Bonjour ma chérie-chéri,
à ruminer cette histoire de réparer mes habits, nos habits familiaux (et parfois ceux de mes amis quand on est en vacances !), je me rappelle tout d'un coup que Grand-Maman, la maman de Maman, est morte à 88 ans, quasi l'aiguille au doigt. Disons que l'avant veille de son hospitalisation, elle était encore au "vestiaire" de sa paroisse, en train de réparer des habits donnés par les paroissiens en vue de les vendre pas cher ou de les donner à des personnes qui en avaient besoin.
Je ne pensais pas que Grand-Maman allait mourir cette fois-là non plus - nous étions tellement coutumiers de ses hospitalisations, elle avait les artères en mauvais état, enfin j'ai un peu oublié pourquoi elle était si souvent hospitalisée mais elle revenait toujours chez elle, à petits pas, dans son appartement de la rue des Bourdonnais, à Versailles, l'appartement au parquet qui craque, qu'elle a habité avec mon grand-père puis toute seule pendant près de 19 ans. Fragile pour fragile, elle avait malgré tout envie et besoin d'être utile et elle a participé comme bibliothécaire pour tous jusqu'à ses 86 ans je crois, et au vestiaire de sa paroisse ben jusqu'à la fin.
A considérer cette partie de son parcours, je suis impressionnée par le déterminisme du mien. Moi qui lis tout le temps et adore recommander des livres. Moi qui répare sans relâche, en ce moment mais j'ai commencé depuis au moins 2009, et ai décidé de mourir si je le peux, l'aiguille au doigt. J'aime cette idée d'être utile jusqu'au bout, en faisant quelque chose que j'aime.
A quel point est-on libre ? A quel point je choisis ce qui m'arrive, ce que j'aime ?
Est-ce important ?
Ma chérie-chéri, je te souhaite une superbelle journée !
Grand-Mam n'aimait pas les chiens - ça c'est un atavisme qui me vient du côté de Papa. Nico a pris cette photo vendredi soir, à Coutarnoux.
Le portrait que vous faites de votre grand-mère est touchant. En filigrane, je voyais celui de ma mère, dévouée à broder des tabliers, serviettes et autres pour les ventes du Secours catholique au marché de noël de sa commune. Elle est encore "jeune" (75 ans) mais ce serait beau effectivement que sa dernière occupation dans sa vie bien remplie soit dévolue à ses travaux d'aiguille, et, si possible, chez elle, dans son fauteuil près de la fenêtre du jardin.
Quant à moi, je n'ai pas son habileté ou la vôtre à tirer l'aiguille mais je me suis prise à aimer aussi ravauder des vêtements pendant le confinement. Cela apaise et on a le sentiment de davantage respecter vos vêtements et, par-delà, respecter aussi les petites mains qui ont œuvré derrière une machine pour un salaire modeste, voire minable, à les fabriquer à une cadence folle.
Rédigé par : nathalie | mardi 06 février 2024 à 20:57
Coucou Nathalie, ce qui est beau c'est que chaque famille (et personne) a sa propre perspective et motivation, par rapport à cette activité de ravaudage.. Quant à l'habileté, elle est venue en pratiquant et en me formant. Et encore, je me trouve encore un peu grossière et pas très diversifée dans les formes que j'utilise. Mais bon, je fais ce qui me vient et de temps en temps j'ai envie et besoin d'innover et de faire différement.
Rédigé par : Christie | mercredi 07 février 2024 à 13:10