maviesansmoi

l'adulte dans la pièce

 

Tout à l'heure, j'ai parlé au téléphone avec une copine d'HEC. On ne s'était pas parlé depuis 20 ans. Elle me posait des questions sur mon ancien métier (biographe de personnes âgées, j'ai exercé ce métier de 2001 à 2005) - et je lui exposais les raisons pour lesquelles j'avais arrêté. Je ne suis pas sûre que le métier à cet âge (de 26 à 30 ans) me convenait, mais je crois aussi que si je choisissais de le reprendre aujourd'hui, je ferais différemment. 

Une chose qui a beaucoup changé dans ma vie professionnelle depuis les débuts où je suis devenue indépendante, c'est le système de support dont je te parlais l'autre jour. J'étais fort seule professionnellement, quand j'ai commencé Plume de vie en 2001. 

Mais je me souviens, lorsque cette copine et moi et tous les autres étions à HEC, je ressentais aussi une grande solitude. Après avoir été entourés, guidés, cornaquéespar une team d'adultes (et une super team en ce qui me concerne, les deux dernières années, en prépa) - nous nous retrouvions entre étudiants, juste des vingtenaires à qui on avait dit qu'ils étaient l'élite de la France. Arrogance et pas facile de trouver un sens. 

Mon père, qui m'avait vendu le paradis HEC depuis la prime enfance, a dû être désarçonné de me voir désarçonnée moi-même. Et il a fini par m'adresser à une amie à lui, qui était déjà dans les services administratifs d'HEC de son temps à lui (elle venait d'arriver), et qui y était toujours en ayant pris du galon genre directrice des études, quand moi j'y suis arrivée. Va voir Marie-Christine, elle est de bon conseil, m'a-t-il dit. 

Marie-Christine. J'ai été la trouver deux fois, à deux moments charnières de ma scolarité à HEC. Elle n'a pas été complaisante, ni particulièrement chaleureuse. Mais elle m'a reçue, donné de son temps, elle m'a donné à chaque fois un conseil que j'ai suivi et je m'en suis bien portée. Elle a été finalement, au cours des 4 années que j'ai passées à HEC (3 années de scolarité + 1 année de césure au Chili, c'est à ce moment-là, quand je préparais mon retour, qu'elle m'a reçu pour la 2ème fois), la seule adulte dans la pièce. Quelqu'un qui s'intéresse, qui prend le temps, qui me fait bénéficier de son expérience, de sa stratégie. Elle n'a rien à y gagner, pas de prestige, pas de retour d'ascenseur. Elle fait son boulot avec exigence - elle conseille de son mieux une étudiante. 

Merci chère Marie-Christine là où vous êtes aujourd'hui je vous dois deux fières chandelles.

 

Et sinon - ce soir - parait le nouveau numéro de 🛶 dans mon kayak ! tu peux déjà l'écouter ici, et t'abonner ici si ça te plait. 

être une vieille dame indigne

Nico m'a envoyé cette photo au début de la semaine. Il l'a prise il y a 10 ans, dans notre salon qui depuis s'est fort étoffé, au moment des attentats de Charlie - mon Dieu que le monde a changé et pas changé depuis lors, qu'il semble s'être radicalisé ! Bref et que moi j'ai vieilli ai-je pensé, moi et mon chien. 

Je pensais que j'accepterais plus facilement le vieilissement physique, bon, certains jours quand je me regarde dans la glace ou quand je dessine mes autoportraits c'est douloureux. Mais j'imagine (j'ai oublié) qu'il y a déjà des jours où je me trouvais moche, depuis toujours. Le film The substance où Demi Moore vieillissante (elle a 62 ans dans la vie et 50 ans dans le film) m'a je dois dire assez réconfortée et réjouie (Alma et Nicolas ont DÉTESTÉ, moi je l'ai ADORÉ ce film). On est toujours la vieille de celle qu'on a été, et la jeune de celle que l'on sera, moralité, carpe diem. 

