Bien d'accord avec Daniel Schneidermann.
pour avoir osé rappeler que Sarkozy n'était pour rien dans la libération d'Ingrid Betancourt, ce qui découle tout simplement de la version officielle de la libération de la susdite, Ségolène Royal s'est attiré un déluge d'insultes, comme peu de socialistes en avaient subi dans les derniers mois
On a étonnamment peu entendu ces politiques de droite se gausser de la presse internationale. Ceci-dit, Royal a tort, sur le calendrier. Lancer la polémique sur le rôle de Sarkozy dans les 48 heures suivant la libération de la vierge de Colombie est stupide. D'autant plus que la polémique sur les conditions de libération, comme tout événement hypermédiatique, émerge par nature très rapidement par la suite, comme une forme d'antcorps à ce qui devient en très peu de temps une fable. J'ai détecté de premières hypothèses de rançon dès les premières heures sur des forums, il ne tenait qu'à une légitimation pour se saisir de l'affaire.
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Bien d'accord avec Henri Verdier
En premier lieu, nous devrions méditer cette conviction de Barak Obama, que les grands hommes sont ceux qui, à un moment donné, peuvent faire changer l’histoire par leur discours. Non pas, comme on semble le penser aujourd’hui, en France, par leur stratégie de communication ou leur maîtrise des médias… Non pas par l’intensité communicative de leur conviction… Mais précisément par le discours : par une nouvelle perspective, un dépassement de la situation et une nouvelle rationalité. Si l’on peut contester cette vision de l’Histoire, que l’on pourra trouver naïve au pays de Braudel et Duby, on ne peut en revanche qu’être conquis par cette vision prophétique du politique. C’est au politique qu’il incombe de dessiner un sens nouveau et d’y conduire son peuple, avec courage et discernement.
C'est un peu ce que j'avais tenté de dire, en beaucoup moins bien, dans ma comparaison des stratégies de storytelling d'Obama et de Sarkozy. Sarkozy a eu de beaux mots pour se faire élire, certains y ont vu une nouvelle ère. Loin de la tradition des mots qui changent le monde. Bel article de synthèse sur le discours de Philadelphie.
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Intéressant travail sociologique sur le dopage dans le cyclisme. Cela mériterait un commentaire approfondi, du regard relativement proche que j'ai pu tenir sur ce petit monde.
Des normes non seulement dictées par un environnement institutionnel et en particulier par les structures d’un marché où la précarisation des « travailleurs » est avancée, mais aussi et surtout par les autres participants de ce petit monde « extra-ordinaire » où individualisme et collectivisme sont simultanément accentués.
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Sur le truc de Verdier, mouaip, faudrait poser la question à Alastair Campbell et recueillir un avis compétent :
- à première vue, le temps de la campagne est différent de celui de l'action au sommet de l'exécutif
- Pendant le temps de la campagne, Sarkozy avaient bien des discours basé sur des visions tirées de l'histoire et sur un renouvellement nécessaire autour d'une réconciliation du peuple francais (par exemple en utilisant à outrance des citations d'hommes de gauche républicaine). Ce qui n'est pas très loin d'Obama
- Dès qu'il est arrivé au pouvoir, il a oublié ses discours parfois fleur bleue et s'est concentré sur la mise en action de son programme, tout en appliquant l'omni-présence médiatique pour imposer son agenda à celui des critiques des médias.
- Comme le dit Campbell, si en tant que gouvernement vous n'imposez pas votre agenda, les médias se chargeront de le faire à votre place.
Bref, c'est story-telling contre story-telling.
L'erreur fondamentale de Verdier est de comparer une période de campagne a une période d'exercice du pouvoir exécutif.
On ne peut pas comparer torchons et serviettes.
J'aimerais parfois que les commentateurs politiques reviennent aux cours de logique, ou alors qu'ils aient atteint un certain niveau en mathématiques.
Rédigé par : thierryl | 07 juillet 2008 à 15:42
Qaunt aux story-telling différents lors de la campagne, ils dépendent de l'attente de l'éclectorat et aussi de la veille attentive par sondages et études qualitatives des opinions.
N'importe quel stratège débutant dirais que les attentes de l'électorat américain ont de grandes chances d'être authentiquement dissemblables des attentes de l'électorat francais, tant les situations intérieures et problématiques extérieures sont différentes pour les deux pays.
