Coucou ma chérie-chéri,
je suis en train d'écrire (mon carnet du moment) dans un carnet midori, 10 cm par 21 approximativement - le papier est doux et ne transperce pas, la taille est parfaite, il reste ouvert, je l'adore. Certains diaristes ou carnetistes ont opté pour un seul type de carnet, ça fait joli sur les étagères, un Moleskine ou un Midori ou le premier qui leur a convenu ; de mon côté, j'ai caressé cette option mais j'aime trop explorer aussi en matière de papeterie et pouvoir craquer sur un carnet lorsque je me balade. Donc : diversité - mais beau papier, belle couverture, solidité, taille de petite à moyenne pour le carnet que je trimballe partout avec moi, pendant deux à 4 mois. Ce Midori je l'ai commencé le 23 février, et j'écris et dessine dedans tous les jours, quand j'assiste à une conférence qui me passionne je prends force notes, je prends même des notes à la messe, et dans les podcasts que j'écoute, et dans les livres que je lis. J'y écris mes "j'aimerais", mes "je pourrais" - j'aimerais reprendre la course ! je pourrais aller à la piscine en fin d’après midi !
C'est là aussi que je demande "de la guidance", Dear God, what do you think that I should do about X ?
Et les pages se remplissent et se remplissent et j'arrive au bout de même pas deux mois aux deux tiers de mon superbe carnet. La tentation est de ralentir, je n'ai pas envie d'arriver au bout de ces pages blanches !
Et puis je suis retournée à la librairie de Malakoff où j'ai acheté plusieurs de mes carnets adorés - la plupart de marques que je ne connaissais pas, d'où l'intérêt de ne pas avoir "un carnet type". J'y ai retrouvé mon carnet en tartan que j'ai eu de novembre à février - mais j'ai choisi une autre marque, un carnet à la couverture fleurie. Et maintenant je suis tranquille, je peux noircir et colorer les pages de mon carnet du moment sans crainte d'en venir à bout - j'ai un beau carnet et appétissant qui m'attend pour la suite.
Cette attitude anecdotique vis-à-vis des carnets, me parle plus largement de mon attitude vis-à-vis de mes projets de coeur. J'ai du mal à envisager leur fin... sauf lorsque je prévois quelque chose qui me plait derrière.
Lorsque j'étais partie au Chili, on m'avait prévenue que les volontaires souvent déprimaient l'année suivant leur retour - tellement l'expérience à San Bernardo avait été forte. Je me suis donc prévue un super stage, suivi de vacances de rêve, suivi d'une option de 3ème année à HEC fabuleuse - pas un gramme de déprime j'ai eu. idem, pour m'aider à terminer le livre que j'écris, j'imagine ensuite des projets qui m'enthousiasment. Et du coup j'ai envie d'y arriver - aux nouveaux projets et donc, à la fin du livre.
Ce que je demande c'est si je ne pourrais pas accepter de rester un peu avec du VIDE.
Ecrire dans mon carnet sans savoir dans quel carnet j'écrirai ensuite.
Ecrire mon livre sans savoir ce que je ferai une fois que je l'aurai rendu.
Cette pensée m'est inconfortable. Je me rends compte que lorsque les filles ont quitté la maison, je n'avais pas le début d'un plan pour remplir ce vide aussi énorme et bon, c'est pas facile tous les jours. C'est pas facile ET peut-être que ça me laisse le temps d'absorber le choc, de regarder comment je vis, comment nous vivons Nico et moi et ce qui m'appelle profondément. Bref, je devrais peut-être accepter ou créer ou laisser advenir ce vide qui me demandera de le remplir de manière juste une fois que le temps sera venu.
Et toi ma chérie-chéri - comment tu supportes le vide ?
coucou Christie
j'ai éprouvé le vide brutal et quasi-total, et comme cela fut angoissant et très perturbant...
Et ce vide quand on le traverse est source d'un nouveau plein (moins plein quantitativement, pour moi), mais cet inconfort, ce grand inconfort, cette chute, comme elle fut vertigineuse...