Je voulais te raconter... l'histoire qui s'est passée dans le salon de ma Tante Annick, à Rennes, le salon surchargé et néanmoins très beau, tout en bois, en ivoire, elle avait fait entrer dans son appart de Rennes la moitié des meubles des maisons de ses parents ça faisait du monde. Tante Annick était la petite soeur de Mam ma grand-mère, mes parents nous envoyaient mon frère et moi "en stage" (en vacances) de rééducation chez elle au moins 15 jours par an, ce n'étaient pas les vacances les plus marrantes du monde mais c'est avec ma Tante Annick que j'ai appris à coudre, à faire mon lit, à faire la conversation à table, à tricoter, elle a été pour moi une 3ème grand-mère très précieuse - et à sa mort elle m'a même légué sa maison de Dinard, à moi et à sa nièce Brigitte la grande-soeur de Papa. Avec Tante Annick et Mam, je voyais la famille et notamment l'une de leurs nombreuses cousines - ma chère Tante Andrée. Mam et Tante Annick disaient pis que pendre sur elle, elles la trouvaient "égoïste", en plus oh la la elle avait divorcé (je vous jure la bourgeoisie du 20ème siècle !!!) - moi je la trouvais super marrante et intéressante, très différente de mes deux rombières adorées, dévouées, éducantes, mais pas fun fun il faut l'avouer. Tante Andrée adorait les fraises et au dessert fallait se servir avant elle si on voulait une chance d'en boulotter 2-3 belles ! Face à mes deux grands-mères "oh mon Dieu je vous l'offre", cette attitude qui ressemblait fort à celle que j'aurais voulue avoir, m'enchantait.

J'imagine l'injustice ressentie par mes deux rombières, qui s'occupaient si bien de moi, faisaient le boulot ingrat de m'éduquer, me nourrir, m'emmener à TOUTES les messes et à confesse, face à cette coquette égoïste divorcée, qui avait tous les mérites à mes yeux. 

En plus Tante Andrée je la trouvais magnifique, avec son beau sourire, ses rides aimables, ses boucles blanches, ses colliers de perles et robes chic et escarpins. C'était pour moi la plus belle des vieilles dames. Mam et Tante Annick étaient très soignées mais plus austères, et puis, je les connaissais bien ; Tante Andrée était pour moi pleine de mystères. Di-vor-cée ! quelle drôle de vie me disais-je. J'avais 8 ans mas o menos. Un jour en la voyant arriver dans l'entrée sombre de l'appartement de Rennes, je me suis exclamée, Tante Andrée, comme vous êtes belle ! Nulle flagornerie, je le pensais vraiment. Après un petit sourire de coquetterie, elle a sorti de son sac en croco brun, clac a fait le fermoir doré, une photographie en noir et blanc, à bord dentelé, d'une très jeune femme avec un très jeune homme (enfin moi à 8 ans je ne les trouvais pas spécialement jeunes. "Regarde, ça c'est moi quand j'avais 20 ans, j'étais quand même beaucoup mieux non ?" m'a-t-elle dit avec fierté. "Je vous préfère largement aujourd'hui !" ai-je répondu avec aplomb et sincérité. Ma vieille dame indigne et singulière me charmait alors que cette "banale" jeune femme à la mise en plis frisée et aux seins en obus pris dans une robe moulante, me laissait froide. 

Ah ma Tante Andrée ! ah ma Mam Chérie !! ah ma Tante Annick surnommée (pas par moi par mon oncle, mais j'aime bien ce surnom qui lui allait si mal) Nickette !! mes mamichoutes adorées qui m'avez si bien chacune à votre manière pavé la voie !!!! 

je me souviens des Scouts de France

Bonjour ma chérie-chéri, 

Lundi 11 novembre est le dernier jour pour commander le paquet Petite sauce magique !

Ce paquet est réservé aux 1000 premières supportrices de mon travail, celles qui me lisent depuis assez longtemps pour savoir que le livre qui vient de paraitre aux éditions First, va et peut leur donner quelque chose d'inattendu et de valable. Celles aussi qui désirent initier la discussion avec des amies et des soeurs, sur la vocation, le rebond, ce qui nous donne de la joie ou peut nous en donner à notre âge précis avec ses ombres et sa lumière. 

Ce paquet concocté avec amour, et qui contient 3 exemplaires de Vivre pleinement son ikigai, un dessin fait pour toi, et une souscription de 5 euros au mouvement des Scouts et Guides de France. Le tout, envoi compris en France et dans le monde, pour 65 euros. Comme dirait Seth Godin, It's not cheap, but you get more value that what you pay for. 

J'ai donné de la profondeur à chaque item de ce paquet chéri (auquel j'ajoute du romarin pour la France). Il me restait un thème à approfondir - le scoutisme. Voilà mon dernier "je me souviens" du paquet !!!! 

Et si tu veux le tien, écris moi à [email protected] !

Je me souviens de Charlotte qu'à 8 ans, j'aurais suivie au bout du monde, que j'ai suivie sans hésiter à l'autre bout de la ville, à l'orée des champs de Fontenay-le-Fleury, quand elle s'est inscrite aux Jeannettes à la rentrée 1982. 

Je me souviens de mon impatience à recevoir notre uniforme, chemise bleue ciel pull et jupe culotte bleue marine (je ne suis plus très sûre à vrai dire) et surtout, le béret !!!! 

Je me souviens quand on a fait une sortie dans les bois déguisées en Schtoumphs, qu'est-ce que j'ai aimé ça !!!! Toutes en collants bleus et le reste,  des costumes bricolés la veille au soir par nos mères. 

