J'attends un coup de fil de l'hôpital (du centre de vaccination de l'hôpital Percy) ; j'avais pris rendez-vous ce matin chez mon médecin pour me faire vacciner ; Doctolib était d'accord ; et quand je suis arrivée devant mon médecin, il m'a dit Ah mais non. Donc (comme je m'étais enfin décidée, je suis plutôt pro-vaccin et très désireuse de me faire vacciner contre le COVID, et j'ai peur des piqûres), bref j'ai appelé l'hosto et ils vont me rappeler dans la journée pour que je rapplique zoup. Donc j'attends, pas loin de mon téléphone, reusement que j'avais prévu de consacrer ma journée à ça, le vaccin, le contrecoup du vaccin.
Pour écrire, il faut lire.
Ou peut-être est-ce la lecture, qui mène à l'écriture.
Bien sûr, je lis pour moi, pour ma propre croissance et pour mon plaisir. Et, lorsque je fais une trouvaille qui peut me rendre service pour ma propre écriture, houp houp houp, je me la garde au chaud pour la réutiliser, pour moi.
Après le livre de Pennac qui m'a "renseignée" sur le quoi, et m'a confirmé que je désirais ardemment provoquer chez d'autres ce genre d'inconfort délicieux, il y a eu d'autres livres qui m'ont mise sur la voie du comment. Quelle forme je voulais donner à mes livres - en tout cas, pour l'instant.
Il y a deux semaines, j'ai enfin réussi à insérer dans ma lettre Ma journée préférée, le champ de personnalisation avec le prénom. Réussi au sens "technique" et au sens "audace". Donc maintenant, dans ma lettre tu vois arriver ton prénom. Ça a un côté artificiel - je ne connais pas tous ceux à qui je m'adresse. Certains lecteurs apprécient d'être appelés par leur prénom, d'autres, ça les gonfle, ils trouvent que ça fait "grosse ficelle". Et aussi, cette envie de m'adresser au fond de l'âme de celle et celui qui me lit, elle vient de loin. J'en ai pris conscience en lisant le livre de Lise Bourbeau, Les cinq blessures qui empêchent d'être soi. Livre magnifique, douloureux, révélateur et qui, oui, a parlé à mon âme.
Et ben la meuf, bon, elle ne m'appelait pas par mon prénom, fatalement, mais elle me tutoyait. Non, on ne se connaissait pas ET j'avais le sentiment qu'elle m'écrivait, à moi, Christie, comme si j'avais été sa fille d'outremer (elle est Québecoise). Voilà, je déteste que des inconnus me tutoient, et je ne tutoyais pas des inconnus jusqu'alors, mais là, son tutoiement me disait Tu es mon enfant, et je t'aime. Ce tutoiement est une manière pour moi de me rapprocher de toi.
Et je désirais ce rapprochement. Et je sentais son amour ! En la lisant, en goutant la chaleur de son écriture, j'ai pensé Moi aussi je veux faire ça avec mes lecteurs, moi aussi je peux faire ça. J'ai commencé à tutoyer les lecteurs dans mes livres. Je me suis mise à te tutoyer ici. J'ai commencé à employer le tu dans ma newsletter. Parce que oui, les personnes qui me lisent personne ne les force, et tant qu'à t'écrire, j'ai envie d'entrer dans ton âme - comme j'aspire à être pénétrée par celle, celui que je lis. (Alors après il y a plein d'autres auteurs, là je pense à Françoise Dolto, qui font passer leur chaleur et leur amour, leurs images, leur fantaisie, sans me tutoyer ! Mais quand j'ai lu Lise Bourbeau, j'ai pensé Voilà ce que je vais faire. Elle me montrait une direction pour le ton, une direction très précieuse. Parce que le ton d'un livre, c'est tout ! Sa chaleur, l'énergie avec laquelle le lecteur repart, se sent quand il lit le livre, c'est énorme. Enfin, moi, c'est ça que je cherche. C'est d'ailleurs une chose que j'aime lorsque je lis Daniel Pennac, de sentir son amour pour l'espèce humaine ; et c'est pour cela que je ne lis pas Houellebecq, pas Marie N'Dyaie, pas Guy de Maupassant, pas plein de monde ! Avec eux je ne sens pas l'amour, je sens le dégoût et ce n'est pas la vision du monde que je désire nourrir en moi.)
L'indication importante suivante, quant à "comment je désirais écrire", je l'ai reçue en lisant Anne-Marie Jobin, tous ses livres sur le journal créatif. Sa manière de nous emmener à l'action, c'est Essaye ceci. J'aime l'appel à l'action. J'aime l'humilité. J'aime le "no big deal, ce n'est qu'une expérience". J'aime le souvenir de mon enfance et de celle des filles, Allé, goûte. Alors, je me suis dit, Voilà comment je vais appeler mes lecteurs à passer à l'action. Avec humilité, avec persistance, avec le Goûte, ce n'est qu'une bouchée, si ça se trouve tu vas aimer ! Et si tu n'aimes pas, tu n'es pas obligée d'en reprendre. Je ne sais pas si ça marche auprès de mes lecteurs, mais ça marche avec moi, ça me rassure de penser On y va par petites touches, on y va en testant. Et comme je suis à l'aise avec cette démarche de J'essaye, j'y vais sans hésiter.
La troisième indication importante m'a été donnée par Julia Cameron dans Libérer sa créativité. OK, ce livre relu 8 ou 9 fois n'a contenu pour moi QUE des indications importantes and life changing. Bon mais là je te parle de ma manière d'écrire, de la forme de mes livres, de ce qui "fonctionne pour moi en tant que lectrice, que j'ai eu envie de reprendre en tant qu'écrivain". J'ai adoré sa structure imprimée dans le temps. 12 chapitres, 12 semaines. Cette manière de faire nous, me, tenait. Elle était loin, elle ne me tutoyait pas (quoique, avec le YOU, on ne sait pas), mais avec sa structure dans le temps, un chapitre, une semaine, je me sentais tenue par les bretelles de mon Marcel, tenue à distance par cette femme qui savait que j'avais besoin de cette structure, de me fixer un cadre temporel.
Alors ça ne marche pas pour tout le monde, et ça a très bien marché pour moi. De la même manière que tout le monde n'est pas taillé pour agir au moyen d'un bouquin. Mais quand on veut faire agir un lecteur au moyen d'un livre, alors, à mon avis, il y a un certain nombre de critères - l'affection, l'amour qui se sent ; l'encadrement temporel, cette semaine tu fais ça, la suivante, tu fais ça ; et aussi, l'encouragement à prendre des petits risques "pas graves". Et ça, ce sont trois femmes qui me l'ont enseigné.
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