Hier soir, sur France 3, je tombe sur un drôle de truc. Un court métrage hyper esthétisant, gros plans sur les beaux yeux d'un jeune homme, image léchée, ralentis, texte lu à voix haute en fond par la belle voie du petit Maunier des choristes, décidément de toutes les bonnes causes médiatiques. Evidemment, c'était l'impondérable, l'obligatoire, la nécessaire lettre de Guy Môquet. Avec une fin comme on en rêve, et la chute du beau jeune homme sur fond de jolis mots. On se demande pourquoi France 3 a répondu à l'injonction de célébration sarkozienne : a priori, seuls les professeurs étaient censés la lire ce matin...
Je ne sais pas pour vous, mais, de mon côté, la lettre de Guy Môquet, je n'en peux plus. Sa lecture par Nicolas Sarkozy, lors de son intronisation, m'avait déjà parue déplacée (notamment à cause du fait du prince, de la première décision monarchique de Nicolas Sarkozy, de décider seuls ce qu'on lirait en classe, mais aussi à cause du décalage entre l'auteur et le lieu de la diction). Depuis, ce n'est allé que de mal en pis, le summum étant évidemment cette lecture pathétique à l'équipe de France de Rugby.
Et voilà. Cinq mois à peine, et un texte obscur, dont on a récemment découvert qu'il existait déjà deux originaux, devient un produit médiatique abominablement ressassé, jusqu'à la nausée. Je ne veux plus entendre "ma petite maman", je ne veux plus entendre cette exhortation au courage. J'ai envie qu'on ne me berce pas de cette histoire, qu'on me fiche la paix, et qu'on laisse Guy Môquet dormir en paix.
Et surtout, je n'en peux plus de cette célébration non mise en contexte par notre président. Cette célébration où Nicolas Sarkozy oublie de dire que Guy Môquet est autant, voire plus, une victime de la République française que des nazis. Où il oublie de rappeler que le jeune homme était un militant communiste soutenant fermement l'axe Ribbentrop-Molotov, tant que c'était la ligne officielle. Un héros désincarné, suymbole de quoi ? On ne sait pas. Juste une petite histoire, un jeune qui meurt, un joli mythe, voilà ce qu'on nous propose. Un travail d'éducation, ça ?
Une histoire complexe, en somme, qui ne se satisfait pas de cette popstarisation ridicule et obligée. De ces petits courts métrages esthétisants qui ne rappellent rien mais mettent en scène.
Je suis bien heureux que mes filles soient trop jeunes pour qu'on leur lise ce texte en classe. Des textes de guerre, des histoires, j'en ai plein à leur rappeler, mais pas celle là. Pour elles, ce sera halloween, et tant mieux.
EDIT : on peut à ce sujet lire Jules, admirable, et le citer :
Le problème n'est pas seulement que cette lecture dirige la passion au service d'une idéologie. C'est surtout qu'elle enchaîne l'esprit à la tyrannie de l'émotion.
Et puis André Gunthert, au delà de son billet sombre, livre des références intéressantes.
EDIT : Laurent Joffrin lui-même verse dans la confusion :
Déchirant à tous égards, le texte est un magnifique exemple d'héroïsme manifesté dans la lutte la plus indiscutable qui soit, celle qui a opposé la Résistance aux barbares hitlériens.
Mais non, Laurent. Guy Môwuet fut arrêté non pour sa lutte contre l'occupant nazi, mais pour du collage d'affiches communistes. Son exécution est liée à l'assassinat d'un général allemand, mais la cause de son emprisonnement, sa lutte, ce n'était pas celle de l'antinazisme. C'est bien là le problème : l'émotion tue le sens...
Voilà qui est dit et bien dit.
Bravo Versac.
Rédigé par : Antoine Block | 22 octobre 2007 à 10:43
Réduire l'acte de résistance aux quelques heures avant la fusillade, c'est réduire une démarche intellectuelle d'opposition à l'inacceptable avec un destin inexorable et malheureux., c'est un peu désespérant, non... En quelque sorte, c'est un contresens
C'est un peu comme si le refrain de la marseillaise était "Crevons, Crevons...."
L'appel du 18 Juin a un peu plus de classe et de vision, mais il était déjà pris!...