Je me souviens de mon premier camp, à Crac'h, dans un champ jouxtant le cimetière. Pour l'eau on allait remplir nos jericanes au robinet qui servait pour arriser les fleurs des tombes. Je me suis éclatée dans ma tente, dans ma sizaine, et n'ai jamais compris pourquoi Stéphanie pleurait tellement non stop que ses parents ont dû venir la chercher. 

Je ne me souviens pas du jour de ma promesse, mais je me souviens que lorsque je veux promettre quelque chose solennellement, je fais toujours avec me doigts, le V de la victoire, symbole de la promesse des Jeannettes,  et je dis Parole de Jeannette ! ce qui m'engage, même 40 ans plus tard.  

Je me souviens du jour où j'ai renvoyé mes insignes aux cheftaines. 

Je me souviens 10 ans plus tard quand Charlotte toujours elle, m'a proposé de venir passer une journée sur le lieu de camp où elle était cheftaine de Jeannettes. 

Je me souviens de mon premier camp comme cheftaine de Jeannettes à Tracy sur Loire, sur les terres d'un château, et d'un vignoble, tout à côté de la Loire et accessible en train, le rêve !!! 

Je me souviens des deux formations de BAFA obligatoires pour être responsable de camp, la première partie sous la pluie à Arras, la deuxième partie sous la neige à Jambville, je me suis éclatée j'ai appris j'ai ri mais ri, et nous avons campé donc, sous la pluie et sous la neige, sans que ça ne pose aucun problème. 

Je me souviens de l'air étonné des parents aux réunions de parents, quand ils apprenaient que c'était moi la responsable (j'avais l'air vraiment très très jeune !). Je trouvais le moyen de leur sortir "HEC" à un moment et ça les rassurait..... 

Je me souviens des week-ends de groupe avec tout le groupe. Mon frère était chef Pionniers (les plus grands entre 14 et 17 ans) et on était trop contents de se retrouver. 

Je me souviens des Jeannettes Sidonie Eugénie Emilie je me souviens de Coralie et d'Aurélie que j'ai mise "sizenière" et elle s'en est tellement bien tirée ! 

Je me souviens de Nicolas qui me raconte son camp où il a fait des installations suspendues dans les arbres !

Je me souviens quand dans nos discussions sur l'éducation de nos enfants, nous avons décidé de leur proposer à chacune, le scoutisme pendant un an. 

Je me souviens de Chimène qui a fait 10 années de scoutisme - son père en a fait 7 ; Chimène qui nous disait que c'étaient ses meilleurs vacances MÊME quand c'était moins bien. 

Je me souviens d'Alma qui s'éclate comme cheftaine de Jeannettes, qui vient de terminer son BAFA avec l'UCPA et pour qui la relation avec les enfants et les jeunes ados, la console de tout (sauf quand elle doit les quitter à la fin du camp ou de la colo). 

Je me souviens que mes 3 beaux-frères et une belle-soeur, et mes beaux-parents, ont été ou sont encore chefs de groupe scouts ! et la joie et la confiance que ça leur donne !

Merci le scoutisme !!!! merci le scoutisme français ! qui n'est pas exempt d'une ombre dont j'ai choisi de ne pas parler ici - et qui nous a fait, à nous les Bord (ma famille d'origine) et les Vanbreu, tellement de bien et a été tellement une occasion de croissance et de joie. 

Et toi - comment le scoutisme, ou les colos, t'ont nourrie et formée ? 

nostalgie anticipée

Bonjour ma chérie-chéri, 

aujourd'hui, j'ai 50 ans !! Et le soleil est là pour moi et mes amis, et mes enfants même au loin, et mes parents, et les bras de Nicolas hier soir et ce matin !! Et ce travail que j'aime qui m'habite et m'enchante, et l'écriture, et toi toi et toi qui passes chaque jour tous les deux jours chaque semaine quand tu y penses. Merci d'être là, de venir par là, d'écrire quand ça te naît.

Le grand évènement de ma journée d'hier, qui retentit encore aujourd'hui, c'est le temps passé avec chacune de mes filles, puis leur départ hier soir. J'arrive à présent à faire stif upper lip (pas pleurer) quand on se quitte. Et c'est dur quand même la perspective de ne pas revoir Chimène avant 1 mois et 9 jours. Hier après-midi j'ai serré Chimène dans mes bras au métro Duroc, au terme d'une goguette toutes les deux dans le quartier Montparnasse. 

