maviesansmoi

d'où me viennent les livres ?

Coucou ma chérie-chéri et my dear Cénina.

Merci pour ta question qui me donne envie d'écrire, un livre qui me nourrit. Je lis toujours autant, entre une demi-heure et deux heures chaque jour en fonction de la nuit que je passe. Chaque livre me nourrit je ne sais pas dire comment exactement mais ce qui m'amuse c'est comment j'attrape mes lectures. 

Au vol. 

Télérama et le Masque m'inspirent moins qu'auparavant. Je ne lis toujours pas les livres qu'on m'offre. 

Les deux derniers livres que j'ai lu me viennent l'un (je l'ai terminé pendant la sieste hier aprèm et déjà j'ai oublié son titre et son auteur mais il est japonais l'auteur ah voilà Shirobamba, un énooorme charme par Yasushi Inoue) du marché au livre Georges Brassens, et l'autre de la boîte à livre TROP BIEN de Bussières, dans le Morvan, hier aprèm après la sieste - Alexis Zorba. Je l'ai pris pour ma belle soeur qui part cet été en vacances en Grèce, elle n'en a pas voulu, j'ai regardé la couv et l'intérieur et le style m'a attrapée tout de suite. L'auteur a publié des essais philosophiques et il rend la philo accessible dans son roman avec des personnages et un territoire (le sien, la Crète) hauts en couleur, j'ai soif de tout ça. 

Les autres de ma pile à lire - je ne sais pas encore lesquels j'emporte en vacances - j'en ai trouvé un à la librairie une saga berlinoise, plusieurs autres sur le compte de la poétesse Kate Baer et deux autres dans des listes sur Instagram peut être the Newyorker ? Un titre m'inspire je l'achète puis je lis tout de suite, longtemps après ou jamais. Ce qui est dommage, le jamais. Mais je ne sais jamais non plus quel sera mon prochain bouquin, ni sur quel critère je le choisis. Ma main, mon oeil attrapent. Et ensuite quand c'est bien j'essaie de finir (je pressens par exemple que Zorba le Grec ça ne va pas être si facile de le finir, il est truculent mais c'est un livre d'un autre temps et pourtant j'ai envie de savoir ce qui va leur arriver à ces deux hommes, le narrateur et Zorba). 

Quand j'aime un auteur par exemple Sigrid Nuñez que j'ai découvert avec L'ami (grâce à Télérama) ou Edgar Hilsenrath découvert avec Nuit (par une amie qui a contribué à sa réédition), j'ai envie de tout lire d'eux. J'en achète plusieurs à l'avance. Je suis parfois déçue mais souvent pas. Sans doute c'est mon dernier Sigrid et peut-être un autre que je vais emporter en vacances avec Zorba. Des romans nourrissants où en effet les personnages attachants et inédits se mêlent à une pensée jamais vue ailleurs et à une langue très riche. Oh la la que j'aimerais écrire comme cela. Mais peut-être y viendrai-je ! 

Bon après midi ma chéri-chérie. Merci pour ta question Cénina. 

Et toi, tu les trouves où les bouquins top sur lesquels tu mets la main en ce moment ?

Nuit j'en avais déjà parlé dans les Trésors de l'année dernière et j'y pense toujours. Un autre livre auquel je pense toujours (encore dans cette liste de Trésors) c'est Enfance de Tove Ditlevsen. Avec l'Ami, ce sont des livres qui tiennent à l'estomac. 

agrandissement du territoire

J'ouvre mon carnet pour poser par écrit ma question rituelle, "dear God, qu'est-ce que j'écris ?" (sur mon blog, dans mon livre, à Untelle..). Et avant même de noter quoi que ce soit, je tombe sur la question brûlante posée hier dans le sus-nommé carnet. 

Comment je fais pour éviter que ma vie ne rétrecisse ? 

J'ai pensé hier après-midi à cette phrase d'Anaïs Nin, La vie se rétrécit ou s'agrandit proportionnellement à son courage. 