C'est ce qu'on doit appeler la classique opposition de l'esprit avec la lettre.
Rédigé par : thierryl | 07 juillet 2008 à 15:54
Ségolène royale a fait plus que rappeller que Sarko n'y est pour rien dans cette libération( ce qui est d'ailleurs tout à fait exact). Elle a aussi affirmé que les négociations avec les Farcs entreprises par la france étaient inutiles, et accusé le président de récupérer la libération à son compte.
Pour les négociations, elles se sont finalement avérées inutiles et tant mieux. Mais il est facile, une fois l'otage libérée, d'affirmer que telle et telle initiative ont été inutiles. Si elles ont été entreprises, c'est justement parce qu'elles pouvaient éventuellement mener à la libération d'Ingrid Bétancourt.
Quant à accuser Sarko de récupération, la ficelle est trop grosse. Certes il gesticule pas mal, apparait entouré de sa famille, brasse le plus de vent possible dans cette histoire,mais à mon avis sans jamais véritablement franchir la ligne rouge de la récupération.
Bref encore une fois, force est de constater qu'elle aurait mieux de nuancer son propos, ca lui aurait évité l'effet boomerang.
Rédigé par : Nicolas | 07 juillet 2008 à 17:39
Intéressant la sociologie du dopage chez les cyclistes.
Y a t-il une analyse aussi fouillée sur le dopage en entreprise? Et sur le sujet épineux et tabou du dopage des politiques?
Rédigé par : XS | 07 juillet 2008 à 21:28
"la libération de la vierge de Colombie": je retrouve là l'ironie stupide qui court en ce moment dans les rédaction parisiennes bien-pensantes de gauche (Libé, Le Monde, Rue89, etc.) sur les convictions religieuses de Betancourt.
Surtout ne parlons pas de son courage pendant toutes ces années ou elle était en otage en Colombie. Non, non, surtout pas. Elle est croyante saviez-vous ? Comment lui accorder la moindre crédibilité enfin. Parlons plutot de l'attitude de cette vraie grnouille de bénitier, nous qui avons les fesses bien au chaud à Paris.
Rédigé par : Adrien | 07 juillet 2008 à 22:09
"Le rôle de la culture professionnelle est ici essentiel, et la déviance serait constituée par le rejet de toute complémentation par le coureur : loin de constituer une décision instantanée, la prise d’adjuvants à la résistance et à la performance s’impose au contraire graduellement au coureur."
Je me souviens que nous avions eu un petit débat l'été dernier où je défendais cette thèse de la continuité (en fait je crois me souvenir que j'avais lu un extrait de travail préparatoire à cet ouvrage) entre le médical et le dopage, et où tu affirmais qu'il y avait une différence nette.
Sinon cette année c'est quoi ton pronostic?
Rédigé par : Markss | 08 juillet 2008 à 10:24
"Ceci-dit, Royal a tort, sur le calendrier. Lancer la polémique sur le rôle de Sarkozy dans les 48 heures suivant la libération de la vierge de Colombie est stupide."
Soyons juste : elle n'a pas "lancé la polémique", c'est Fillon qui s'en est chargé en montant en épingle des propos à bâtons rompus tenus avec des journalistes au Québec. Ce n'était pas une déclaration officielle, contrairement à ce qu'un survol de la blogosphère de droite pourrait laisser penser...
La même n'a pas repris Claude Guéant quand il a dit exactement la même chose dans les 24h de la libération d'Ingrid Betancourt : "La France n'y est pour rien" !
Bref, cette histoire de calendrier et de "pas le bon moment" est à géométrie variable.
Rédigé par : Irène Delse | 08 juillet 2008 à 15:45
Les petits malins s'y sont déjà collés.
Et mieux qu'un décryptage politique que nos grands journaux n'ont pas été capables de faire. Sauf à lire la presse étrangère.
C'est là: http://dwarfurl.com/fbafa
Rédigé par : Blanchard Feillu | 08 juillet 2008 à 17:39
Amusant. Je viens de faire un billet sur le dopage et j'évoque justement ce rapport de l'individuel et du collectif à travers le cas Anquetil/Poulidor.
Bon à part çà, Nicolas, bonne chance pour l'après-Versac.
Rédigé par : laurent | 09 juillet 2008 à 23:28