Hier soir je ramenais Alma en voiture, au bas de sa chambre étudiante à Versailles. Ensuite après l'avoir déposée je gare proprement la voiture et je me promène avec Hush "dans mon ancien quartier" - Alma est en prépa à Grandchamp où j'ai fait mon lycée, et habite la rue parallèle à celle de mes grands-parents maternels. Je regarde la grande cathédrale, je regarde les immeubles qui portent l'histoire, certaines maisons ont un parc, dans certaines maisons les fenêtres éclairées laissent entrevoir des pans de vie, je me souviens d'une réalité toute autre car moi je n'étais à Versailles que pendant la journée, chaque matin et chaque soir je remontais la rue Royale pour aller attraper le car qui me ramènerait chez mes parents. Chez nous. Pendant que je promène Hush et songe au passé et au futur, tandis que résonnent en moi les accords des chansons que nous nous sommes mis avec Alma pendant le trajet (hier, Seras-tu là de Michel Berger !!) 

Pendant mon petit tour autour de la cathédrale je croise d'autres voitures garées au milieu de la route avec le coffre ouvert et une silhouette juvénile qui en sort, dimanche soir ballet des parents qui raccompagnent leur étudiant. Alma me demandait hier si j'étais nostalgique et je ne le suis pas du moins je ne me l'avoue pas - mais hier et d'autres soirs je me dis qu'il faut que je les savoure, mes goguettes avec Chimène et mes dimanches soirs en tête à tête avec Alma, et les trajets de Malakoff à Versailles. Chaque période semble faite pour durer toujours et non, ma petite n'habitera pas toujours à Versailles et ma grande n'aura pas toujours envie de marcher avec moi le dimanche. 

Oui je savoure mes enfants et le temps passé avec chacune. 

Et toi ma chérie-chéri que désires-tu savourer de cette période d'aujourd'hui ? 

Et sinon si tu veux recevoir ton paquet Petite sauce magique adressé aux 1000 premières fans, il reste une semaine pour le commander ! Tu commandes 3 livres et tu reçois trois livres !! dédicacés + un dessin de ma main + un paquet de romarin du jardin (en France) et une souscription de 5 euros au mouvement de jeunesse Scouts et Guides de France ! Irrrrésistible non ? 

how do I want to be remembered ? mon eulogy des 50 ans

Ma chérie-chéri, 

dans un peu moins de 10 jours j'ai 50 ans. Dans un peu plus d'une demi-heure, j'ai rendez-vous avec ma cliente au téléphone. Ce double laps de temps, 9 jours et 35 minutes, me parait idéal pour écrire ma première eulogy : mon propre éloge funèbre, qui ne soit pas triste ni gai, qui se concentre évidemment sur les bons côtés de ma personnalité et de ma vie. Une manière de faire le point sur ce qui est important. 

Je n'étais pas sûre de me lancer dans ce projet et puis deux choses se sont passées hier et mercredi. Bon d'abord mardi nuit et mercredi, j'ai toussé à un point de suffocation qui m'a fait flipper (wahou quelle horreur de ne pas réussir à reprendre mon souffle) et depuis hier je vais beaucoup mieux et chaque guérison même d'un gros rhume, résonne comme une résurrection. Mercredi je suis allée tenir "la permanence" à mon asso l'Oasis des familles, et j'ai emmené tout notre stock de magazines pour proposer aux mamans présentes de réaliser un collage sur le thème moi hier, aujourd'hui et demain. Bon succès mitigé, j'étais au 36ème dessous dans mon rhume je parlais avec un masque et elles ne s'expriment pas toutes très bien en français (ni moi d'ailleurs ce jour-là). Heureusement que nous étions deux engagées et que Nelly ma "collègue" a pris le relais des explications et de la motivation des troupes. Et j'ai réalisé mon propre collage et il m'a stupéfiée. Cette ligne noire au milieu et la lumière autour. Le lien entre la création et la prédation. Et la mer et la nature et la lumière la joie et la tristesse. Such a striking autoportrait, réalisé comme tous les collages, sans trop y penser. Wahou la puissance du collage. 

L'autre évènement déclencheur le 3ème en fait (après la résurrection, le collage), ça a été hier l'écoute de ce podcast sur les rituels pour se souvenir de ses morts au moment de la Toussaint. Je me suis posé la question de comment j'allais honorer mon père une fois qu'il serait mort (ce qui n'est pas d'actualité) ; je me suis fait la réflexion de lui demander comment il aimerait qu'on se souvienne de lui - how would you like to be remembered ? 

Puis je me suis posé la question pour moi-même, comment aimerais-je qu'on se souvienne de moi ? Et c'est là que j'ai décidé de l'écrire cette eulogy. 

Bon après ce long prologue il ne me reste que 12 minutes pour l'écrire, 11 à présent. 

Time flies. 

