Ils peuvent venir, les tigres, avec leurs griffes ! se vante la rose au Petit Prince (elle avait 4 épines pour se défendre).
Jeudi soir je vais prendre un pot avec une amie. Je mets une jolie robe rouge, et sur le chemin m'arrive ce qui m'arrive souvent quand je porte une robe ou une jupe : un homme m'interpelle, Vous êtes jolie !
Alors moi j'aime bien qu'on me dise que je suis jolie, donc je le remercie avec un grand sourire et je poursuis mon chemin. L'homme était assis, il se lève, court un peu pour marcher à ma hauteur, il me montre son téléphone portable, - Hé, me dit-il, restons en contact ! - Oh, monsieur, je pourrais être votre mère ! je proteste. - Si, si, restons en contact. - Ecoutez, je n'ai pas la disponibilité pour commencer une nouvelle relation sentimentale aujourd'hui. - Allé ! insiste-t-il - Ecoutez, votre insistance me touche, et je vous ai dit non, je lui dis, toujours en souriant.
Je n'ai absolument pas peur. Je marche, je sais où je vais, l'homme renonce tranquillement.
Des interactions comme celle-ci, j'en ai vécu des dizaines dans ma vie, qui se sont toujours terminées en bons termes, sauf trois fois où j'étais moins reluisante dans mon être intérieur et j'ai dû parler plus fermement pour que les hommes s'en aillent. Mais dans 95% des cas, je suis toujours restée sereine, sur le ton du badinage, et les gars sont partis la tête haute. Ils jouaient, j'entrais dans leur jeu, ça durait 5 minutes, et chacun retournait à sa vie.
Mon histoire du jour ne s'arrête pas là.
Arrivée au café, un café où je vais souvent place Edgar Quinet à Paris, le café Odessa (l'accueil et l'emplacement sont très chouettes, même si les prix sont un peu chers), je retrouve mon amie, on est heureuse de passer cette soirée ensemble... Le serveur arrive pour prendre la commande, son oeil gauche est injecté de sang. Comme je le connais un peu, je lui demande - Oh la la votre oeil, qu'est-ce qui vous est arrivé ? - J'ai été victime d'une agression homophobe en me rendant au travail, un dimanche matin à 9 heures. Des jeunes bourrés qui manifestement sortaient de boîte de nuit... Cela m'a étonné car depuis des années je n'avais pas subi d'agression... Ils m'ont tabassé, et personne dans la rame n'est intervenu, j'ai été laissé pour mort sur le quai. J'ai eu peur de perdre mon oeil. Heureusement, ça revient doucement, le médecin me dit que ça va être long mais ça revient.
Choc.
Tristesse.
Souffrir avec.
Action.
Ce soir, retourner sur cette place à Paris, lui porter une médaille de protection, une de ces petites médailles que je chine dans les vides-greniers, que je trimballe sur moi mais je n'en avais pas ce soir là, dont mes amies qui en ont reçu une connaissent le potentiel protecteur, bénissant, bulle de sécurité et d'amour, au moins pendant quelques années, avant que le talisman ne s'estompe et qu'il faille en forger un nouveau.
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