C’est le 30 août qu’expirait l’ultimatum donné au gouvernement soudanais par le conseil de sécurité de l’ONU pour désarmer les milices janjaweed au Darfour. Nous sommes le 31. Où en est-on ?
Il semble que le gouvernement soudanais adresse, comme le dit allafrica, un bras d’honneur à l’ONU. Il est vrai que ce premier ultimatum portait en soi un non-sens : comment demander à un gouvernement de détruire les fruits de sa création ? Cest le gouvernement qui a, au moins partiellement, armé les milices, et les a assistées en bombardant les villages.
Il y a quelques jours, l’ONU et nombre d’officiels nous donnaient quelques signes d’espoir, notant une attitude plus positive et constructive du gouvernement soudanais, qui montrait des signes d’ouverture, en montrant des désarmements et en annonçant la fermeture de camps de miliciens.
Human Rights Watch nous apprend que les bases militaires des milices sont pleinement et complètement actives, et que 5 d’entre elles sont partagées entre janjaweed et gouvernement. Un bon moyen pour le gouvernement de stopper l’activité des janjaweed est par ailleurs très simple, nous apprend ce communiqué : il suffit de leur donner des uniformes de l’armée régulière.
La BBC n’est pas plus optimiste sur la situation. Huit soudanais travaillant pour l’aide humanitaire auraient été kidnappés. Le consensus, au sein des observateurs indépendants et des grands media internationaux, semble donc clair : aucun progrès notable de la sécurité, absence de pas en avant du gouvernement.
Jan Pronk, le rapporteur de l'ONU, au rôle difficile tant les opinions sur l’action sont divergentes au sein du conseil, a donc rendu son rapport mensuel hier soir, et il sera présenté aujourd’hui par Kofi Annan au conseil de sécurité. Impossible de trouver des données sur le rapport ce matin sur internet. Le Figaro parle d’un rapport en demi-teinte, mais son indépendance sur le sujet n’est pas évidente (vision très "Orsaysienne" de la situation), et peu de media se sont encore emparés de la question.
Les discussions au conseil de sécurité vont certainement durer. Il paraît d’ores et déjà certain qu’aucune sanction ne sera prise contre le gouvernement de Khartoum, et que l’ultimatum sera repoussé, en appelant à une poursuite des négociations.
Il serait – au moins – souhaitable que la force de sécurisation des camps de réfugiés soit renforcée (au-delà des 300 hommes, dont 155 Nigérians récemment arrivés) qui tente de faire quelque chose sous l’égide de l’Union Africaine. Notons que l'OMS, comme l'ONU appelle à de nouveaux financements pour l'aide humanitaire...
[Photographie : Stefan Pleger - Soudan - Avril 2004 / MSF ]
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