maviesansmoi

something to do

Ma chérie - cheri,

je t’écris un samedi parce que je ne t’ai pas écrit hier. 

Hier j’ai fait autre chose qui était difficile pour moi - je me suis déshabillée et rhabillée seule après la douche. 

Avec les grandes chemises et les jeans amples et souples, c’est plus facile. 

J’apprends.

 

Ma chérie-cheri, je t’écris depuis un transat gris beige Lafuma, très confortable, sur une terrasse en bois qui donne sur toute la vallée. Un poste de concierge, parfait pour mes yeux et mes oreilles et mon imagination qui ont grand besoin de stimulation. Le soleil réchauffe mon visage et aussi, m’a dit ma belle-mère, il reconstitue mes os. 

 

J’ai quitté l’état de trauma. N’ai plus mal quand je me lève, quand je me baisse. Y vais mollo sur les médocs. Chaque jour, je réacquiers de nouvelles compétences - vider le lave vaisselle ! Aller faire les courses toute seule. Je me sens comme Alice au pays des merveilles - mangez moi… je rapetisse, ne peux plus rien faire. Buvez moi…. Je grandis, retrouve mes capacités. Et à chaque fois, réévalue et reapprivoise et communique à ceux qui m’aident, la réalité du jour.

 

Heureusement, les pages du matin m’y aident - je les poursuis, de la main gauche. L’écriture change radicalement - de petite fine nerveuse je passe à ample maladroite enfantine. 

 

Écrire de la main gauche - c’est long. Laborieux. Et j’ai tellement de temps devant moi, soudain ! Alors cette rampe là, je décide de la tenir encore.

 

Et toi ma chérie-cheri ? What are you up to, these days ? 

 

 

Christie yogi

Namasté ma chérie-chéri !

Je viens de faire mes 12 minutes de yoga - 3 salutations au soleil, un "équilibre-arbre" sur chaque jambe, sur mon tapis-monde installé le temps de la séance face à la fenêtre grande ouverte du balconou. Je n'en reviens pas d'avoir "tenu" toute la semaine dans cette pratique quotidienne ! En 40 ans de yoga, hé oui, c'est la première fois que je transforme (sans effort, très naturellement) le yoga en pratique quotidienne. Je prévois de l'enrichir dès ce week-end en Bourgogne, avec l'aide de ce super livre qui propose pleins d'enchainements coooool : Le yoga face. (Ouais, je sais. The title sucks, mais le livre est GENIAL super bien expliqué très très riche et adapté à une pratique personnelle. Moi j'y arrive pas trop avec les tutos...). 

Les gens me croient rarement quand je leur dis que je suis yogi depuis 40 ans. C'est que je suis très cambrée ; et en cours de yoga, assez cancre. I mean, lorsque je suis inscrite à un cours j'y vais chaque semaine, je manque très peu de séances ; mais dans ce cours, je dors parfois, je fais les postures à la one again et je ne laisse pas trop le prof me corriger. Fous moi la paix, lui clame mon attitude et parfois mes paroles s'il insiste. 

Pourquoi je m'entête à suivre des cours de yoga alors, au lieu de faire de la zumba qui me feraient sans doute bien plus marrer ? 

J'ai essayé la danse, plusieurs fois dans ma vie, et au delà du fait que je ne suis encore moins douée que pour le yoga, 1. ça me fait moins de bien voire je sors du cours énervée et 2. j'ai toujours trouvé des profs de danse pas terrible. C'est-à-dire gentilles mais sans fond apparent - la profondeur y est sans doute mais le format du cours ou mon rapport à la danse, ne me l'ont pas laissé percevoir. Ah si une fois en 6ème avec Gisèle ma prof d'EPS et là c'était géniaaaaal la danse. Mais bon à la fin de mon année de 6ème Gisèle a quitté le collège pour rejoindre son Béarn d'origine. 

Alors que mes profs de yoga, tous ont une profondeur, une attention aux autres, à moi, une tendresse, une sagesse et une sagacité - tout ces qualités passant par le ton, les gestes, de manière mystérieuse et qui m'apaise et me nourrit. 