Rédigé par : politiful people | 22 octobre 2007 à 12:27
Pourquoi ne pas dire tout simplement que les Français n'ont pas fait le travail nécessaire à la fois sur Vichy et sur la Résistance - travail qu'ils n'ont toujours pas envie de faire comme pour la colonisation d'ailleurs - et qu'on en arrive à ces errements que vous dénoncez bien ?
Rédigé par : Didier | 22 octobre 2007 à 12:29
Complètement en phase avec votre texte. Hier j'ai écrit cela sur plusieurs forum ( je n'ai pas votre qualité d'écriture mais je n'en pouvais plus !) :
<"
Trop c'est trop ! Maintenant on nous "fourgue" un spot télé type "court métrage" sur la lettre de Guy Môquet.... Le ministre de l'enseignement dit à midi sur Canal+ qu'il ne s'agit pas seulement de l'éloge de la résistance mais de l'éloge du sacrifice de sa vie pour son pays ( ce qui est confirmé dans la circulaire envoyée aux enseignants). Après que notre président ait dit le jour de la lecture de la lettre devant les caméras (vérifiable) : ".... c'est l'engagement d'un enfant de 17 ans qui donne sa vie pour la France. Ce n'est pas un exemple du passé mais un exemple pour L'AVENIR !". Bon sang pourquoi tout le monde disserte et que personne ne tremble ?
On nous bassine avec l'esprit de sacrifice quand l'équilibre international s'effrite de toute part.. ( Iran...) entre autre.
Avons nous été avertis, par exemple que nous avions envoyé de nouvelles troupes en Afghanistan ?
Ne soyons pas sourd et aveugles. Que les journalistes creusent ce symbole là dans les interviews ! Serait-ce un tabou ? Pas pour notre président puisque lui en parle !>
Ce matin, un professeur d'histoire a remis ce texte dans son
contexte et a reprécisé qu'il s'agissait d'une lettre intime d'un jeune à ses parents et non d'une lettre de résistant. Nicolas Sarkozy devait assister à la lecture de la lettre dans ce lycée, il aurait pris une bonne "claque" et bien sûr, il a annulé sa venue....
Rédigé par : DN | 22 octobre 2007 à 12:30
A ce sujet, j'ai retrouvé un poème de Moquet qui s'intitule "Tuer le capitalisme" : http://777socrate.blogspot.com/2007/10/lautre-lettre-de-guy-moquet-tuer-le.html
Parce qu'on oublie que le Guytou à sa maman était aussi communiste ...
Rédigé par : Lancelot | 22 octobre 2007 à 12:31
Entièrement d'accord avec toi. Ca dégouline de partout ..; à filer la nausée
Rédigé par : damien | 22 octobre 2007 à 12:43
Yes, et encore le piège est bien fait, car qui peut vraiment dire "j'en ai rien à foutre de GM" ? C'est une figure tellement iconique.
Cela dit ce n'est pas la seule commémoration qui soit gachée par le matraquage médiatique et l'unanimisme obligatoire, on a l'impression que la bouillie émotionnelle emporte tout sur son passage.
Rédigé par : Guillermo | 22 octobre 2007 à 12:53
put... le Joffrin ne s'amèliore pas....
Rédigé par : marc | 22 octobre 2007 à 13:34
Plutôt que cette lettre qui n'apporte pas grand chose historiquement, le poème retrouvé sur lui montre plus le sens de son combat :
"Les traîtres de notre pays
Ces agents du capitalisme
Nous les chasserons hors d’ici
Pour instaurer le socialisme"
C'est sûr, c'est moins sarkozyste...
Rédigé par : fautresister | 22 octobre 2007 à 13:51
Cette polémique me semble vaine et stérile... L'Histoire de France n'appartient ni à l'UMP, ni au Parti Communiste. Le Président de la République est un représentant de tous les français et qu'il choisisse de rendre hommage à un personnage de notre histoire qui n'appartient pas à la mouvance dont il est issu est positif. Le travail des médias, ici comme ailleurs est approximatif et favorise l'émotion, celui des enseignants doit permettre de faire découvrir un personnage qui était peu à peu oublié à part pour la station de métro qui porte son nom...
Cordialement,
http://mitterrand.2007.over-blog.com
Rédigé par : Tonton | 22 octobre 2007 à 14:07
Entièrement d'accord avec ton analyse. c'ets l'écho qui est donné à cette lettre qui est détestable. pourquoi tous en même temps, au même moment? Pourquoi formaliser ainsi cette lecture? Pourquoi?
