Qu'est-ce qui me rend fière ?
Je suis un peu comme toi Milky, j'ai envie de me consacrer à ce qui VA me rendre fière dans les prochaines années. Mais comme le dit Julia, prendre conscience de ce qui nous rend fières au passé ou au présent, est un superbe terreau d'écriture.
Dans ma liste j'ai inclu des trucs qui ont l'air insignifiants, et d'autres qui m'ont demandé un gros travail. Faire de très bons gâteaux d'un côté ; partir habiter un an au Chili de l'autre, alors que mes deux langues apprise au collège et lycée sont l'allemand, l'anglais et le latin. (Toutes dans ma liste des fiertés à divers égards by the way mais ce sera l'objet d'autres textes maybe).
Ce qui est marrant enfin marrant c'est que je parlais à peine espagnol en débarquant à San Bernardo cet août 1996. C'était l'hiver les rues de me paraissaient grises et sales on voyait certes la Cordillière d'un peu partout mais aussi beaucoup les fils électriques et beaucoup de poussière. Quand la jeune fille de la famille où j'allais habiter m'a dit Hola le premier matin, j'ai réalisé, Ah oui c'est dans cette langue que je vais devoir m'exprimer pour comprendre et me faire comprendre. J'ai dû aux Chiliens leur paraitre folle d'avoir traversé la planète et de m'être engagée pour un an (dans une mission "humanitaire") en parlant si peu d'espagnol.
Et donc oui les trois premiers mois ont été un peu solitaires, moi qui me croyais bonne en langues je ne l'ai pas attrapée aussi vite que je pensais même dans un bain d'espagnol et même entourée de gens patients et gentils et cherchant à me comprendre ; du moins au début, Oyé, oyé me disaient-ils à tout bout de champ... et après je ne comprenais plus. Assez vite les Chiliens se sont détournée de la Française introvertie qui ne savait pas parler leur langue et l'apprenait fort lentement.
Une chose m'a sauvée, mon don pour trouver les points communs entre les autres et moi. Rosa, la maman de la première famille dans laquelle j'ai vécu était super gourmande. On ne se comprenait pas, elle me trouvait trop silencieuse et bordélique, Por Dios Cristina !! mais on avait ce point commun, énorme, l'amour des bons trucs à bouffer. J'ai écrit à ma smala en France en leur demandant de m'envoyer des recettes Grand-mam ma grand-mère maternelle m'a envoyé sa recette de quiche et sa recette de gateau aux pommes et bim. Je me suis mise aux fourneaux et là, là, j'avais trouvé la clé. Je suis tellement gourmande que j'ai appris à faire de très, très bons gâteaux et à pister les très, très bonnes recettes. (François-Régis Gaudry fait la même chose).
Rosa m'a vue couper des énormes part du gateau à la pommes dit de Grand Mam elle m'a arrêtée net Por Dios Cristina on va le manger en deux minutes à ce rythme un gateau ça se savoure ! et elle a recoupé mes grosses liches en mini lichettes et on s'en est enfilé plein de lichettes mais une à la fois et on l'a mieux savouré c'est vrai et depuis à la maison (ma maison) je sers por supuesto des parts à la Rosa.
Ce qui est marrant c'est qu'autour des fourneaux et de la table de la once (le goûter) Rosa et moi on s'est parfaitement comprises ! on n'avait plus la moindre difficulté à communiquer.
Ce qui est marrant aussi aujourd'hui, c'est que Nico et moi on se chafouine sur la manière de couper les oignons. Lui les coupe en lamelles et moi, et petits carrés. Quand je suis arrivée à San Bernardo je les coupais en lamelles, "à la française" sans doute (et je pleurais mon chagrin d'amour avec Nico). Me voyant les couper de cette façon, Rosa s'est exclamée Mais por Dios Cristina, si tu coupes les oignons comme ça jamais tu ne vas trouver un mari. Moi alarmée Ah bon !! Mais alors por favor ensegna me ! et elle m'a enseignée sa manière super pratique tchac tchac tchac de couper les oignons en petits carrés, en faisant un quadrillage avec le couteau. Yesse. Je me suis mariée effectivement. Tout ça pour que 28 ans plus tard, je me prenne la tête avec Nicolas le fameux mari que j'ai "trouvé"... qui préferait ma manière d'avant qu'il ne connaissait pas, de couper les oignons en lamelles et que j'ai désapprise lui préférant les petits carrés. Je te promets je faisais comme ça avant de partir au Chili mais plus maintenant. Voilà 25 ans qu'il s'exclamerait Por Dios Cristina coupe les oignons comme il faut ! si bien sûr c'était sa façon de parler.
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