C'est Maman qui m'a initiée au yoga, sur la plage ; elle en faisait après le boulot, pour se calmer et se détendre ; à la fin de la journée, quand le soleil baissait sur la plage, elle me montrait le loin qui s'étire à quatre pattes, ou l'équilibre sur une jambe. Elle avait un super livre, Faire du yoga avec ses enfants (un nom du genre, c'est pas le titre exact). Je le lui ai piqué mais où est-il passé ??? Aujourd'hui toutes les deux, on suit le même cours à Malakoff. Ce qui me pousse à continuer et à accentuer cette pratique ? Et ben quand je n'en fais pas, j'ai mal au dos - très mal au dos. Je dors mieux aussi lorsque j'ai une pratique régulière, même juste le cours hebdomadaire. C'est sympa d'avoir une activité avec Maman, et toutes les deux nous sommes très attachées à notre prof, Minh (c'est d'ailleurs presque un problème, y'a une autre prof très bien à Malakoff mais j'aime tellement Minh que je n'ose pas aller tester un cours de l'autre prof.... débile non ?). 

Maman et moi avons aussi été très marquées par les corps de mes deux grands-mères : l'une a fini bossue, l'autre perclue de rhumatismes - toutes les deux on s'est dit, Nous on ne veut pas ça ! Maman nage randonne fait des trucs pas possibles, et moi, je me maintiens et me redresse dès que je me sens pfiout m'affaisser. Pour le moment, pas de bosse à l'horizon, ni chez l'une ni chez l'autre ; quant aux rhumatismes, à part les douleurs de dos qui reviennent dès que j'arrête mes étirements yogis plus d'une semaine - y'en a pas. 

Et toi ma chérie-chéri ? As-tu installé une pratique quotidienne de sport ? (Ouais bon OK, appeler le yoga un sport.... mais bon....) Comment tu t'organises ? 

La photo a été prise par Alma, au moment des cours à distance que Minh nous a proposés après le 2ème confinement ; ces cours ne m'ont pas du tout convenu, j'ai été cancre de chez cancre, je consultais mes mails entre deux postures....  et puis j'ai retrouvé les cours "en présentiel" et tout s'est remis en ordre. 

***

Ah oui, et aussi, demain matin reparait Plenty of paper, ma lettre toute fraiche avec le café / le thé / la tisane de romarin du samedi matin ! "quel bonheur ta lettre, elle fait un bien fou !" m'a un jour écrit André. Si tu veux la recevoir, tu peux t'inscrire ici. Je me sentirai très honorée de te l'adresser. Et si tu la reçois déjà et que tu as envie de la partager avec une copine ou une fille ou une soeur ou une mère : yesse ! merci. 

when in doubt, put it in

Alors cette histoire de spécificité.

Ajouter les bons détails. Et même et surtout les détails incongrus, les petits histoires de derrière les fagots. T'sais, celles qui apparemment n'ont pas de rapport avec le sujet général, mais on a envie de les raconter quand même, sans savoir pourquoi mais il y a une raison sans doute, ce sera une digression pas trop longue, ou bien, au contraire, une histoire qui a un rapport et j'ai envie de lui donner le plus de granularité possible à mon histoire, les détails, les bons détails, j'aime bien ce mot, granularité, "l'histoire que je te raconte, le détail que je te donne, il est pour te permettre d'imaginer mieux le grain de la peau, le grain du paysage, le grain de la voix." 

Donner de la précision. Ça demande de vraiment aller chercher loin en soi, "ça me fait penser à quoi ?" "C'est quoi, l'image précise que je vois ?" A cet instant défilent dans ma tête les champs de blé de mon adolescence au moment où ils sont déjà hauts mais encore verts, vert tendre, vert champs de blé, lorsqu'il y a du vent, même un tout petit souffle, le champ ondule, comme si le vent passait sa main sur la peau du champ pour le caresser, comme si le champ était devenue une mer, une mer verte, toute douce. 

