CE matin, je suis arrivé assez tard au bureau (près de 10h), les nuits précédentes ayant été marquées par de longues heures de travail...
Le grand avantage : j'ai pu écouter avec plaisir les vendredis de la philosophie, qui parlaient ce matin de Tocqueville, et plus particulièrement de son rapport à la démocratie (Tocqueville, aristocrate de coeur, démocrate de tête).
Les analyses de Dominique Schnapper (j'aime beaucoup Dominique Schnapper, au parler juste et à l'analyse fine. Je partage beaucoup son analyse sur l'évolution de nos démocraties providentielles) et de Pierre Manent étaient très éclairantes sur le visionnaire qu'a été Tocqueville, sur son anticipation des dérives des démocraties. Déresponsabilisation de l'individu, replis identitaires, risque de la perte d'implication politique... Tocqueville avait déjà anticipé le tragique choix du vingtième siècle : le totalitarisme ou la société de consommation. Et il avait, à juste titre, fait son choix.
Si je puis me permettre, cette note est parfaite!
Rédigé par : tlon | 28 mai 2004 à 16:10
moi aussi je l'ai écoutée, j'ai pensé à toi..
après, il y avait un reportage sur un type qui prenait des fantômes en photo..
Rédigé par : sans moi, sous perfusion de France Cul | 28 mai 2004 à 16:20
oh tlon, arrête, je rougis.
Rédigé par : versac | 28 mai 2004 à 17:25
sans moi, qui est ce type, je suis TRES intéressé! (je partage l'avis de Tlôn sur le billet...;-)
Rédigé par : Jean-Sébastien | 29 mai 2004 à 00:44
d'ailleurs versac, merci du lien, je viens d'acheter le livre de Dominique Schnapper qui m'a l'air effectivement passionnant...(pas un de ces bouquins catastrophistes aux accents messianiques j'espère...;-)
Rédigé par : Jean-Sébastien | 29 mai 2004 à 00:50
désolé d'abreuver ce billet de messages : juste pour dire à "sans moi" que j'ai trouvé qui était le type en question...
Rédigé par : Jean-Sébastien | 29 mai 2004 à 00:55
JS, arrête je rougis encore plus qu'après Tlon. Je ne dis qu'une banalité sur Tocqueville...
Sinon, pour le bouquin de Schnapper, ce n'est pas une merde catastrophiste, mais un vrai bon livre, un peu aride du point de vue de la forme, mais très clair. L'approche se veut uniquement sociologique, et pas politique (ce qui est la qualité et en même temps la frustration à la lecture : une fois les symptomes et problèmes décrits, il n'y a pas beaucoup de pistes de solutions).
Rédigé par : versac | 29 mai 2004 à 16:28
Argh .
Je suis un fan inconditionné de Tocqueville, quand je pense que j'ai raté ça.... Enfin. D'habitude je regarde pas comme j'ai cours et ...voilà .
Mais Tocqueville est vraiment un philosophe passionnant, il (a) fait toutes mes troisièmes parties, et c'est, effectivement, d'une incroyable modernité tout ce qu'il dit ( la" tyrannie de la majorité" etc.. ) et l'on pourrait presque lire le monde contemporain à la lumière de ses analyses.
C'est fou quand même, d'autant que j'en parlais avec un ami aujourd'hui même.
Rédigé par : waves | 30 mai 2004 à 21:41
Waves, tu peux réécouter l'émission pendant une semaine sur ton ordi
je te mets le lien dans "sans moi"
Rédigé par : sans moi | 31 mai 2004 à 15:55
thanks!!!!
Rédigé par : waves | 31 mai 2004 à 16:53
Tocqueville, génial ce type, surtout lorsqu'il servait de caution et d'autorité intellectuelle pour l'approbation des massacres en Algérie.
Ce monsieur pensait même qu'il était recommandé de pratiquer la razzia sur les populations (pas les combattants). Résultat, des montagnes de cadavres Kabyles et Algériens banalisés par un triste sieur se targuant de faire rimer aristocratie et démocratie.
Comment dans ses conditions dénoncer le moindre génocide auquel la France n'a pas participée et garder un semblant de crédibilité.
Ceux la même qui parlent du nazisme, du fascisme, et des terroristes islamistes quand ils ne fustigent les antisémites, ne tarissent pas d'éloges sur Alexis le toqué.
Voilà pourquoi l'Algérie s'est détachée de la France.
Rédigé par : Omar | 04 juin 2004 à 07:32
Mouais, je pense qu'il faut néanmoins remettre tout celà dans le contexte de l'époque, et de la puissance coloniale en construction qu'était la France à l'époque. Et je n'ai jamais compris pourquoi une pensée devrait chasser l'autre. Si Tocqueville a eu un écrit sur les nécessités de la guerre de colonisation, celà doit-il remettre en cause l'ensemble de son oeuvre et ses écrits sur d'autres sujets ?
Je n'y crois pas.
Rédigé par : versac | 04 juin 2004 à 09:51
Votre raisonnement est pertinent mais dans la réalité des étiquettes sont collés sur certains intellectuels pour moins que çà.
Donc s'il est d'usage de considérer une personne comme pestiférée et infréquentable pour certains de ces propos, cela s'applique bien entendu à Tocqueville, par équité. Cela me choquerait que l'on vante les qualités d'Hitler, même les plus infimes.
Sinon on rentre dans le domaine de la subjectivité et on discute alors de goûts et de couleurs sans plus finir.
Toutefois, il est vrai que Tocqueville est revenu plus tard sur sa façon de voir la colonisation et le soit-disant apport de la civilisation aux Africains du nord.
Je dis cela parce qu'aujourd'hui encore des milliers de personne souffrent en Afrique du Nord, particulièrement en Algérie. Certains ont perdu leur identité, leur langue, leur dignité, d'autres désespèrent de pouvoir vivre un jour en paix.
La France est restée 132 ans pour exploiter, sans n'avoir jamais accordé la citoyenneté aux indigènes, puis elle a lâché l'Algérie brutalement.
De nombreux Algériens vivent encore en France sans citoyenneté depuis de nombreuses années, alors que des Européens (sans histoire commune avec la France) vont pouvoir bientôt voter et disposer de droits civiques bien plus étendus car leur nation à intégrée la communauté européenne.
Ca donne à réfléchir...
Rédigé par : Omar | 04 juin 2004 à 12:35
Je ne considère par infréquentable une personne "pour certains de ses propos". Une pensée devient infréquentable quand l'essentiel, le fond, la majorité est détestable.
Pour Hitler, l'essentiel est affreux. Pour Tocqueville, l'essentiel me semble plutôt bon et intelligent, modéré et riche d'enseignements pour notre société. Je connais peu cette histoire sur la guerre d'Algérie, n'ayant sur le sujet lu que des articles dans le Monde Diplomatique. Mais autant Hitler peut être rendu responsable de laseconde guerre mondiale, autant rendre Tocqueville responsable des affres de la colonisation et de ses conséquences me semble un peu exagéré.
Ceci dit, je ne conteste nullement les difficultés du peuple algérien. L'attitude de la France a été sans conteste très dure. Mais les temps changent, les mentalités. Plus personne n'ose se présenter comme colonisateur, plus personne ne l'envisage. Voyons l'aspect positif de la chose, et tentons de l'étendre, plutôt que de vilipender des pratiques du passé, dont tout le monde s'accorde à reconnaître qu'elles n'étaient pas un idéal.
Merci de ces échanges.
Rédigé par : versac | 04 juin 2004 à 14:44