D'autant que je ne vois pas ce qu'il y a d'exceptionnel dans cette lettre. C'est juste de l'émotion. File mes pulls à mon frère, maman. Je vais mourir.
Rédigé par : le chafouin | 22 octobre 2007 à 14:31
J'espère que l'on consacrera autant de temps dans les lycées et autant d'espace dans les médias à lire et commenter la charte des droits fondamentaux, rédigée par le Parlement Européen au 21ème siècle, approuvée au 21ème siècle par 26 des 27 pays européens. Elle constitue la meilleure réponse des peuples européens aux désastres du 20ème siècle.
Rédigé par : Marc Lavedrine | 22 octobre 2007 à 14:36
Ah au fait, Versac. Tu as loupé un très bon titre, que je te donne gratuitement : "faut pas se môquet du monde".
Rédigé par : le chafouin | 22 octobre 2007 à 14:57
Moi ça me plaît, cette histoire de Guy Môquet. Ca remet une pièce dans le bastringue Résistance vs Vichy. Et pour une fois ça le fait d'une manière qui commence peut-être - enfin - à faire comprendre que tout le bazar a été beaucoup, beaucoup plus compliqué qu'un scénario de Walt Disney. C'est un effet secondaire, évidemment.
J'ai toujours peur quand je lis des exortations au "travail" que les Français seraient supposés faire sur Vichy ou la colonisation; en général, ça veut dire en filigrane "pour en venir à penser enfin tous comme moi".
"Le chagrin et la pitié"... Je crois que le petit pharmacien de Clermont-Ferrand (c'est pharmacien qu'il est, c'est ça?) a résumé à jamais le seul sentiment que devrait jamais évoquer cette période. Mais notre époque infantile préfère toujours la colère et l'indignation, qui valorisent et font du bien.
Rédigé par : FC | 22 octobre 2007 à 15:43
Tyranie de l'émotionel ! Bien vu...
"Evénementocratie", c'est le mot qui me revient en tête pour qualifier l'actuelle dynastie régnante !
Du plus profond jusqu'au plus léger.
Y compris l'indignité de la plus écoeurante par sa réalité à la plus insupportable de par sa folle légèreté !
Tous ensemble, tous !
Merci Versac de nous le rappeler !
Rédigé par : InfreequentableI | 22 octobre 2007 à 15:43
Je voudrais faire partager mes réflexions sur cette question qui me taraudait :
pourquoi organiser cette cérémonie avec la lecture de cette lettre ?
A quoi cela sert-il ? Je ne lis dans cette lettre que piété filiale et appel au courage, et aucune référence à la résistance. D'autant que la notion de "résistance" est extrêmement ambigüe quand on sait qu'il s'agit d'un militant communiste en résistance contre "l'impérialisme" et non pas contre les Allemands, alors que le Bulletin officiel de l'éducation nationale écrit : “Soyez fiers de vos aînés qui vous ont tant donné ; aimez la France car c’est votre pays et que vous n’en avez pas d’autre”.
Alors pourquoi ? Qu'auront retenu les élèves ? Et là c'est la forme de la célébration qui donne tout son sens à cette commémoration : c'est ça que retiendront principalement les élèves. Ils auront été tous réunis, sur l'initiative que personne n'ignore du président Sarkozy, au sein de l'école devant des autorités morales (résistants) ou politiques ou institutionnelles et auront tous écouté, dans un silence religieux, cet appel à une "mémoire nationale".
Et là je comprends mieux l'objectif, voici ce qu'en dit le site du CVUH "Comité de vigilance sur les usages publics de l'Histoire" (http://cvuh.free.fr/spip.php?article131 ):
"La place donnée à l’Ecole dans cette cérémonie et les formes suggérées pour son organisation indiquent une double visée : restauration de l’ordre social et restauration de l’unité nationale. L’ordre cérémoniel est la traduction sous forme rituelle de la Lettre aux éducateurs envoyée par le même donneur d’ordres ; restauration de la hiérarchie, des « valeurs » et du vouvoiement : Guy Môquet le militant est utilisé à contre-emploi. Le message présidentiel n’en a cure, il soumet l’histoire à son usage par ses directives très claires : « aimez la France car c’est votre pays et que vous n’en avez pas d’autre. » On ne peut mieux indiquer l’usage politique ainsi visé : l’union sacrale dont l’Ecole doit être la garante permet d’effacer toute « tache » mémorielle".