En l'écrivant, je m'y transporte, et peut-être que tu t'y transportes avec moi. En te racontant les champs de blé de mon enfance et de mon adolescence, je prends aussi le risque de t'offrir un bout de mon âme, je me dis que peut-être à travers l'évocation de ces champs tu peux y lire mes longues promenades avec Natacha, sa chienne labrador Bahia la goulue et ma chienne fox terrier Bibi la doudouce. Peut-être entends-tu les secrets que nous échangions, nos peurs, nos questions, nos danses folles dans le vent. Et puis, l'intimité partagée avec mes amoureux dans ces mêmes champs, tantôt joyeuse, tantôt awkard. 

Leur beauté avant qu'ils ne blondissent, à mes champs, vaut en elle-même ; elle vaut aussi pour tout ce qui dans ma mémoire s'y rattache. Et peut-être que tu as une mémoire de conversations profondes et gaies ou tristes dans une nature familière et aimée ; peut-être que tu aimes faire l'amour dans la forêt, près d'une rivière, sur une plage, dans les champs. 

Les détails. Une image précise. A la fois ils m'égarent, et à la fois ils m'amènent à l'endroit où peut-être je devais me trouver aujourd'hui. Je fais confiance à mon écriture, c'est elle qui sait. 

Les détails. A la fois ils m'exposent, livrent de moi une vérité personnelle et précise ; et à la fois, ils sont, j'imagine, un trait d'union entre mon âme et la tienne. 

When in doubt, put it in. Il sera toujours temps, à la relecture, d'approfondir l'image, de lui donner plus de précision, d'ajouter un détail ; ou bien au contraire, temps de l'ôter, de couper, parce que finalement je n'assume pas, ou bien, parce qu'elle m'éloigne un peu trop loin de mon sujet. 

Mais en général les incongruités détaillées, je les laisse. Je les laisse parce qu'elles m'enchantent et que cet enchantement se répand dans toute l'histoire. Et c'est aussi pour elles que je suis ensuite, remerciée par les lecteurs qui aiment ce que j'écris. 

Bon après-midi, ma chérie-chéri. 

j'ai trouvé !

 

Coucou ma chérie-chéri ! grâce à toute ta bienveillance et tes conseils, j'ai trouvé my course of action for le cours de danse de Bollywood demain. 

Déjà, je décide de continuer à danser chaque matin (dans mon jardin) et chaque soir (dans la rue, sur les ponts entre Vanves et Malakoff, sur le perron de la maison) en écoutant ma playlist de ouf qui s'étoffe de jour en jour  - ne pas rendre ma pratique toute neuve, dépendante du cours de Bollyx - comme j'ai eu la connerie de faire avec le yoga, avant de rencontrer mon prof je me débrouillais très bien avec ce livre et puis Patatra, je n'arrive plus beaucoup à faire de vraies séances sans Minh. 

Ensuite, pendant le cours de Bollyx je vais me tenir à distance des miroirs ! car ce qui est compliqué pour moi, je l'ai compris cette semaine (c'est fou comme une expérience nouvelle ou inhabituelle nous en apprend sur nous-même), ce n'est pas de faire les mauvais mouvements, ni d'être ridicule, ni d'avoir le derrière qui dépasse (c'est le propre d'un cul, de dépasser). Non le problème c'est la conscience de moi que m'offre le miroir. Donc le miroir, loin de mes yeux (au cours de yoga ou quand je dans sur le pont, je ne suis pas mieux habillée ni moins tordue, simplement je ne me vois pas et ça change tout). 