Je me souviens toute petite fille de ma détermination à trotter après les chiens. A ne vouloir que ma grand-mère Mam près de moi (Maaaaam ! elle me tenait la main pendant le dessin animée Scoubidoo elle m'a tenu la main toute sa vie), ou ma mère. Je me souviens de mon amour farouche pour mon amie Charlotte, dont rien n'aurait pu me détourner. Si une chose, quand elle est partie en pension au moment de la 2nde, je ne l'ai pas suivie car je voulais être au lycée avec des garçons. 

Je me souviens de mon premier grand amour, Pierre Hamlin. Oh Pierre. Pierre dont j'ai été l'une des grandes amies, Pierre que j'ai laissé tomber quand il s'est enfoncé dans ses démons. 

Je me souviens de l'amour de ma vie, Nicolas. Quelle chance de t'avoir rencontré et d'avoir cheminé avec toi mon aimé. Quelle chance ta bonté ton humour ton intelligence, quelle chance ta peau douce tes bras accueillants ta capacité d'amour inconditionnel. Quelle chance la liberté que l'on s'est laissée sans jamais se lâcher la main même quand tu m'as trahi même quand je t'ai trahi. 

Je me souviens de Belle ile de Valparaiso de Dinard de la Plagne des champs de Fontenay de notre jardin à Coutarnoux de la crique du Ruppione je me souviens de la montée de Cluny à Vitry qui nous coupe le souffle à chaque fois. Je me souviens de mes royaumes, le jardin de Bordustard et la maison de Mam à Malakoff, du grenier à la cave ! 

Je me souviens de mes parents des histoires que me racontait Maman des cadeaux qu'elle me ramenait si souvent les barrettes les habits adorables et aujourd'hui encore les huiles essentielles les gâteaux je me souviens de Papa et de toute ta sagesse mon papa Cultive tes amours de la vie Apprends à être seule Apprends toute ta vie je t'ai bien écoutée mon papa. Et je me souviens de Jean-Antoine mon frère mon chéri tu me laissais dormir dans ta chambre quand j'avais peur ça a duré des années on a tellement joué rigolé on s'est battus on fait tout ça encore se tenir l'un contre l'autre. 

Je me souviens de Chimène et Alma mes adorées, mes trésors. Je suis si fière de vous de votre sagesse de votre beauté de vos réalisations de vos amitiés de la place que vous prenez dans le monde. 

Je me souviens de Raphaèle, de Valérie, de Caroline, vous qui vous approchez le plus de soeurs pour moi. Et de Céline Laure Steph Violaine Stéphane Julien Pierre David Fleur Sylvie Laurence Yael Julie Cyrille Nicolas Antoine Elsa et de tous les amis que j'ai rencontrés tout au long de ma vie sans vous votre regard votre sagesse votre foi en moi vos recadrages que serais-je devenue ? 

Je me souviens de mes mentors, Julia Seth Marie Danielle Papa Denys Martine Martine Mam Lisa et tous les autres, et tous les autres ! et aussi de Thérèse d'Anne et Peter de Maminou de Julien JB Pierre Mariel Denis Patrick Sophie qui m'avez accueille dans ma nouvelle famille. Je me souviens de Clara Xavier Marie Michel Cyprien Antoine Gaspard Maribé Pierran Marie Charlotte et de notre joie sur la plage. 

Je me souviens de mes lectrices de mes clientes de mes clients de mes éditrices et éditeurs de toutes les personnes qui ont cru en moi et m'ont donné du temps des encouragements de l'argent leur fidélité merciiiiiii oh merci. 

Je me souviens de mon balconou, joie de ma vie. Je me souviens de Hush qui se blottit contre moi qui me suit partout qui veut que je le bouchonne quand il est mouillé je me souviens du foraging les mûres les noix les pommes l'achillée millefeuille toutes ces quêtes, je me souviens de l'écriture, de la lecture, du dessin de la guitare du vélo, de  tous les signes que Dieu m'a envoyés et que j'ai suivis.

Que de joies j'ai connues ! 

Et voilà - il est 10 heures - fin de cette première eulogy ! Bonne journée ma chérie chéri !

Et toi - comment aimerais-tu qu'on se souvienne de toi ? 

ça m'a rendue tellement heureuse d'écrire ce texte, que je viens de l'enregistrer avec ma voix. 

 

je me souviens du dessin

 

Bonjour ma chérie-chéri, 

je suis partie dans mon carnet à la pêche de l'idée que j'avais notée pour t'écrire aujourd'hui.. Pi j'ai vu sur une page du dit carnet, des croquis, "dessins d'études" pour les premières fans (je résiste à poster la photo du dessin qui fait chanter mon coeur pour ménager l'effet de surprise !!!! putain c'est dur d'être mystérieuse !!) et j'ai pensé, Mais bondiou un carnet c'est tellement plus charmant avec des dessins !