Il s'agit effectivement de symboliser l'unité nationale et l'ordre social (cette lettre m'a d'abord évoqué "travail, famille, patrie" quand je ne connaissais pas le contexte et l'histoire personnelle de Guy Moquet) à l'école, et de les faire communier devant un mythe glorifiant de la nation, qui a en plus le bon goût de ne pas être soupçonnable politiquement.
Et cette "communion nationale" doit, selon Guaino, passer par le strict émotionnel et par une référence à une "France mythique", tout comme dans les contes de fée : cette lecture m'a été aussi très éclairante sur ce point :
http://champignac.hautetfort.com/archive/2007/09/29/il-etait-jadis.html
Rédigé par : duong | 22 octobre 2007 à 15:54
Ce cafouillage évoque les gesticulations de l'Empire romain tardif (attention, on ne dit pas "Bas-Empire", les habitants se sont plaints) pour restaurer la piété civique; notamment l'empereur Trajan Dèce imposant à tous les citoyens un sacrifice aux dieux romains, obligation qui a donné lieu instantanément à un trafic de faux certificats de sacrifice...
Rédigé par : FC | 22 octobre 2007 à 16:08
Plus exactement une vistime de l'« ÉTAT FRANçAIS » (pô de la République, m'enfin !).
Rédigé par : sk†ns | 22 octobre 2007 à 16:22
Dans mon chez moi picard,on peut aussi honorer à juste titre les frères Amyot d'Inville,tous morts au combat dans les FFL,Jean Catelas ,député communiste d'Amiens guillotiné par les allemends,ou encore Leclerc,qui rompt avec tout,sa classe,sa caste,son milieu au nom d'une idée supérieure de la Nation.Je suppose que chaque région ou département a ses vrais héros qu'ele pourrait utilement et simplement honorer(ex :la cremière et son mari ,dans une petite ville de l'oise,qui onr passé la guerre à héberger des aviateursanglais,canadiens,américains...)plutôt que de se préter à ce genre de commémoration obligatoire et instrumentalisée.
Rédigé par : Picard Triomphant | 22 octobre 2007 à 17:55
www.compilfight.com
Rédigé par : etoc | 22 octobre 2007 à 18:23
Nicolas, merci pour ce billet. il me semble qu'il y en a qquns qui perdent les pédales (cf toréador sur ce sujet: obéir obéir obéir)
en instrumentalisant Guy Moquet, sarkozy cherche à mettre tout le monde au garde à vous en se cachant derrière plus grand que soi
ça se veut grand, c'est petit
ça se veut éducatif, c'est rudimentaire
Rédigé par : Martin P. | 22 octobre 2007 à 18:24
De toute façon, il faut relativiser l'importance de cette bruyante opération de com' de l'Elysée. La lecture de la lettre de Guy Môquet en classe, c'est un peu comme la lettre de Sarkozy aux professeurs, envoyée aux media le jour de la rentrée, mais aux professeurs seulement un mois après ! On voit bien à qui le texte était réellement destiné.
Sembable coup de pub des services de Guaino aujourd'hui. Alors que les media ne parlent que de ça, dans mon lycée, comme je suppose dans la plupart des lycées (sauf ceux dont le proviseur est trop zélé), aujourd'hui, il ne s'est rien passé. Aucun professeur n'aurait eu l'idée ridicule d'interrompre sa progression des semaines précédentes pour faire un cours sur Guy Môquet, qui serait arrivé comme un cheveu sur la soupe. Et aucune pression n'a été exercée pour qu'une quelconque cérémonie ait lieu. Bref, les professeurs ont fait leur métier : enseigner, et non commémorer, et tout le monde était content. Une journée comme les autres…
Rédigé par : DSCH | 22 octobre 2007 à 18:46
@DSCH :
Et pourtant, selon M. Darcos — qui doit quand même savoir de quoi il parle, sinon c'est à désespérer de tout —, c'est "90%" des classes de lycées qui ont obtempéré.
Feriez-vous partie de la minorité de contestataires professionnels (qui a cependant le droit de s'exprimer et c'est bien normal dans une démocratie, non ?) ?