Et enfin, concernant la tenue. Ben en option de ce mardi, j'ai retrouvé un legging noir Uniqlo jamais porté car TROP SOBRE (un jour, je te monterai mon legging léopard et mon autre bleu électrique à grosses étoiles blanches que je porte au yoga) (ben j'ai trouvé que le foufou ça passe au cours de yoga où tout le monde est sobre, mais pour le Bollyx qui est foufou, je me sobrise - besoin de contrebalancer quelque chose). J'ai acheté un t-shirt noir à manches courtes Petit bateau, sobre lui aussi. J'opterai pour des boucles d'oreilles légères et un maquillage hou la la, notamment du vernis à ongles avec deux couleurs différentes, comme ici mais ça rend forcément moins bien sur moi. Et puis j'ai jusqu'à demain pour peaufiner mon trait d'eye liner. 

Oh la la. Tout ça ce sont bien sûr des détails... et quelle joie immense, celle de se renouveler ! Quelle joie aussi de secouer ma grande carcasse, d'apprendre à l'aimer en mouvement, d'apprendre à braver ce ridicule-là, d'apprendre aussi les nouvelles conditions.... 

Offre-toi la grâce d'être débutante, recommande ma Julia Cameron. 

Bonne journée, ma chérie-chéri ! Et toi tu vas commencer quoi, cette année ? 

 

les robes qui pardonnent

Je ne sais pas si c'est bien ou mal, mais depuis mes 25 ans j'ai décidé de ne pas faire une seule minute de sport ayant pour seul objectif : ma silhouette. 

Sécréter des endorphines, défouler un trop plein d'énergie, calmer ma colère, éprouver de la joie, soigner mon dos, muscler mon corps, m'activer dans ma nature, prendre soin de mes insomnies : oui. Travailler spécifiquement ma silhouette, non. 

(A l'adolescence et vers la vingtaine, j'ai écouté les conseils de ma prof de sport et ai commencé les abdos. Horreur, ennui, faible rendement. De 32 à 40 ans j'ai couru, superbe effet pour ma silhouette jusqu'au jour où mon squelette a dit NON. Aujourd'hui j'aimerais aller à la piscine. Mais ça reste un voeu pieu. Après l'épidémie peut-être, quand les piscines auront rouvert, je me motiverai. Mais la vérité c'est que j'aime nager dans l'eau vivante de la mer et des rivières....)

Corollaire de cette posture (qui changera peut-être un jour, mais pas encore, et peut-être jamais), j'ai du ventre, et mes bras ont forci. Et je ne veux plus (en général) porter des robes ni trop courtes, ni qui moulent mes formes, parce que, parce que, je ne m'y sens plus à mon avantage. 

Du coup je me suis mise à chercher des marques et des modèles de robes qui m'aident à me sentir belle, et qui tout en mettant en valeur par exemple mes jambes ou mon décolleté, ou une certaine grâce que je conserve, me pardonnent aussi ces efforts que je ne suis pas prête à fournir. 

Et j'ai trouvé. J'ai trouvé.... J'ai trouvé ma grande robe de lin American Vintage, longue en bas et bain de soleil en haut ; j'ai trouvé sur Vinted ma petite robe grise Cotelac, celle que j'ai lavé ce matin à 10 h, elle était sèche à midi et je n'ai pas eu besoin de la repasser. Cette robe, je sens qu'elle va être mon uniforme de l'été. 

(Les robes COS sont elles aussi forgiving et protectrices, mais le tissu... le tissu ne laisse pas respirer la peau et je les trouve toutes, les robes d'été, désagréables à porter. C'est beaucoup plus cher à produire, une robe fabriquée dans un tissu qui respire ?) 

Voilà, ce billet pour remercier les marques qui pensent aux femmes qui ont envie de mettre leur énergie là où ça leur chante ET de se sentir belles dans leurs fringues. 

Ce billet aussi pour remercier ma belle-mère dont ce sont les marques fétiches ! Je crois même que ma robe fétiche, elle la porte elle aussi....... hum...... 

Ce billet aussi pour remercier Sophie Fontanel, qui dans son compte pour l'Obs nous avait posé la question de NOTRE fringue du confinement. Et c'est là que j'ai lu le concept de forgiving dress, sous la plume d'une femme de mon âge, forcément... 

Bon aprèm, mes chéries-chéris. Et vous, c'est quoi votre forgiving fringue du moment ?