Les réponses qui me sont venues, toujours dans mes questionnements - réponsements du carnet, ont été Do you artist dates. Reprends tes randos. 
J'ai envie de repartir marcher mais depuis le covid (et le départ des enfants bizarrement) j'ai plus de mal à me séparer de Nicolas. J'ai 30 000 excuses, mon dos tordu, le chien qui vieillit, no sé qué. Une autre réponse que j'ai reçu c'est Reprends les cours de guitare. Je vais le faire, je vais le faire... 

Bref la seule chose dont je me sente complètement capable aujourd'hui, c'est la poursuite fidèle de mes artist dates. (Je ne renonce pas à l'idée de partir marcher seule ni de passer le pas pour appeler le prof de guitare que j'ai en tête, and I'll be ready when I'll be ready). Alors voilà. Je vais agrandir mon monde avec le prochain artist date (cet aprèm), et les suivants (les semaines suivantes). 

Dans ma liste d'artist dates possibles (moments juste pour moi hors de la maison, qui répondent à la question "what would be lovely ? intersting ? exciting ? et faisable), j'ai 
une expo au musée Delacroix
une expo photo à la BNF
une expo sur les artistes arabes à Paris à musée d'Art moderne de Paris
un tour de vélo à Clamart voir les nouveaux quartiers qui se construisent le long de la ligne de tramway
un tour de vélo à Issy les Moulineaux voir les nouveaux quartiers qui se construisent le long de la route que je prends souvent en voiture

Ces idées me viennent de Télérama, de mes trajets en voiture, et puis j'ouvre les oreilles et les yeux quand j'entends un truc... 

J'adore avoir une liste avec de quoi piocher dedans en fonction de mon emploi du temps et du lieu. 

Et toi ma chérie-chéri - que fais-tu pour élargir les contours de ton monde ? 

Mes autres stratégies pour étendre le monde, sont tout ce que j'entreprends avec Nico (surtout avec lui, on ne se quitte plus ! lutter contre les vrillettes, un projet de nocturne au musée d'Orsay), avec mes filles, avec mes amies ! 

la nostalgie

Ma chéri-chérie, 

dans l'appli de photo que j'utilise pour nettoyer mon téléphone des doublons et de toutes les mochetés.. parce que c'est chouette de pouvoir essayer des prises de vue sans s'inquiéter de gâcher de la pellicule ! via cette appli donc, je tombe sur des photos de moi avec mes filles et des filles seules ou ensemble ou avec leur papa ou avec leur chien - my girls doing their things. 

Chimène m'envoie des photos de notre goguette de jeudi, elle était chouette cette balade avec elle sous le soleil d'avril- je ne pouvais pas les garder toujours petites et sous mon aile, mes bichettes, et elles sont plus heureuses dans leur vie indépendante même si pas toujours heureuses (parfois j'ai peur qu'elles nous cachent quand elles ont une difficulté, pour ne pas nous inquiéter et aussi pour pas qu'on leur dise Tu vois !! allez, reviens à la maison !!) (cette proposition ma mère me l'a faite pendant 20 ans après mon départ de la maison, au moins 20 ans !!! dès que j'avais un pet de travers avec Nico, - Tu rentres à la maison ? - Mais Maman ma maison c'est ici, avec lui...)

Oh putain j'ai envie d'aller à Belle île, respirer cet air là, les pins cupressus, avoir froid aux seins, manger beaucoup trop de crêpes, être agacée par la famille. 
Oh putain parfois je me demande si je m'en remettrai du départ des enfants, comment on retrouve une vie intéressante et pleine après cet énorme coupure de leur départ. 

Et puis je regarde les amis qui s'en sortent très bien. 

Mes enfants. Parfois je ressens leur absence présente et à venir comme un coup de poing dans le ventre.
Et puis ça passe.
Et puis ça revient. 

J'ai appris l'autre jour que nostalgie vient du grec, nostos "maison d'enfance" et algos "douleur". Et qu'en Russie, pendant je ne sais plus quelle guerre, exprimer sa nostalgie pouvait valoir à un soldat d'être enterré vivant ! Parce que oui les amis, c'est contagieux ! J'ai appris aussi que la nostalgie est vécue par des gens comme une ressource, retourner vers des souvenirs heureux... Ben moi ça ne m'aide pas tellement. 

