Ce sont les pérégrinations asiatiques de Charles qui me rappellent ce sentiment éprouvé jeudi tandis que je tentais de me frayer un chemin dans les embouteillages parisiens avec mon scooter. La réflexion n'est pas profonde, mais c'est le week-end, je m'autorise une pause détente.
J'aime bien souligner deux différences entre Paris et beaucoup de grandes métropoles, dans la manière dont la ville est vécue. Il y en a évidemment beaucoup d'autres, mais celles-ci me frappent particulièrement. Ce sont les fils électriques et les transports.
Dans énormément de villes, même très développées, on voit s'afficher les cables électriques et téléphoniques sur des poteaux disgracieusement alignés devant les batiments. Nombre de
sociétés semblent avoir sacrifié l'esthétique à la simplicité d'avoir ces fils accessibles, et donc facilement modifiables. A Paris, comme dans la plupart des grandes villes françaises, vous ne verrez pas un poteau électrique. Le choc quand on arrive à Bangkok, par exemple, est incroyable : des tas de fils noirs devant tous les immeubles. Mais cela vaut aussi pour beaucoup de pays développés, de capitales honorables, qui n'enfouissent pas leurs câbles électriques.
L'autre différence, ce sont les transports : l'admirable réseau de métro et de bus parisien (ainsi qu'un sévère numerus clausus sur les licences de taxis) semblait avoir tué la concurrence ailleurs hyperactive des taxis et des deux roues, et a un effet : le monde "en surface" est parfois beaucoup moins impressionnant que dans des centres urbains comparables. Comme s'il ne fallait pas trop souiller les beaux alignements haussmaniens d'une foule désordonnée.
Jeudi, c'était très différent. Il y avait du monde, à Paris. On n'en était pas encore aux affluences de Bangkok à l'heure de la sortie des bureaux ou du vendredi soir, mais il régnait en surface un peu de cette folie. A chaque feu, des premières lignes de deux roues à l'infini, des tas de monde marchant sur les trottoirs, une sorte de folie urbaine inhabituelle dans l'élégant cadre de l'urbanisme parisien.
Ce n'était pas odieux. Ce n'était pas une régression, juste un changement. Symptomatique d'une évolution, d'ailleurs : en quatre ans, le nombre de deux roues a augmenté de 50%, et, de plus en plus, le passage d'un feu du rouge au vert occasionne un bruit qu'on pourrait entendre ailleurs, très loin d'ici.
Je laisse ceux qui le veulent analyser l'enfouissement des câbles électriques, et le fait que l'offre de taxis, bon an, mal an, n'évolue pas, comme des particularités françaises, symbole de son indécrottable immobilisme, dans lequel l'individu ne peut rien face à la structure...
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