Rédigé par : Antoine Block | 22 octobre 2007 à 19:53
Récupération abjecte de "l'histoire" et, pourtant, Guy Môquet n'a rien à voir avec cette Histoire là.
"Cécilia et Nicolas se séparent" reste dans la sphère privée or, le petit Guy, écrit à sa mère.....d'où l'échec cuisant du XV français lorsque les joueurs pleuraient dans les vestiaires, avant le 1er match face à l'Argentine, comme des madeleines.
Rédigé par : ALLAIN JULES C@MMUNICATION | 22 octobre 2007 à 20:07
Monsieur Darcos donne un chiffre (tiens ? comme pour les journées de grève), et on devrait penser qu'il sait de quoi il parle ?
je me permets d'en douter...
par exemple, dans mon établissement, personne n'est venu voir si la lettre était lue ou non, et je ne pense pas que ce soit une exception...
d'autre part, dans les "90 %", compte-t-il aussi ceux qui ont lu la lettre et ont entamé une discussion pour évoquer les raisons de cette lecture, raillant le plus souvent les volontés de nos chers dirigeants et de leurs conseillers ?
ce "90 %" semble donc un chiffre une fois encore manipulé, bien révélateur de la logique de cette journée "commémorative"...
Rédigé par : Benoît | 22 octobre 2007 à 20:30
[HORS SUJET]
Versac, je n'ai pas vu ton groupe "anti anti" sur facebook (?)
Rédigé par : youpeka | 22 octobre 2007 à 20:35
Ce livre "Le nouvel ordre narratif", dont voici la conclusion, permet sans doute d'expliquer beaucoup de choses sur cette nouvelle dictature de l'émotion en politique :
http://www.lekti-ecriture.com/contrefeux/Le-nouvel-ordre-narratif.html
Rédigé par : duong | 22 octobre 2007 à 21:24
Ah, c'est chouette, tous les lycées de France sont connectés au serveur central de l'Education Nationale et rendent compte heure par heure de ce qui se passe dans leur établissement. Une équipe de statisticiens professionnels compile en temps réel toutes les données et en tire des moyennes et des chiffres.
Enfin si j'en crois Xavier Darcos.
Rédigé par : FC | 22 octobre 2007 à 21:26
Je m'interroge également sur l'instrument de mesure ; j'ai même lu l'évocation de pourcentages proches de 99% de participation dans certaines académies, sur une dépêche de Reuters. Cela me paraît très éloigné de la réalité du terrain, encore une fois dans un lycée calme, pas spécialement révolutionnaire et plutôt représentatif de ce qu'est un "lycée moyen"… Impression qui me semble concorder avec l'article de Libé sur l'absence de lecture dans la plupart des lycées parisiens (académie pourtant créditée de 95,7% de participation par la dépêche Reuters).
Je ne vois de toute façon pas comment le nombre de professeurs ayant lu la lettre peut être connu (ce n'est pas aussi facilement mesurable que l'absence d'un professeur pour cause de grève), en tout cas si vite, et j'imagine que les quelques pourcents de "non-lecteurs" comptabilisés sont ceux qui ont manifesté bruyamment leur refus, la majorité s'étant contentée de faire cours normalement sans ressentir le besoin de le crier haut et fort.
Autre hypothèse : les pourcentages aberrants annoncés pourraient résulter de la simple comptabilisation, sans vérification, des lycées dont le proviseur a assuré participer à l'événement en réponse à la demande du rectorat (en gros, le proviseur remplit un formulaire en disant "oui, nous participerons", puis en pratique, rien n'est organisé et rien ne se passe). Cela revient un peu au même, ce serait un pourcentage de "non-refus claironné" plutôt que de participation.
Après, que chacun croit ce qu'il souhaite croire, et exerce son esprit critique quant aux chiffres annoncés. J'apportais juste un témoignage du terrain.
Rédigé par : DSCH | 22 octobre 2007 à 21:46
Guy Môquet. Une station de la ligne 13 du métro parisien reliant la commune de Saint Denis à celle de Montrouge. L'une est communiste pour encore quelques mois (j'espère), l'autre est passée du rouge à la droite en 1994. Bref, une station sans âme pour la majeure partie des parisiens. Tout comme ces plaques de rues qui tentent de faire sortir de l'anonymat des pans entiers de notre histoire.