Et toi ma chérie-chéri - qu'est-ce qui te rend nostalgique ? 

rayonner sa lumière

Ma chéri-chérie,

ça ne souffle pas trop chez toi ? 

Je t'écris depuis le grand fauteuil, en face de la cheminée. Tout à l'heure, après le passage à la déchetterie, j'ai tronçonné des buchettes et ça fait du bien ce feu qui crépite et irradie ; mon Dieu comme il se consume vite le bois, comme il en faut de l'énergie pour se réchauffer l'automne et l'hiver. 

En face de moi sur le canapé (on est tous collés serrés dans le salon, la pièce à tout bien chaude et où ça capte internet) Chimène et Hush. Nicolas est parti bricoler dans son appentis appelé, en patois bourguignon, le caboulot. L'écriture de mon livre n'avance pas comme je voudrais, je suis distraite par le soleil quand il fait soleil, par le feu quand il fait nuit, un vrai chiot qui cherche toutes les raisons pour baguenauder d'un tronc d'arbre à l'autre - et ça, à 49 ans moins deux jours. 

J'aime bien la série de questions que je t'ai posées dernièrement. Fraise framboise myrtilles, comme y disent la génération Alpha sur Tik tok. J'y tiens car chaque question nous conduit à voir le bon le beau et le potentiel de nos vies, au lieu de l'horreur et l'inextricable qui se développe dans plusieurs endroits du monde. L'horreur existe ; et cela ne nous dispense pas de rayonner notre lumière, et même ; au contraire. 

Par exemple, qu'est-ce qui est bon pour toi en ce moment ? 

Par exemple, quels sont tes coups d'éclat de l'année écoulée ? 

Par exemple, quand tu doutes, tu fais quoi ? 

Tu nous dis ? ça m'intéresse vraiment de savoir !! 

Ici je m'habille souvent à la one again - avec ma salopette bleue ou la combinaison militaire kaki, toutes deux pleines de poches, solides, géniales pour m'affairer dans le jardin et la maison. Ce coup-ci j'ai ajouté un foulard de cuisinière japonaise dans mes cheveux... Ah oui pi y'a les sabots si pratiques pour entrer et sortir tchoup sans dégueulasser la maison ! A la fois ils tiennent aux pieds et à la fois ils sont faciles à enlever. Perfection. 

des pauses qui me font plaisir

 

Bonjour ma chérie-chéri !

Comment vas-tu ce matin ? 

Hier et lundi j'ai été un peu frustrée de dire à tout le monde, j'ai pas le temps, et de me trouver une grande partie de la journée vissée à ma chaise - sauf hier après midi où j'ai pris le temps d'aller explorer Chatillon comme prévu et c'était chouette ! Non mais en vrai je n'ai pris aucun rendez-vous cette semaine car Alma devait être à la maison.. sauf qu'elle n'y est pas (elle garde deux petitous de deux ans) et du coup : moi libre comme l'air... de travailler. Ce qui est TOP et bon. J'ai aussi besoin de respirer. 

Aujourd'hui, pas d'artist date en vue, et j'ai décidé de passer une bonne journée... Notamment en ménageant, entre deux activités, des pauses qui ont du sens et qui changent. Et donc j'ai fait quoi ? une petite liste, ce matin, de trucs que je pouvais faire entre deux activités pour me faire une pause heureuse. 

Donc au menu du jour j'ai

cuisiner un gâteau (peut-être une tarte au citron ? j'ai envie de ça..) (20 minutes de préparation + lavage des ustensiles)
dessiner les deux chaises du rez-de-chaussée avec un mix bic + crayons de couleurs (10-15 minutes - je dessine vite !)
écrire à mon amie S. une tite carte (5-10 minutes - j'écris vite !)
rempoter un ou plusieurs pots de pensées que j'ai achetées hier lors de ma goguette (5 minutes par pot, plus si je dois aller récupérer de la terre au jardin...)
appeler Chiménette jolie (le temps qu'elle aura)
faire le yoga que je n'ai pas pris le temps de faire ce matin 

Bon je suis parée en pauses on dirait !?