Je t'embrasse
Rédigé par : Emmanuelle | jeudi 18 avril 2024 à 22:37
Ca me parle. En congés sabbatique pour 6 mois à partir de vendredi prochain. Et tout le monde qui m'incite à remplir, remplir, remplir. Et moi, qui aime tant avoir un programme, j'essaie de lutter un peu contre. Et de me souvenir que justement je voulais du vide, une pause. Alors je cale mon voyage à vélo. Mais pas tout à fait. Je me donne 2 mois pour le faire, je regarde les grandes macro étapes mais je refuse de rentrer dans les détails : tel jour je serai là, je dormirai là...
Rédigé par : Marion | jeudi 18 avril 2024 à 22:48
J'ai plus de mal à supporter le plein que le vide, je crois. Parce que c'est rare que le vide le soit vraiment tant que ça, ou le reste très longtemps ! J'aime le potentiel du vide, qui avive ma curiosité : que va-t-il advenir, quelles nouveautés vont surgir ?
J'aimerais bien te lire, à propos de carnets (et un peu de plein et de vide), sur cette question : lesquels gardes-tu, lesquels jettes-tu ? Est-ce difficile de décider ? Et ceux que tu gardes, les relis-tu vraiment ou bien c'est plus "au cas où" ? As-tu donné des consignes dramatiques à ton entourage genre "si je meurs, brûlez tout" ?
Rédigé par : Milky/Bree | vendredi 19 avril 2024 à 09:38
Le vide est sous quoté. J'ai cherché il y a qq temps des articles sur tout ce que permet le vide, pas trouvé de grand chose (ou mal cherché) alors je m'étais fait un mind mapping. Moi qui ai les placards pleins et souvent plusieurs projets, je me suis vue changer au cours des années par rapport à cette peur du vide, finalement si créateur si tant est que je m'autorise à le laisser advenir. L'expérience du jeûne a été intéressante dans ce cheminement, et puis aussi m'observer me sentir tendue et oppressée et juste couper le bruit que je mettais volontairement, ou plutôt automatiquement (musique, vidéos, podcasts et conférences certes intéressants, mais incessants tellement je suis curieuse et avide...tiens avide...vide...normalement le a est privatif, non ?). Bref, je chemine encore avec le vide, le ralentissement. Ils me font moins peur aujourd'hui, et c'est déjà bcp.
Merci Christie de tes questions inspirantes
Rédigé par : Delphine | vendredi 19 avril 2024 à 10:14
Oh la la merci les amies pour vos récits. Vos peurs et expériences du plein et du vide. Marion il me fait envie ton périple à vélo ! Dans ma tête se dessine en noir et blanc le yin et le yang comme nos besoins de vides et de pleins... qui évoluent et se reforment. Je n'ai pas peur par exemple du silence, ni peur de le briser... Et mon bureau fort plein m'étouffe un peu, de nouveau quand j'y entre... et ce qui m'attire avec la virée à vélo (comme avec la rando) c'est la nécessité d'emporter le strict nécessaire...
Rédigé par : Christie | vendredi 19 avril 2024 à 11:23
Comme elle me remplit de questions, ta question sur le vide !
Période de cet ordre pour moi. Longue période en fait, et vides successifs. Un deuil, un trop plein, un arrêt à durée incertaine, un stop brutal. Du vide mais pas tant que ça. De la peur mais pas tant que ça. De la matière à réflexion en tout cas. Des besoins à redéfinir, des envies à laisser surgir, à écouter, du temps à habiter autrement, de l'espace à débroussailler aussi. À quoi tout cela fait-il de la place ?
Merci, une fois de plus, pour toutes ces pistes
Rédigé par : mmarie | samedi 20 avril 2024 à 19:44
tu en as eu Marie des évènements à vivre.. et à digérer !
Rédigé par : Christie | lundi 22 avril 2024 à 09:56