Et si, aujourd'hui, on avait donné du sens à une station de métro ?
La suite de ma réaction sur mon blog
www.rouxdebezieux.org
Rédigé par : Erick Roux de Bezieux | 22 octobre 2007 à 22:16
14/20 Versac, appliquez-vous! Et à l'avenir ne confondez pas le texte et le contexte.
Rédigé par : raydaction | 23 octobre 2007 à 00:41
Au secours... Je ne suis pas d'accord sur la critique que vous émettez contre Laurent Joffrin. Même les historiens ont bien du mal à dire s'il faut qualifier Guy Mocquet de résistant ou pas. A ce que je sache, vous n'êtes pas historien...
Bref, il a collé des affiches, certes, mais il a aussi et surtout été fusillé parce que son père était député, et qu'il fallait faire peur, selon les occupants, à toute la population. On s'en prenait donc à ceux qui étaient en haut de l'affiche ou à leur famille...
Rédigé par : Christophe | 23 octobre 2007 à 01:26
Christophe
je ne vois pas en quoi le fait que le père de Guy Mocquet aie été député en fait de lui un résistant. Il est un otage, une victime et bien sûr sa mémoire doit être honorée pour ça.
Mais rien ne montre dans son parcours qu'il se soit activement opposé à l'occupation. Les communistes de l'époque (pas tous bien-sûr) suivaient les consignes de Moscou de temporiser avec les nazis après le pacte de Ribbentrop.
Si il n'avait pas été aussi jeune et n'avait pas écrit cette lettre, il n'aurait été "qu'"une victime de l'occupation.
Il y a eu 88000 déportés en France, un quart d'entre eux étaient des gens sans aucun rapport avec la résistance dont des otages, « raflés », droits communs, détenteurs d’armes de chasse, « indésirables ». Ce quart-là, étaient ils des "résistants" ?
http://64.233.183.104/search?q=cache:YYeudg_uNicJ:www.dhi-paris.fr/seiten_franzoesisch/veranstaltungen/berichte/caen_f.pdf+nombre+d%27otages+fusill%C3%A9s+France&hl=fr&ct=clnk&cd=23
wikipedia donne les chiffres :
Au printemps 1945, lorsque le territoire français est complètement libéré avec la réduction des dernières poches tenues par les Allemands, on peut esquisser un bilan des pertes : 20 000 FFI ou FTP tués au combat, 30 000 fusillés, plus de 60 000 déportés dans les camps, dont un peu moins de la moitié ne reviendront pas.
donc le "parti des 75000 fusillés" est un mythe.
Et on a pas besoin d'^tre historien pour se forger une opinion. Un peu de recherche sans a-prioris suffit.
Rédigé par : oldfrog | 23 octobre 2007 à 04:42
Pour ma part, je parlerais de nausée. Oui, Guy Môquet méritait sans doute d'être rappelé à notre bon souvenir. Mais, de cette manière !
Tout ce que touche notre président est transformé en bouillie "dégueulasse". Guy Môquet, héros communiste, est transformé en porte-drapeaux chauvin d'une politique qui va à l'encontre de tous les principes et idéaux qu'il pouvait incarner. J'invite vraiment à lire l'excellent article de Daniel Schneidermann sur cet autre héros (volontaire, lui) de ces années sombres : Mgr Saliège. Son propos est, hélas, tellement actuel...
http://arretsurimages.net/post/2007/09/30/Faut-il-parler-de-rafles
Rédigé par : Jean | 23 octobre 2007 à 08:15
La VRAIE lettre de Gay Moqué est à lire chez moi.
Rédigé par : Ron | 23 octobre 2007 à 09:44
j'ai commis un petit billet là-dessus dont je suis assez content:
http://sauce.over-blog.org/article-13266576.html
Rédigé par : Martin P. | 23 octobre 2007 à 11:25
Ron : ton blog ne mérite pas une visite.
LA MEN TA BLE.
Rédigé par : Aetius | 23 octobre 2007 à 11:30
D'accord avec vous Versac, cette lettre est insipide, ne dit rien, c'est la lettre d'un petit garçon.
Elle n'enseigne rien en soi, elle ne dit rien sur l'engagement, sur la résistance.
Elle ne parle que d'une problématique familiale. Elle n'a pas de valeur pédagogique en soi.