Et toi ma chérie-chéri, tu fais quoi pendant tes pauses, lorsque tu travailles de la maison ? 

***

A ce propos.. t'as peut-être pas trop le temps en ce moment.. Et une manière de faire une pause utile et heureuse dans tes journées d'automne pourrait être... de te relier au programme-compagnon Y'a des limites. Car certes ce prog-comp prend du temps, quelques minutes par jour et davantage si tu viens aux rendez-zoom, te connectes avec une Believing Mirror.. mais je te promets, qu'est-ce que tu vas en gagner du temps si tu as moins de ruminations et moins de couacs relationnels liés aux cadres mal posés ! Tout ça pour dire que le prog-comp d'automne commence mardi 14 novembre, ça t'a le temps pour te décider, et le tarif Early Bird lui a cours encore jusqu'à vendredi, ce vendredi à minuit. Le prix Early Bird est de 149 euros, samedi matin il passe à 199 euros.  

Ici tu vas trouver la page où j'essaie de présenter le programme de la manière la plus complète à laquelle j'ai pensé (si t'as des questions, demande moi, j'oublie toujours des trucs et / ou je n'écris pas tout car sinon c'est soulant). 

Ici tu en as plein les yeux avec le diaporama conçu par Chimène et moi. 

Et ici, voilà Christie TV, bon, ça vaut ce que ça vaut... ! 

Et si tu sais déjà que tu as envie de profiter des semaines où la lumière décroit, pour te voir progresser en posage de cadre... Ecris moi à [email protected] 

la dérive

Bonjour ma chérie-chéri,

alors aujourd'hui était le jour de notre supervision mensuelle avec mon groupe de supervision et notre superviseur (un truc que font les coachs pour comprendre un peu comment ça se passe, pour eux et pour leurs clients). Cette supervision avait lieu rue Sainte Anne et j'avais ensuite pas mal de choses à y faire dans cette rue, d'abord je voulais déjeuner dans le resto coréen dont Roz tu nous avais parlé, puis j'avais prévu d'acheter des épices chez Roellinger pour une amie chère, et enfin comme c'est en face, je pouvais bien aller faire un tour à la Librairie du voyage. Le plan ensuite était de marcher "en dérive" c'est-à-dire dans la direction générale mais pas exacte, jusqu'à la station de métro Saint Michel. 

Tout a failli valser en éclat une première fois quand - je me suis arrêtée sous un porche pour mettre la Chanson de Jacky de Jacques Brel dans mes écouteurs - et j'ai vu passer devant moi mon superviseur ; il ne m'avait pas vue ou peut-être que si mais ne l'a pas montré ; je me demandais où il allait, j'ai été tentée de le suivre, incognita dans la rue très passante à l'heure de midi ; et puis j'ai renoncé, j'avais faim, ou je n'ai pas osé, enfin bref sans trop analyser mes motivations ni pour avoir envie de le suivre, ni pour finalement décider de ne pas passer à l'acte, je me suis dirigée comme prévu au Coréen du numéro 44 et me suis régalée d'un bibimpap, d'ou bouillon au chou et de petits assiettes de condiments mystérieux, un festin pour 13,50 euros, merci Roz.

J'ai acheté ensuite plusieurs pots d'épices pour mon amie...  puis ai résisté à plusieurs pêchers d'envie à la sublime Librairie du voyage juste en face... Puis ai réglé ma dérive sur mon téléphone, direction Saint Michel.

Ma dérive m'a conduite dans un petit passage conduisant de la rue Richelieu, à la rue qui longe les jardins du Palais Royal. En haut des marches de ce passage, j'avise une jeune femme à l'arrêt, le visage très crispé. J'arrête mes écouteurs. - Ça n'a pas l'air d'aller... - Non, j'ai très mal au ventre... - Vous avez besoin d'aide pour descendre ? - Oui, je veux bien... 