Je me souviens que Maman faisait des petits dessins sur les lettres qu'elle m'écrivait, elle disait qu'ils étaient moches mais moi j'aimais beaucoup la façon dont ils égayaient. la page.

Je me souviens qu'enfant je dessinais princesse après princesse, avec des robes en corolles, et des couleurs chatoyantes, dans des jardins avec des fleurs aux longues tiges. Pi un jour vers l'âge de 10 ans j'ai décrété C'est nul et j'ai arrêté de dessiner mes princesses. 

Je me souviens à l'âge de 14 ans mon amie Julie m'a entrainée à son cours d'aquarelle et c'est à cette occasion là qu'avec Maman on a acheté la palette à la boîte jaune dont je me sers toujours aujourd'hui, même si j'ai remplacé la plupart des petits carrés par . 

Je me souviens que j'ai eu envie de dessiner pour notre faire-part de mariage. J'ai fait toute une série de petits personnages qui sont venus émailler le bas du carton bleu ciel. 

Je me souviens des renards d'Alma et de ses soleils à l'air canaille. 

Je me souviens que j'ai repris mes pinceaux en 2016, quand je me posais plein de questions professionnellement, et que dessiner tous les jours m'a tellement aidée à traverser cette période. 

Je me souviens de la joie de trouver un professeur pour moi, Lisa Congdon - à la fois j'aimais copier ses dessins et à la fois ses cours sur Creativebug m'ont fort décoincée. 

Je me souviens que pendant le confinement N°1 j'avais lancé un challenge sur instagram, dessiner pendant 21 jours et chaque jour je proposais un nouveau thème. J'ai oublié lesquels mais j'ai encore les dessins quelque part au crayon de couleur très colorés je suis heureuse de les avoir. 

Je me souviens des deux fois où j'ai vendu mes dessins pour des oeuvres qui me tiennent à coeur. La première fois avec plein de copines d'Instragram pour la Syrie, la seconde toute seule pour des assos que j'aime bien, j'étais fière de l'argent gagné. 

Je me souviens des stratagèmes que j'utilise pour garder le dessin dans ma vie même dans les périodes où je ne dessine pas beaucoup. Pendant plusieurs années je dessinais les tasses de café et les verres d'eau quand j'allais au café. En 2024 j'avais le projet de me dessiner chaque jour dans un agenda. Bon je ne l'ai pas fait tous les jours mais un quart des jours, le reste est vide ou bien j'écris des phrases qui m'accrochent. 

Je me souviens des crobards que j'ai esquissés pour Chimène quand elle a accepté d'illustrer Vivre pleinement son ikigai en 10 jours. La facilité avec laquelle les idées me sont venues et se sont dirigées vers ma main. Et puis quand c'était pas clair elle me faisait refaire et je refaisais ou je trouvais une autre idée. Et la joie de découvrir les dessins si beaux de Chimène qu'elle m'envoyait au fur et à mesure sur notre fil Whatsapp. 

Je me souviens de cette chance, de la certitude que le dessin sera toujours là pour moi, comme la guitare, comme la lecture, comme la marche, comme la cuisine, comme l'écriture, comme la broderie, si je m'ennuie et me sens seule - une ressource et un medium par lequel explorer le monde et comprendre ce que je cherche. 

"Evidemment", je me suis limitée à des Je me souviens joyeux ; il y en a aussi de crucifiants mais ils sont moins nombreux et je n'ai pas envie de me situer ni de partager ici trop souvent le crucifiant !

Tout ça pour te dire que j'ai ressorti et taillé mes crayons de couleurs ; je me réjouis de dessiner pour toi à l'occasion de ma proposition "petite sauce magique" destinée aux 1000 premiers fans !! ça va en faire des dessins !!! 

Tu trouveras tous les détails dans ce billet.

Ma proposition est valable jusqu'au 11 novembre inclus. 

Pour les envois à l'unité, je ne préfère que tu passes par ton libraire - et si tu as déjà acheté le livre et que tu désires une carte dédicacée, envoie moi ton adresse postale à mon mail [email protected], je serai heureuse de t'envoyer une carte que tu pourras coller dans le livre ou utiliser comme marque page. 

 

Et toi ma chérie-chéris, tu dessines ? 

 

je me souviens, le romarin

Je me souviens de la première fois que j'ai entendu parler du romarin, c'était dans le livre d'Alphonse Daudet, sans doute le conte Le moulin de maître Cornille. Les lapins boulotaient toute la garrigue, romarin, serpolet, farigoule. 

Je me souviens de la deuxième fois que j'ai entendu parler du romarin - c'était dans la bouche du traiteur que nous rencontrions pour parler du menu de notre mariage - il a évoqué les tomates confites au romarin et ça m'a mis l'eau à la bouche - bon, il était midi ! 

