ma chérie-chéri,
je poursuis dans ma veine "les réparations en couture". Je sens bien qu'elle ne passionne pas tout le monde ET moi, elle me passionne, ou du moins j'ai des choses à dire à ce sujet qui m'occupe, je dois bien le dire, tous les jours en ce moment - c'est-à-dire qu'il n'y a pas un jour où je ne trouve pas un petit quelque chose à réparer, de la taie d'oreillée balafrée à la chemise de Nicolas avec une déchirure à mon t-shirt avec une déchirure en passant par mes gants de cachemire Uniqlo qui s'usent au bout des doigts. J'y consacre 5, 10, 15 minutes, au téléphone ou devant la télé ou juste "comme ça", entre deux activités. Et ça me donne du courage, de l'allant, du plaisir - je ne me force pas du tout à coudréparer, c'est plutôt un bonbon pour mon intelligence, mes doigts et mes yeux.
Ce que je voulais partager avec toi aujourd'hui, c'est à quel point je me suis "formée" à cette pratique. C'est presque... une recherche de toute une vie... et c'est cela qui rend pour moi, la chose intéressante.
Je me suis formée, ou j'ai été formée, enfant par ma Tante Annick et Mam (ma grand-mère paternelle, la grande soeur de Tante Annick), qui lors de nos vacances dans la petite maison de Dinard (celle dont des années plus tard, j'ai hérité) (ces vacances moi j'appelais ça des stages de bonnes manières !), bref mes deux vieilles adorées me donnaient tout un tas de travaux de couture à faire. Et que je te brode des enveloppe serviettes, au point de tige, au point de croix, et tiens voilà des mouchoirs à ourler, puis à broder... Et les canvas, on en parle des canvas ? J'adorais faire ça, et Tante Annick et Mam m'en redonnaient, tout en critiquant mes points trop gros et le travail pas soigné. Tante Annick m'a appris aussi à tricoter, et à faire des boutonnières, à recoudre un bouton of course, bref je ne la remercierai jamais assez. Ce que j'aimais aussi et que j'aime toujours c'est la présence absence de ces travaux de couture réparation et broderies, mes deux vieiiles parlaient non stop, me racontaient leur enfance et toutes leurs considérations sur le monde, globalement ça m'intéressait ET j'étais heureuse d'avoir les mains occupées pendant ce temps-là.
Puis... elles sont mortes, Tante Annick en 1998 et Mam en 2011... Et moi j'ai continué à réparer mes habits ceux de Nico et ceux des filles, tu te souviens, les petits ça troue les habits en permanence, surtout aux genoux. J'ai commencé à voir sur Instagram des comptes de réparation, je les ai suivis, puis ai acheté les bouquins. Le premier c'est Mending Matters, je crois qu'il a été traduit en français. Le second j'ai oublié comme il s'appelle. Ces livres ne m'ont pas appris GRAND CHOSE mais quand même, des méthodes un peu décalées des miennes, des idées nouvelles sur la manière de faire les choses. J'ai aussi mon amie Emmanuelle qui répare beaucoup et ses créations me donnent envie et m'encouragent.
Comme moi, ces personnes accordent une noblesse à la réparation. Il ne s'agit pas juste de faire des économies (en vrai je n'y pense jamais, à la partie économique des choses) ; juste, on aime des vêtements et on n'a pas envie de s'en séparer, pas plus que de les porter troués ! surtout que l'usure est souvent très localisée alors que le reste du vêtement tient la route. Mon seul critère pour réparer un vêtement ou un textile est, Est-ce que je l'aime (ou son propriétaire) l'aime suffisamment ? et est-il réparable ? (Parfois je me résouds à jeter des habits, notamment quand l'elastane du tissu est trop distendu, et parfois c'est un crêve coeur , ah la la, mon génial legging léopard, et mon magnifique maillot Erès d'un si beau mauve, bon ils ne sont plus mettables dignement, l'elastane bousillé ça ne pardonne pas...). Voilà, je répare aussi parce que je suis trop triste de tous les vêtements adorés que je dois jeter (enfin, je ne les ai même pas jetés, ils sont dans la boîte des habits fétiches !) et que au moins ceux que je peux : je fais.
Un moment déterminant dans ma carrière de réparatrice, a été la blouse d'Emmanuelle (une autre Emmanuelle !). Mon amie était super triste d'avoir déchiré sa blouse fétiche en s'accrochant à un clou ; et sans la voir, au téléphone, je lui proposeTu sais, je peux te la réparer. Elle me l'apporte... Quand je vois la blouse je manque de défaillir, elle était déchirée sur toute la longueur, avec des fils de partout, des zig zag. Mais j'avais promis et je ne voulais pas la décevoir. Je me suis lancée dans la réparation, j'ai sauté dedans avec mon aiguille, j'ai avancé en suivant les zig zag, j'y ai passé 20 minutes, et le résultat - m'a étonnée ! On ne voyait presque aucune cicatrice. La blouse avait retrouvé son intégrité.
En vrai, je ne suis pas sûre que mon amie l'ait reportée cette blouse. Mais moi, j'avais plusieurs vêtements auxquels je ne m'attaquais pas car "trop difficiles" - notamment une robe portefeuille adorée déchirée dans un accident de scooter. Je l'ai ressortie, la déchirure était bien plus nette que les zig zag de la blouse ! je l'ai réparée en un rien de temps, invisible la fracture. Quelle joie de porter de nouveau ma robe !
Mon dernier moment de formation (à part comme en ce moment, réparer TOUS LES JOURS, ce qui me forme obviously), ça a été trois samedis matins avec Kanine à la Tréso de Malakoff, trois stages de réparation satchiko - boro. Je savais déjà plein de trucs et n'ai pas su faire réellement évoluer ma pratique - et les conseils de Kanine, son univers, sa manière d'organiser les tissus - bien pliés, par couleur, dans des boîtes transpârentes ... J'avais des sacs de tissus froissés entassés, j'ai tout changé mon organisation après les ateliers avec elle. Ils m'ont relancée, remotivée, nourrie, en plus le lieu est si beau ! ça m'a réparée ces stages, dans le froid de janvier 2021 ou 22, juste après ou même pendant le covid.
Ah ma chérie chéri ! No small topic pour moi, cette couturéparation ! Je pense à un billet suivant sur le matériel pour réparer... une grande joie le matériel !!!
Je suis surprise à quel point tirer ce fil de la couturéparation, m'emmène loin !!
Et toi, quelle activité t'a suivie nourrie stimulée (même par intermittence), toute ta vie ?
La photo ce n'est pas une réparation, c'est le début de mon projet de patchwork - que j'ai un peu arrêté ces temps-ci mais à voir la photo, j'ai super super super envie de le reprendre et je m'y mets ce soir ! J'ai aussi envie de rouvrir tous mes livres qui parlent de réparation !! Wahou, quand je tire un fil qui me plait, c'est fou ce qui se passe..
Les commentaires récents