Bonjour ma chérie-chéri ! Comment te portes-tu en ce matin qui ici, à Malakoff est froid-piquant, 6 degrés dehors avec de la pluie annoncée pour ce soir ?
L'autre jour sur le blog de Brice, tout à la fin d'un billet pas très sympa pour Mc Donald's (j'aime beaucoup Mc Donald's... notamment, le progrès permanent dans lequel s'inscrit cette entreprise, et aussi le fait que des parents puissent y laisser aller leurs enfants déjeuner seuls, mes parents l'ont fait quand j'ai eu 12 ans et moi je l'ai fait avec mes filles à 12 ans, en toute confiance.. Et quand j'ai la chance de travailler avec des équipes de ce groupe, je vois aussi à quel point ils sont formés, écoutés, bien managés, les salariés de Mc Do sont très fidèles à leur entreprise !). Bref, j'étais agacée par le mépris qui pointait du billet, quand j'ai lu la dernière question du billet de Brice, et là, elle m'a donné à penser.
Si vous n’aviez que 15 min pour former quelqu’un à votre métier, qu’est-ce que vous lui transmettriez ?
Tu le sais, j'ai deux métiers - formatrice, et écrivain. Enfin, un 3ème avec le coaching.
Je ne saurais pas résumer en 15 minutes les compétences et le savoir-faire qui me semblent nécessaires pour la formation et le coaching. En revanche, pour l'écriture, cela me vient plus facilement - notamment parce que je formalise et partage ce que je sais sur l'écriture depuis 20 ans.
1/4 d'heure - 4 conseils.
Mon premier conseil à qui voudrait écrire, c'est de se demander à qui il écrit, de porter la personne en elle, en lui, d'être en empathie avec cette personne. Et s'il y a plusieurs destinataires, penser quand même déjà à une personne comme si tu lui écrivais une lettre, quelles sont les préoccupations de cette personne, qu'est-ce qui l'intéresse, où est-ce qu'elle souffre ? Mais la question de "qu'est-ce qui l'intéresse ?" est cruciale, car elle va te permettre d'ajouter tous les bons détails, ceux qui donnent de la substance et de la chair à tout récit.
Mon deuxième conseil, serait de travailler en trois temps - les trois ré. Trois temps où on ne demanderait à son cerveau qu'une seule chose à la fois, au lieu de 10 en même temps, ce qu'il déteste et il n'est pas très bon. Un premier temps pour réfléchir (à qui j'écris donc, et quelles sont mes idées, mes arguments, la direction éventuelle que je veux donner à mon texte). J'ai pris ce temps pour "stratégiser" le texte que je suis en train d'écrire, je me suis posée dans mon carnet et ai posé la question "Ce serait quoi les 3-4 compétences ou conseils que je donnerais pour transmettre mon métier d'écrivain ?" et hop j'ai noté sur mon carnet, j'ai fait ça hier à la fin de ma séquence d'écriture et du coup aujourd'hui je sais où je vais quand je t'écris.
Le deuxième temps est celui de la rédaction - je me base (ou pas, selon mes besoins du jour) sur les idées notées dans mon carnet, parfois je les regarde et parfois comme ce matin je n'en ai pas besoin. Ces idées jetées sur le papier sont comme un échafaudage, elles me sécurisent quand j'en ai besoin et ensuite je m'en libère pour écrire ce qui veut s'écrire, à travers moi. Donc j'écris librement, sans chercher à faire parfaitement, je me demande quels détails et infos, quelles précisions intéresseraient mon lecteur ou ma lectrice idéale, et zou, j'écris tout ça. En sachant qu'ensuite viendra...
Une pause, d'au moins cinq minutes et idéalement un peu plus, une pause active où je me lève de ma chaise. Une pause dej, une pause balade, une pause piscine, une pause sieste, une pause préparation du thermos de thé, une pause accueil de l'une de mes filles, une pause marinade pour le dîner, et hop, je retourne à mon texte.
Et le moi reposé relis ce texte qui a reposé. A ce moment-là mon cerveau se met en mode éditeur, suis-je claire, qu'est-ce qui manque, qu'est-ce qu'il y a de trop, je coupe, j'ajoute, et mon texte commence à ressembler à quelque chose !
Mon troisième conseil d'écriture, c'est d'écrire au plus près de ta manière de parler. Comment tu le dirais, à l'oral ? L'oralité n'est pas toujours adapté dans un texte mais ça se corrige, tandis qu'un style ampoulé d'emblée, c'est plus compliqué. Et puis, c'est chouette de reconnaître un auteur que l'on connait en chair et en os, dans sa voix d'écriture. Et puis, l'écriture est souvent plus simple et donc plus claire, quand elle est proche de la structure orale - habituelle - des phrases.
Mon quatrième conseil c'est de prendre beaucoup de notes. Des notes pour toi. Des notes de ce que tu penses, des notes sur tes idées, des notes de la sagesse qui passe autour de toi, dans les livres, les conversations, à la radio, dans le journal, au café. De les relire, ou pas. Elles vont nourrir, entrainer, susciter, motiver, ton écriture. Et puis c'est plaisant de garder une trace de toute cette sagesse que nous rencontrons - qui nous traverse.
Allé, un petit cinquième ET JE M'ARRETE LÀ. When in doubt, put it in. La personne à qui tu écris aime les détails, tes détails. Elle veut en savoir plus, elle a besoin de ton honnêteté, de granularité, d'olé olé peut-être même. Donc, écris-le dans ton premier jet - il sera toujours temps de l'enlever, à la relecture.
Bon !! ça m'a pris en vrai plus qu'un quart d'heure pour écrire ce texte. Et ça n'aurait pas dû ! je me suis laissée distraire, et distraite toute seule, en regardant mon téléphone - si j'avais le droit à un 6ème conseil de pro quant à l'écriture, ce serait de laisser ton téléphone dans une autre pièce pendant que tu écris ! Conseil que je vais m'empresser de suivre tout de suite tout de suite tout de suite.
Bon appétit, ma chérie-chéri !
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