Et à choisir des lettres, il y en aurait eu des tas d'autres, qui n'auraient pas encouragé les jeunes à mourir mais à lutter.
Cette commémoration de la mort est bête, sauf si elle a pour but de prouver aux jeunes, que l'engagement mène à la mort et qu'il faut préférer se coucher.
Rédigé par : Anthropia | 23 octobre 2007 à 15:47
Bonjour à oldfrog tout d'abord, ancien camarade du blog DSK ;
Sur le fond, par paresse, je recopie ce que j'ai écrit chez Koz, qui réagissait au billet de Versac :
Il me semble que l’initiative de la lecture en soi de Guy Moquet n’est pas totalement dénuée d’intérêt. Mais déjà je ne comprenais pas a priori le caractère un peu ridicule de sa lecture, à jour fixe, tous les ans.
Mais surtout, ce n’est tout de même pas ni la gauche ni les profs de manière générale qui l’ont instrumentalisé d’une façon scandaleuse (c’est loin d’être un détail) juste avant le premier match de la Coupe du monde ! Ce n’est pas la gauche ni le PS qui a fait monter une sorte de reportage propagande diffusé à outrance sur les chaines du service public ce week-end ! Encore moins la gauche ou le PS qui ont envoyé 10 Ministres en faire de l’exploitation médiatique dans divers lycées et collèges.
Donc le problème reste toujours le même en Sarkozie. Cette surmédiatisation, cette volonté de mettre en place constamment un “story-telling” permanent font que même une intention pas fondamentalement mauvaise initialement se transforme en véritable gadget médiatique insupportable. Au mépris de la vérité historique (Moquet n’a pas été fusillé parce qu’il était résistant), au mépris d’une vraie communion nationale (qui aurait pu être mise en avant le 8 mai par exemple comme le suggère Jean-Pierre Azéma).
Rédigé par : John_G | 23 octobre 2007 à 16:30
Ce qui m'ennuie dans tout ce débat, c'est qu'on dit des choses justes mais toujours incomplètes et quelquefois fausses. Pour corriger les voici un extrait de l’émission du grain à moudre de France Culture http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/grain/index.php?emission_id=110060161
Le 13 octobre 1940 Guy Moquêt a été arrêté à la gare de l'Est, il est fouillé sur lui un poème d'inspiration communiste, la perquisition chez ses parents ne donne rien, à la préfecture de police il nie son implication dans les jeunesses communistes avec courage, il n'a pas été torturé comme ça été dit maintes fois mais les pressions sont là, mais manque de chance pour lui, ses supérieurs hiérarchiques sont arrêtés et eux parlent ils annoncent qu'effectivement Guy Moquêt a distribué des tracts dans le 17ème arrondissement. [...]. Qu'est-ce que disent ces tracts? Ils sont dans la ligne du PC c'est-à-dire : 1 on approuve le pacte de non agression, 2) on explique que l'armée rouge a libéré la Pologne, que l'armée rouge a libéré les pays baltes, qu'il faut se libérer du joug capitaliste. Quand on recherche la signification du mot liberté dans ces tracts, on indique que la liberté c'est de rejoindre le régime stalinien, l'Allemagne est ménagée et on tire à boulets rouges sur l'Angleterre capitaliste qui a, dit on, une responsabilité énorme dans le déclenchement de la guerre, De Gaulle est stigmatisé parce qu'il appelle à poursuivre le combat. Il est impossible de voir comment on peut appeler ces documents comme résistants.
Pourquoi Guy Moquêt a été exécuté : d’abord c’est parce qu’il est jeune et contrairement à ce qu’a écrit l’Humanité Dimanche, il ne fait pas parti des 17 sur les 27 qui ont été désignés par le ministre de l’Intérieur de Vichy Pierre Pucheu, mais il a été rajouté dans la liste par le plus haut niveau de responsable allemand parce que précisément étant jeune s’était un exemple qu’il fallait donné que la jeunesse n’était pas une excuse, et pour bien comprendre il faut se reporter au code des otages de l’armée allemande qui date de la première guerre mondiale, car l’armée allemande a toujours eu une crainte du partisan.
Toutefois, il faut quand même éviter de réduire Guy Moquêt à son seul engagement communiste car il n’avait que 17 ans et qu’il ne connaissait pas la réalité du régime stalinien.
Rédigé par : GED | 23 octobre 2007 à 17:02