Rebond sur l'article de Francis Pisani, et son signal faible, notant la rebellion des utilisateurs de digg et de facebook. Je relierais ça volontiers à la récente rebellion des filles de ladies room.
Les réseaux sociaux, les sites de contenus générés par l'utilisateur, les endroits participatifs ouvrent la porte. L'enjeu est énorme, et identifié. Seule problème : s'ils sont un territoire potentiellement empli de bénéfices, ils apportent aussi leur lot de contraintes. Les ignorer rend parfois un peu sourd.
La foule, quand on lui délègue un pouvoir fort, elle s'en saisit, et devient autant propriétaire de l'outil que ses concepteurs initiaux. Un site ou un service "2.0", faisant appel à la participation, doit penser sa promesse, et tenir son engagement.
Chez digg, c'était : "c'est vous qui faites l'actualité". Rupture de promesse, grondement, rupture, retour en arrière. Chez facebook, c'était la promesse d'une remise des données personnelles en toute confiance, pour pouvoir sociabiliser en ligne sous son propre nom. Rupture de promesse (utilisation et revente des données = perte de confiance), rupture, retour en arrière.
Il en va de même pour tous ces blogs, sites thématiques et de contenus générés par les utilisateurs : ils supposent, sinon une transparence totale, au moins la sincérité et le respect d'engagements fondateurs de la d'inclusion des participants. Si tel n'est pas le cas : gadin assuré. Chez ladies room : manque de sincérité affichée au démarrage (j'ai connu ça à plusieurs époques) et rupture d'une règle de base de la participation : l'égalité ex ante des contributeurs.
Ces données ou valeurs de base d'un projet participatif sont différentes pour chaque projet. Mais il faut savoir identifier clairement où est sa promesse, ses valeurs de base, pour éviter le retour de bâton. Ecouter en permanence, aussi, parce que la définition de l'initiateur du projet des termes du contrat avec les participants n'est souvent pas la même que se font les participants. En témoigne le départ massif d'utilisateurs de friendster, il y a quelques années, pour myspace : simplement parce que friendster n'avait pas su écouter ses contributeurs, qui réclamaient d'autres fonctionnalités, d'autres services que les bénéfices affichés.
On sort d'un modèle, celui de la proposition d'un produit fini à des utilisateurs qui l'achètent et se taisent. Il y a, dans tout projet participatif, une dose importante de co-création de l'outil et de ses finalités mêmes. C'est la notion de beta permanente, passablement galvaudée par ces petits logos ridicules mettant un "beta" en dessous de tout, sans améliorer leur service pour autant ou co-créer. mais c'est une notion essentielle de toute approche participative : on tire des bénéfices de la participation, mais pour la faire naitre, il faut, simplement, se déposséder un peu.
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