On a trouvé deux gros coussins en rebord de fenêtre d'un restaurant en face des marches, et on s'y est posées 10 minutes. - Mais, vous avez le temps ? Elle m'a raconté sa vie de jeune maman qui vient d'être promue à un poste de manager. Elle m'a parlé de ses douleurs, chaque mois, dont les symptômes ressemblent fort à ceux de l'endométriose. Je lui ai passé deux kleenex, lui ai caressé le bras. Et on a repris nos dérives, elle vers son bureau et moi j'ai traversé les jardins du Palais Royal pleins de tulipes, d'enfants et de chiens - et finalement j'ai pris le métro là, à la station Palais Royale, et suis rentrée à la maison - ma dérive avait atteint son but. 

la fille de Jean Giono

 

Je t'écris depuis Malakoff, une ville des Hauts de Seine, jouxtant Paris par le Sud Ouest, via le 14ème arrondissement - la porte de Vanves. Nous sommes collés au périphérique, enfin pas moi mais la ville, autrefois là où j'habite c'était "la Zone" - et aujourd'hui encore, des personnes sans abri plantent leur tente sur le bout de pelouse entre le périph et Malakoff. Bref près de chez moi il y a encore des restes de cette zone. Ainsi que des hôtels du 115, hébergements d'urgence qui se pérennisent pour des familles qui sinon dormiraient dehors ou seraient reconduites à la frontière. 

Mais chez moi, ce n'est pas du tout la zone. J'habite avec mon mari, nos deux filles et Hush notre chien, une maison dans une rue qui coupe Malakoff dans sa largeur, elle va de Vanves à l'Ouest à Châtillon à l'Est, pfiout. Notre rue est bordée d'immeubles et de maisons avec des jardins, c'est dans l'une de ces maisons que j'habite ; quand je pense aux tentes près du périph et aux hôtels du 115, je me dis que j'ai de la chance. Les murs extérieurs de la maison sont recouverts de briques roses et les huisseries sont gris anthracite. On y arrive via un petit jardin de devant, et un escalier en bois béton. Puis elle se déploie sur trois étages, un rez-de-chaussée (qui comprend l'entrée, une chambre, la cuisine, la salle à manger), puis de là on monte au premier étage, ou on descend au rez-de-jardin avec un salon, la buanderie, le garage, et le jardin de derrière.

Mon bureau, la pièce où j'écris le plus souvent cette année, est situé au premier étage - c'est-à-dire, tout en haut de la maison. C'est une pièce accolée à notre chambre. Au début, avant qu'on emménage, ça me dérangeait, l'idée d'être aussi près de ma chambre. Et puis on a peinte la pièce en rouge (couleur du désir) et en gris (couleur de la réflexion) et j'y ai installé ma table bleue, mon fauteuil bleu canard et orange, mes livres et mes jouets - et je m'y suis sentie bien. Même si aujourd'hui je la trouve un peu encombrée (tous ces jouets ! tous ces livres ! toutes ces piles de cahiers qui menacent de s'effondrer à chaque mouvement !), j'y travaille avec plaisir. 

Nous étions installés dans notre maison de Malakoff depuis un an ou deux, quand je me suis souvenue d'une lecture que j'avais faite, enfant. Aline Giono, l'une des deux filles de l'écrivain Jean Giono, racontait ses souvenirs d'enfance - évoquait le père de son enfance. Ils habitaient une grande maison, un mas, dans la campagne provençale ; Jean Giono avait installé sa pièce à écrire tout en haut de la maison. On y accédait par une échelle de meunier, et une trappe. Quand il voulait entendre les  bruits de la maison, il laissait la trappe ouverte, et quand il voulait s'en protéger il la fermait. Mais ses filles, et sa femme avaient le droit d'entrer quand elles le désiraient. En lisant ce livre, je me suis dit Je veux un bureau comme cela, en contact avec la vie de la maison, tout en haut, et vivre avec une personne que j'aime, et qu'on aie des animaux, et des enfants, qui ne me dérangeront pas quand ils entreront dans "ma pièce" car ils viendront par amour, ou par besoin. Et moi je serai heureuse de les voir, de les savoir près de moi, et d'entendre les bruits qui filtrent de leur présence. Et si j'ai besoin bien sûr, de silence, je pourrai fermer ma porte. 

