoque donc aussi quelque chose de très doux.
Savoir repérer et savourer ces zèbrures de joie comme tu dis, c'est sans doute un des secrets du bonheur. Merci pour tes jolis textes.
Rédigé par : Emilie | mercredi 31 janvier 2024 à 13:11
ooh Emilie, quel souvenir poignant.. j'ai de mon côté la chance d'être si bien lue et d'entrer en résonance avec toi.
Rédigé par : Christie | mercredi 31 janvier 2024 à 16:54
Une petite histoire de zébrure ici aussi, journée gris tristesse, ton post lu ce matin encore ouvert sur mon bureau, je me demande alors?! Où est-elle cette zébrure? je pars me faire une infusion thym de Kalymnos, miel-citron me sommant de trouver de quoi addresser ma peine. Retour à mon bureau armée d'une infusion et de bonne volonté (mais toujours choin choin) et sur le slack de l'école y'a un petit message d'un camarade qui dit qu'il a aimé travailler avec moi <3 Petit coup de pinceau fin coloré-saturé-orange doré sur la page grisouille grisouille
Rédigé par : Louise | mercredi 31 janvier 2024 à 20:31
Bravo Louise ! C'est fou comme quand on cherche... on finit par trouver. la lumière ici, pas si mal en fait même si on'est pas en Provence, aide beaucoup - chaque journée a son moment de soleil...
Rédigé par : Christie | jeudi 01 février 2024 à 15:31