Je me demandais pourquoi, tout d'un coup, des visiteurs venaient du blog de DSK en nombre plus nombreux que d'habitude (ceux qui venaient le faisaient depuis mes commentaires, auparavant, et DSK avait fait un petit post linkant vers les premiers commentateurs de son blog).
DSK a en fait ouvert un blogroll. J'ai l'honneur d'y figurer. Merci Dominique (je peux ? maintenant qu'on est intime...). Je ne saurais que l'inciter à y faire également figurer d'autres blogs politico-économiques de tendance plutôt centre-gauche, comme Ceteris Paribus ou Phersu.
Ce post est donc un prétexte pour quelques commentaires sur le blogosphère politique, au moment où, aux Etats-Unis, les blogs sont devenus des éléments importants du débat politique. De nombreuses discussions ont en effet suivi la parution, le 26 septembre, d'un article sur les blogs dans le NY times. Voir sur ce sujet Phersu, Ceteris Paribus et Douze Lunes.
Mon commentaire ne viendra pas enrichir l'analyse sur le rôle des blogs dans la politique aux Etats-Unis, ni sur l'avenir de ces blogs après novembre. Je m'étonne juste de la difficulté qu'a le phénomène à percer en France auprès d'un public large, et l'absence, hors DSK, d'émergence de blogs de personnalités fortes (politiques, éditorialistes).
Coté politiques, DSK est donc aujourd'hui la seule figure nationale de grande envergure à prolonger l'expérience (depuis février). Avec l'aide d'une équipe, il entretient un débat (voir sur le blog de Loïc un compte-rendu de leur récente rencontre). La campagne des régionales avait par ailleurs donné lieu à la création de blogs de candidats, fermés pour certains (A. Santini, A. Rousset), ou laissés en friche pour d'autres (J.F. Copé - semble fermé à présent). Quelques blogs sont également tenus par des politiques locaux, comme Marie-Laure Meyer.
Les blogs ne sont pas qu'un outil de campagne. DSK l'utilise pour expérimenter des visions et se construire une audience fidèle. De nombreux politiques (j'essaie pour ma part d'en convertir un) devraient tenter l'expérience, particulièrement ceux qui disposent d'un espace un peu atypique, ou peuvent ratisser facilement à coté de l'audience classique de leurs partis.
En France, par ailleurs, ce qui manque encore plus qu'aux Etats-Unis, ce sont des blogs d'éditorialistes ou de journalistes, et des blogs collectifs importants. Pas d'Andrew Sullivan, de Crooked Timber ou de Josh Marshall, par exemple. Pas de blog (politique) qui dépasse les quelques centaines de visiteurs uniques par jour, là où Talking Points Memo en a 50.000. Andrew Sullivan compte 5.800 liens entrants. DSK a 181 liens, depuis 42 sources.
Pas de blog pour les principaux think-tanks, clubs politiques et diverses fondations et instituts, non plus, comme si ils oubliaient qu'un des problèmes en France reste celui d'un décalage entre les idées générées dans les parties, par la haute administration et les penseurs politiques (la "pensée unique", assez diverse en vérité), et la pensée commune de la population; et qu'un blog peut être un moyen efficace (parmi d'autres) de cette transmission et de ce débat. Seul le club dialogue et initiative a ouvert un blog ... sur la campagne américaine (argh, mais pourquoi pas sur la France et ses sujets ?).
Les seuls journalistes de grands media à tenir un blog sont Pascal Riché et Fabrice Rousselot, de Libé. Ils parlent de la campagne américaine. Les autres blogs issus de la presse sont des blogs spécialisés, comme ceux du groupe VNU, qui a bien compris que les journalistes comme le lectorat trouvent ici une liberté de ton, un espace d'interaction dans un format qui fonctionne. Les grands quotidiens nationaux (et pourquoi pas la PQR) devraient se mettre à agir. Voilà un moyen intéressant d'élargir leur influence et de recruter de futurs lecteurs. Pourquoi certains éditorialistes du Monde, du Figaro ou de Libé n'ouvriraient-ils pas leur blog ? Je lance les paris sur les prochains à venir. Sans doute de nouveaux de Libé ?
L'inverse, celui du passage de blog-stars dans la presse, me parait relever de la gageure, surtout en France. Peu de bloggers américains ont connu cette chance, ou réussissent à vivre grâce leur blog. Matthew Yglesias y a eu droit, ce doit être un des seuls.
Deux étapes à venir, pour les blogs politiques en France : les deux prochaines échéances électorales. En 2005, et ça a déjà commencé, le referendum sur les blogs. Ne serait-ce pas l'occasion de monter un blog collectif de débat et de pédagogie sur la constitution (avec une relative pluralité) ?
En 2007, chaque candidat aura sûrement son blog. Quand se lanceront-ils (à part DSK) ?
Enfin, dernière interrogation : qu'en est-il de nos voisins européens ? Il me semble, via AFOE, constater une certaine dynamique, mais un manque d'ampleur semblable, sauf peut-être au Royaume-Uni.
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