Et je me suis sentie heureuse, si heureuse, en comprenant un peu après notre arrivée, que mon rêve de bureau à la Jean Giono, j'étais en train de le vivre. 

le Grand Canal

Brrrr ça pince.

L'eau gèle dans les seaux.

J'ai envie d'aller voir le Grand Canal à Versailles, vérifier si l'eau n'est pas toute dure au point qu'on pourrait imaginer y patiner. 

Le tour du Grand Canal. Mon enfance. Mon adolescence. De là où on habitait, où habitent toujours mes parents, on pouvait y aller à vélo. Ça faisait 5 kilomètres, c'était pas énorme comme distance mais le chemin y'avait une côte bien costaude, puis une ligne droite bien longue. Mais on y allait, certains samedis après-midi. Je râlais, et j'aimais bien quand même ces balades du week-end. 

Versailles. Comme la soupe, j'avais dit que je faisais une croix dessus. Et puis souvent, l'hiver, j'ai envie d'une soupe. Et parfois comme aujourd'hui - il gèle, voilà, l'imagine le Grand Canal gelé - je me languis de Versailles. C'est bizarre comme la nostalgie nous tombe dessus, bam. 

Versailles. Le soleil d'hiver. La pierre grise autour du Canal. Tout bien droit. Les pavés de la rue Royale, bien droite elle aussi. Le Quartier Saint Louis, où habitait ma grand-mère, l'autre, et où j'avais mon lycée. 

Je ne m'y suis jamais sentie chez moi. Cette ville me disait, Va t'en. Alors que Brest, alors que Toulon, alors que le Havre, alors que Malakoff, alors que Valparaiso, alors que Paris, alors que Venise. Toutes me disent, Reviens. Alors, j'écoute, et je reviens. Voire, j'y reste. 

Mais aujourd'hui c'est Versailles qui me murmure, Reviens. 

Bon, je vais voir ce que je peux faire - avant la fonte du gel. 

les 4 messes de l'Avent

Coucou ma chérie-chéri ! 

Bon. Si y'a bien un truc qui me fait râler, c'est de préparer Noël (enfin surtout la partie IL FAUT, les cadeaux, toussa. J'adore faire des cadeaux hein ! Et pas quand je DOIS). Et si y'a bien un truc que j'adore, c'est allumer, l'une après l'autre, les 4 bougies de l'Avent. Cette année j'en ai trouvé des assez grandes rouges chez Monop. 16 euros l'ensemble. Moi contente. 

Le truc, c'est que je ne me sens pas tellement autorisée à allumer mes bougies TANT que je n'ai pas été à la messe correspondante. Va savoir Charles. (C'est comme pour les cloches de Pâques, à présent que les filles et même moi parfois on ne va pas systématiquement à la messe pour Pâques. Ben je ne suis plus très motivée pour cacher les oeufs. Bon aussi à Pâques prochain elles auront 21 et 18 ans. Mais ce n'est pas leur âge qui m'empêche, plutôt le lien "récompense" et pratique religieuse, en train de s'éroder). Et donc ce lien, entre pratique religieuse et récompense, pour moi, j'essaie de le vivre, sinon ça ne marche pas, je sens que je ne mérite pas. 

Bref cette année, je n'ai pas de calendrier de l'Avent pour moi mais j'ai mes bougies rouges. Et je me suis promis, pour les savourer, d'aller à la messe les 4 dimanches (ou samedis) avant Noël. 

Hé ben j'ai bien fait car c'est toute une aventure. 