Je me souviens des premières huiles essentielles que Marie m'a recommandées, lavande et romarin. Le romarin c'était pour le tonus. 

Je ne me souviens pas de combien de buissons de romarins j'ai planté et qui ont séché, sans que je comprenne pourquoi. 

Je me souviens des deux buissons que j'ai achetés pour les planter à Coutarnoux, un à une pépinièriste et un chez Lidl, irrésistibles et l'un et l'autre - ils n'étaient pas gros mais charmants, au début ils prenaient moyennement je les ai arrosés je leur ai parlé, et aujourd'hui ils dansent plein de vigueur dans leurs plate-bandes. 

Je me souviens de ma première tisane au romarin, le premier goût amer, le réconfort, et en effet la plus grande vigueur annoncée et le désir de concentration s'infiltrent doucement en moi. 

Voilà ce que je t'envoie - ça et tes propres prochains souvenirs de romarin ceux qui vont se réveiller et ceux que tu vas te fabriquer, le romarin et toi - quand je t'envoie le paquet Petite sauce magique ! Il est disponible, ce paquet, jusqu'au 11 novembre, et réservé à mes 1000 premiers fans - ou 100, ou 10, ou 5, on verra bien !! (Et pour des raisons de législation, j'envoie les livres et le dessin dans le monde entier, et je fais la donation aux Scouts et Guides de France - pour le romarin, l'envoie est réservé à la France, faudra cultiver le tien ou l'imaginer si tu habites hors de France). 

les cassettes de Papa

Ce n'est ni facile, ni agréable, de sentir qu'on déçoit ses parents. Ni évitable, je suppose, si on veut faire ses propres choix. Et puis, on tatonne, on trébuche, les sujets "nous attrapent" plus ou moins. Bref, mon père je crois est déçu que je ne gagne pas davantage d'argent. 

Il y a un domaine en revanche où sans doute je ne l'ai pas déçu. 

***

Papa a déposé sur ma table de nuit tout une série de cassettes audio, les 101 pour faire je ne sais plus quoi, être plus heureux ou se simplifier la vie, 101, je l'ai appris plus tard, ça veut dire "les bases".

J'étais en pleine crise perpétuelle d'anxiété (c'est peut-être ce que certains appellent la crise d'ado, dans mon cas elle n'a pas consisté à me rebeller contre mes parents mais j'ai plongé dans des abimes de mal être qui m'ont effrayée). Les cassettes étaient les bienvenues, j'ai pris la première, je l'ai insérée dans mon walkman et en avant quand je promenais mon chien de l'époque, qui était une chienne - Bibi. De retour à la maison, je prenais force notes tellement je trouvais ça bien, les principes de ce truc - je les ai tous oublié sauf un, c'était dans un anglais très articulé car destiné à des auditeurs du monde entier. 

Quand j'ai eu gobé toutes ses cassettes, Papa m'a donné des livres de self help, toujours en anglais - j'avais 15, 16 ans et depuis l'âge de 14 ans Maman m'avait mis des Agatha Christie entre les mains et je lisais l'anglais, voilà, sans me poser de question, je comprenais la moitié du propos et encore tout était un peu flou, mais le sens général me parvenait car le sujet m'intéressais, et j'aimais la voix des auteurs. 

A l'âge de 20 ans, j'ai vu mon Papa s'enthousiasmer pour l'un de ces livres, L'intelligence émotionnelle, au point d'en créer un séminaire pour ses clients ! 

Et je ne sais plus quand il m'a dit, N'arrête jamais de lire de tels livres - de la non-fiction qui va te faire réfléchir sur ta vie, t'aider à progresser. Toute ta vie, tu as intérêt à apprendre, à progresser, à sortir de "qui tu crois que tu es". A travailler sur ton caractère. 

Sur le coup j'ai pensé que c'était un peu loin, toute ma vie, un peu beaucoup. En mon fort intérieur, je lui ai répondu On verra. 

Et puis après les livres que lui m'a passé, j'ai trouvé les miens propres, ceux qui venaient étancher une soif très profonde, et alors oui j'ai su que jamais plus je ne m'arrêterais de chercher de tels livres qui étanchent la soif et qui m'accompagnent, et me font sortir en effet, par le haut, de la Christie limitée que je croyais que j'étais. 

raconte moi une histoire de quand tu étais petite (1, ma mère)

C'est avec ma maman que je vais à mes cours de yoga, le mercredi soir. Si elle n'y allait pas, j'aurais sans doute lâché la rampe depuis un moment, enfin, comment savoir ? Elle vient. 