Fatigue, nuit, week-ends en Bourgogne, invitations à déjeuner, ou à dîner, engagements au Secours Cath(olique), toutes ces "contraintes" (et aussi mon envie d'explorer) m'ont conduite jusqu'à présent à 

une messe de campagne le samedi soir, conduite dans une nuit noire à couper à la scie à pain, avec toute l'assemblée qui fait quand même pas mal la gueule... 
une messe des familles à potron minet (9h30), avec l'église pleine !! 
une messe du dimanche soir à Paris, paroisse Saint Roch, avec un curé en robe en dentelle et des paroissiens qui communient à genoux, l'ostie dans la bouche... 

Me reste une messe, je pense que dimanche j'irai à celle en face de la maison, à 11 heures. Ce sera moins l'aventure mais je me sentirai "chez moi". 

Et c'est chouette d'avoir exploré d'autres messes car bon ben j'ai vu du pays (l'Eglise Saint Roch ! elle est si belle !!) ; et je me souviens encore mieux de ce que j'y trouve, dans ma paroisse. Un curé ouvert et nourrissant. Une communauté accueillante. Pas de colère ou de tristesse liés à l'ambiance rance. La fierté d'être catholique. Et mes copains et copines bien sûr ! 

Et de temps en temps c'est bien de quitter cette chaleur, pour voir ce qui se passe ailleurs et comprendre ma chance, d'avoir trouvé une paroisse ; comprendre aussi le rejet du catholicisme par une grande partie de la population. Je ne sais pas comment j'ai fait pour tenir si longtemps catho, sans le soutien de cette paroisse que je connais depuis toujours (c'était celle de ma grand-mère paternelle) mais ne fréquente comme la mienne que 2014. 

Chercher son port d'attache. 

Je me sens chanceuse de l'avoir trouvé, pour la foi. 

Et toi ma chérie-chéri, comment tu te rattaches ?

ni contre et plutôt pour

J'ai encore mal au pouce gauche, d'une épine de rosier qui est passée à travers les gants de jardinage. Il y en a toujours une qui s'infiltre. 

Hier, le gros de ma journée a été consacré au débitage de ronces et de lierres qui empoisonnaient un mur d'enceinte, le mur était en train de s'effondrer et il a fallu arracher des monceaux de lierre pour lui permettre de rester à peu près debout. Restes, les monceaux de lierre et de ronces, que nous débitons petit à petit pour en faire du petit bois quand c'est possible, ou des tout petits morceaux pour le compost. Nous les débitons à la scie, au sécateurs, aux doigts et avec la grosse machine qui transforme les lianes et les feuilles en tout petits morceaux. 

Cette activité en plein air, très répétitive et moyennement satisfaisante (le tas de branches et de racines enchevetrées reste encore bien gros après plusieurs journées consacrées à le faire descendre), personne ne me force à la faire, à vrai dire j'y vais de moi-même et volontiers. Elle me laisse le temps de méditer. Notamment à cette phrase de mon copain A., l'autre soir dans sa cuisine. "Moi, je ne suis pas pour les maisons de campagne. Je préfère voyager et découvrir de nouveaux lieux."

Moi qui aime voyager et découvrir de nouveaux lieux, cette phrase me donne à penser. 

Car j'aime aussi m'ancrer. Planter. Faire mon compost. Rencontrer et connaître les commerçants. Faire le feu avec du bois que j'ai scié moi-même. Oui j'ai besoin de cette simplicité, on sait quand on part, où on part pour le week-end. On retrouve nos livres, nos foulards, nos torchons. 

M'ennuyer. 

Etre avec Nico, simplement. 

Voyager me manque, et au bout de quelques jours de voyage, je me dis souvent Bon, et alors ? 

Alors que mon tas de branches qui diminue, notre mûr qui va s'effondrer moins vite, nos projets de plantations de cassis, de groseilles. La joie d'observer la danse des saisons. "Tiens il y a 15 jours on pouvait déjeuner dehors, cette semaine on ne peut plus." "Tiens les oies, ça y est, elles ont fini la traversée de la Bourgogne." "Tiens il y a 4 jours on avait 4 brassées de roses, aujourd'hui plus que trois roses - et ces trois roses, comme je les savoure !"

Joie (et chance) d'apprivoiser un nouveau coin de planète.