Lorsque nous arrivons au cours, qui a lieu au dojo surplombant le gymnase à deux minutes de chez moi, je suis déjà en tenue, elle non. Je m'installe quelques minutes avant elle, qui doit se changer et qui aime prendre son temps. Hier soir, j'étais en position, sur le dos genoux repliés sur la poitrine, quand elle est entrée dans le dojo.. j'ai levé un peu la tête et l'ai regardée s'avancer sur les tatamis, évaluer là où elle pouvait s'installer parmi les corps déjà présents, ne pas trouver tout de suite même si nous étions une dizaine à peine dans ce grand dojo... Elle a opté pour un espace, et puis en posant le duvet fin qui lui sert de tapis de yoga, elle a continué à regarder autour d'elle, peut-être pour sentir l'ambiance, pour voir qui était là ce soir, je ne sais pas finalement ce qu'il y a dans sa tête et déjà je me sentais indiscrète de l'observer à son insu et je me sens indiscrète de le raconter aujourd'hui. Comme si je volais quelque chose qui ne m'appartient pas. Et je le fais quand même. 

En voyant Maman s'avancer, regarder, prendre sa place de manière délicate mais pas évidente, vu de ma place, j'ai pensé à la toute petite fille qu'elle était, deux ans et demi, lorsqu'elle est partie rejoindre sa famille à Madagascar. Mon grand-père était militaire dans un corps appelé "la Coloniale", Maman, la 7ème de 8 enfants, est née alors qu'il était en poste à Tunis. Ma grand-mère était très malade et Maman a été confiée, dès sa naissance, à sa jeune tante puis à sa grand-mère maternelle, qui l'a élevée rue de Rennes à Paris jusqu'à ses dix-huit mois. Puis Maman, malade, a été passer un an en sanatorium !! avant que sa famille demande à la récupérer (ou ne demande pas, je n'en sais rien, mais bref il fallait qu'elle les rejoigne). Et Maman qui était loin d'être ma maman, mais une très petite fille qui avait déjà beaucoup voyagé, a pris l'avion avec ses deux grandes soeurs de douze et dix ans, direction, Madagascar et sa famille qu'elle ne connaissait pas. 

Hier soir j'ai repensé à ça, en voyant Maman avancer, regarder autour d'elle : à la difficulté que ça a dû être d'entrer tout d'un coup dans une famille de 8 personnes, elle était la 9ème, l'aînée des enfants avait 12 ans, puis 10, 8, 7, 5, 4 et elle, deux ans et demi. Elle a dû beaucoup observer, chercher à comprendre, chercher à se faire aimer, être beaucoup perdue. 

le foulard du moment

On est en juillet et pourtant je continue à porter un foulard. J'en ai au moins vingt des foulards, des en coton, des en soie, des en "matière inconnue", et je continue d'en acheter partout où je passe, d'en acheter et d'en offrir, à ma mère (qui les porte), à mes filles, à mes amies (avec moins de succès)... 

Le foulard du moment est en cachemire et soie, très grand, bordeaux avec des dessins oranges et verts, je l'ai acheté sur Vinted à une femme qui vidait les armoires de sa grand-mère - comme moi sa grand-mère semblait adorer les foulards. 

Y'a toujours, y'a souvent un foulard du moment. Celui qui "va avec tout" ; celui dont la texture, le tombé, la taille, les couleurs, sont parfaits pour le moi du moment, pour mon look du moment. Et donc ce bordeaux, cette soie mêlée au cachemire, ben en ce moment j'en ai envie un jour sur deux, dès que je sors je m'en recouvre le cou. 

Car vois-tu j'ai la croyance qu'un look bien enfoularé est toujours plus élégant. 

Et la croyance qu'un cou enfoularé attrape moins facilement froid. 
Mes pauvre filles, tous les matins de leur enfance, d'octobre à avril disons, elles ont entendu, sur le seuil de la porte, T'as pris un foulard ? 
Et mon zèle, c'est l'histoire sans fin entre les générations, leur a fait détester ces merveilleux attributs du corps en automne, en hiver, et lors des fraiches soirées de printemps et même d'été ! 

A ma mort, si je n'ai pas offert toute ma collection d'ici-là (disons, tous mes foulards moins les 5 ou 6 fétiches que vraiment j'aime trop et avec lesquels peut-être il faudra m'enterrer, attends voir, 3 Hermès, 1 Gucci, ce grand en cachemire, le orange avec les voitures, 2 en coton, et mes deux grandes écharpes de laine, on en est à 10, oui je cite les marques, je suis un peu snob côté foulard, quoique même pas, enfin, oui et parfois non), mes filles et mes petits-enfants et mes amis encore vivants pourront allumer un grand feu à la nuit tombée, et jeter dans ce feu un caillou en évoquant un grand souvenir qu'ils avaient avec moi, le cou couvert de l'un des foulard que je leur aurai donné, ou qu'ils auront trouvé plié à la vas-y-comme je te pousse dans mon placard.

Bon après-midi, ma chérie-chéri !